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16-07-2010

 

Lettre de Tchaourou à son altesse Yayi-Aboumon, roi Boni 1er

 

Écrit par Gilberte Awa Kassa

 

Monsieur le Président de la République,

 

Comptez toujours, s’il vous plaît, avec l’intuition des femmes, cette intuition d’ordre divin qui fait dire à certains mâles complexés que toutes les femmes sont des sorcières, cette intuition qui, il est vrai, ne nous trompe guère, parce que Dieu ne ment pas. Qu’il vous souvienne : à mainte reprise, je vous ai dit, à mots plus ou moins découverts, que la méchante histoire initiée par vous sous couvert de changement finirait par vous rattraper. Quand et comment ? Je ne pouvais le savoir. Mais il me semble que nous y sommes maintenant, que nous voilà á l’heure fatidique où le derrière de la poule n’a plus de secret pour personne.

 

Il y a environ six mois, quand une amie m’a informée qu’il y avait beaucoup d’argent à ramasser, à hauteur de 50 % d’intérêts en peu de temps en plaçant son argent je ne sais où, auprès de je ne sais qui, je l’ai à peine écoutée au motif que si un tel miracle était possible, il y a longtemps que nos banques et notre caisse nationale d’épargne nous auraient proposé au moins du 10%. J’avoue que j’ignorais alors tout de ICC-Service, j’ignorais que ces ‘‘tontiniers’’ d’un ordre nouveau, dont on me dit maintenant qu’ils opéraient sans agrément, avaient emballé tout le pays dans une vaste et folle prestidigitation qui durait depuis quatre ans. Quatre ans de larcin de haut vol sous votre règne de cinq ans. Comment est-ce possible ?

On me dit que le peuple des épargnants a été mis en confiance parce qu’il aura vu beaucoup des vôtres très souvent en compagnie de ces gens-là à la télé et ailleurs. On parle de banquets, de cadeaux somptueux, voire de visite en hélicoptère, sans que je puisse vous dire ce que vient chercher là l’hélicoptère. Vous savez vous-même qu’en pareille circonstance, les langues se délient au point de raconter ce que les yeux n’ont pas vu. On me dit qu’on vous a vu vous-même plus d’une fois leur faire les yeux doux et que votre sourire sur eux a joué comme une caution qui a rassuré, au-delà de ce qui était nécessaire, le peuple des épargnants.

Si cela s’avère, comment avez-vous pu prendre au sérieux un seul instant ces arnaqueurs, vous qui êtes banquier et qui comptez dans votre entourage, au Conseil des Ministres, au moins deux autres banquiers dont la science paraît grande et fiable ? Les pauvres hères qui viennent nous voir et nous promettent de faire de nous des milliardaires sur la base de 500.000 francs CFA à coups d’incantations, de fumigations et de hideuses amulettes alignées, nous les envoyons sur les roses parce qu’ils ne peuvent pas être visiblement plus pauvres que nous et pouvoir vouloir nous rendre riches. Ce ne peut être qu’imposture et arnaque. Les quelques-un d’entre nous qui ont parfois mordu à l’hameçon de ces faiseurs de Crésus en culotte trouée et en chemise raccommodée ont vu naturellement leur mise s’envoler et ont perdu toute trace des conteurs de bobards.

Alors, qu’est-ce qui vous aura tant impressionné chez les farceurs cyniques du groupe ICC-Service ? Leur mise impeccable ? Leurs cravates haute couture ? Mais vous-même avez de très beaux costumes sans pour autant vous prendre pour un thaumaturge. Ou bien me trompé-je ? Non, je ne me trompe pas. Je vous crois même de bonne foi, et ne crois pas un seul instant que d’éventuels talismans qu’ils cachaient derrière leurs cravates aient pu avoir sur le chrétien évangéliste que vous êtes toujours le moindre effet déstabilisateur.

Vous pensiez plutôt nous appâter pour votre réélection en 2011, la seule chose qui vous préoccupe nuit et jour depuis votre élection. Quelque peu obsédé par cette échéance, vous n’avez pas dû vous apercevoir que vous introduisiez le loup dans la bergerie.

Maintenant que le mal est fait et qu’il est vaste, vous nous livrez en victime expiatoire votre dévoué ministre de l’Intérieur. Pensez-vous vraiment que le peuple des détroussés s’en contentera ? Que feriez-vous si, en plus de leurs sous, ils réclamaient la fin du système et exigeaient la re-fondation de la République, non pas après cinquante ans de vraie fausse indépendance, mais après cinq ans de vraie errance faussement appelée changement ?

Monsieur le Président de la République, je prie Dieu de vous garder en bonne santé pour votre famille.

 

Gilberte Awa Kassa



 

Tag(s) : #EDITORIAL
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