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(Cotonou, 29-30 septembre et 1er octobre 2005)  

 


BENIN – Mathieu KEREKOU : « Nous devons cesser d’être des marchands d’illusion face aux déséquilibres économiques qui affaiblissent nos Etats »

 


Par Benoît ILLASSA



 

« Après 15 années d’expérience démocratique, notre pays vit en paix. Les institutions de la République fonctionnent régulièrement. Les Béninoises et les Béninois jouissent des libertés fondamentales. La liberté de la presse est garantie. L’environnement juridique est assaini.
Les dispositions constitutionnelles favorisent l’alternance au pouvoir et la succession au sommet de l’Etat. Ces prescriptions fondamentales de notre constitution du 11 décembre 1990 doivent pouvoir résister à toute révision opportuniste, d’autant plus que par- delà toutes les préoccupations conjoncturelles et subjectivistes qui la motivent, elles constituent en fait la référence basique et le test d’authenticité de la nouvelle culture démocratique dont les acteurs politiques doivent désormais faire preuve ». Mathieu KEREKOU, message à la Nation, 31 juillet 2005



Un discours à lire ou à relire à l'heure où Boni YAYI transporte son populisme sur les bords de la seine pour quémander des subsides aux fins de mettre un terme à la démocratie béninoise dont il a su bien profiter. Barrons la route à l'autocrate YAYI et ses valets !!!

 


« Certes, divers soubresauts continuent de secouer notre continent et se traduisent par des contestations violentes, des guerres civiles, la remise en cause de l’ordre constitutionnel ou des tentatives de coup d’Etat dont la responsabilité incombe à la fois aux dirigeants ainsi qu’aux acteurs de la vie politique qui ne comprennent pas ou feignent ne pas reconnaître que la pérennité de la démocratie est une quête permanente, un état d’esprit mais aussi et surtout un comportement. »

 


Discours d’ouverture de S.E.M. Mathieu KEREKOU, Président de la République du Bénin


 

Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ; 
Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine ; 
Madame le Représentant du Secrétaire Général de l’Organisation internationale de la Francophonie ; 
Messieurs les Anciens Présidents de la République ; 
Messieurs les anciens Présidents de Parlement ; 
Mesdames et Messieurs les Membres des Parlements ; 
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ; 
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique et Consulaire ; 
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ; 
Monsieur le Président de l’Institut des Droits de l’Homme et de Promotion de la Démocratie ; 
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations non gouvernementales et de la société civile ; 
Honorables invités ; 
Mesdames et Messieurs ;


1 - La République du Bénin s’honore et se félicite d’abriter, du 29 septembre au 1er octobre 2005, le Colloque international, conjointement organisé par l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’Union Africaine, l’institut des Droits de l’Homme et de la Promotion de la démocratie et le Gouvernement Béninois.


2 - A tous nos hôtes de marque qui ont bien voulu sacrifier un moment de leur temps pour effectuer le déplacement de Cotonou, j’adresse au nom du Peuple Béninois, des Institutions de la République, et en mon nom personnel, mes sincères et chaleureux souhaits de bienvenue chez nous au Bénin.


3 - J’apprécie hautement la présence parmi nous, du Président de la Commission de l’Union Africaine, Monsieur Alpha Oumar KONARE, ardent défenseur des valeurs universelles des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales aussi bien dans ses fonctions antérieures que dans celles qu’il exerce aujourd’hui avec dynamisme, engagement et détermination. 

Honorables Invités 
Mesdames et Messieurs ;

4- Le colloque qui nous rassemble ici et dont l’objectif est, entre autres, de préparer la Conférence Ministérielle qui se tiendra au Mali du 06 au 08 novembre 2005 à l’occasion du cinquième (5ème) anniversaire de la Déclaration de Bamako, intervient à un moment où l’Afrique et le reste de la Communauté internationale s’interrogent sur les progrès réels réalisés par nos pays en matière de démocratisation de la vie politique, de promotion, défense, de protection et de respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales.


5- En effet, les conférences, colloques, rencontres et Sommets tenus au Bénin, en Afrique ou ailleurs dans le monde, ont eu à faire un bilan sans complaisance du processus de démocratisation dans lesquels nos pays se sont engagés à partir de 1990.

Dès lors, l’occasion vous a été donnée d’appréhender les difficultés, de réfléchir et d’envisager des réponses aux interrogations sur l’avenir d’un processus qui, malgré les embûches et les nouveaux défis inhérents aux mutations profondes, se développe et se consolide à son rythme avec ses forces et ses faiblesses


6 - Certes, divers soubresauts continuent de secouer notre continent et se traduisent par des contestations violentes, des guerres civiles, la remise en cause de l’ordre constitutionnel ou des tentatives de coup d’Etat dont la responsabilité incombe à la fois aux dirigeants ainsi qu’aux acteurs de la vie politique qui ne comprennent pas ou feignent ne pas reconnaître que la pérennité de la démocratie est une quête permanente, un état d’esprit mais aussi et surtout un comportement.

Comme il fallait s’y attendre, ces soubresauts ont lézardé l’édifice du processus démocratique dans l’espace francophone et suscitent nécessairement des interrogations pertinentes sur l’évolution de ce mode de gestion des affaires de la cité, sur l’adaptation et la cohérence des Institutions qui sont mises en place, leur conformité aux réalités africaines et sur les perspectives qui s’ouvrent pour la survie de ce choix séduisant à priori et dont la mise en oeuvre ne devrait souffrir d’aucun calcul machiavélique.


7 - C’est pourquoi, malgré les turbulences observées çà et là dans nos pays, force est de reconnaître que les Peuples Africains restent profondément attachés aux idéaux de paix, de liberté et de justice. L’Afrique aspire à la démocratie et au développement. Elle cherche par tous les moyens légaux à s’insérer et à s’adapter à la mondialisation dont les progrès vertigineux ont tendance à la marginaliser sans le moindre scrupule.


8 - C’est ainsi qu’au lendemain du Sommet des Nations Unies qui s’est tenu du 14 au 16 septembre 2005, à New York, nos préoccupations relatives au fossé qui ne cesse de se creuser et de s’élargir entre pays nantis et pays pauvres demeurent vivaces et nous devons cesser d’être des marchands d’illusion face aux déséquilibres économiques qui affaiblissent nos Etats 

Honorables Invités ; 
Mesdames et Messieurs ;

9 - A Bamako, le 3 novembre 2000, nous avons pris d’oeuvrer pour : - la consolidation de la Démocratie et de l’Etat de droit ; - l’organisation régulière d’élections libres et transparentes ; - la promotion d’une culture démocratique ; - le respect des Droits de l’Homme et des Libertés.


10 - En outre, nous avons à maintes reprises, réaffirmé notre attachement aux valeurs démocratiques et notre volonté de préserver la paix et la sécurité, gages indispensables pour le développement de nos pays. Mais, hier comme aujourd’hui, nous avons tous, consciemment négligé la dimension culturelle du développement et de la démocratie.


11 - Mais en réalité, il n’est un secret pour personne que le progrès technique et l’avancée de la technologie sont certes, des éléments fondamentaux d’impulsion du développement, mais la culture est incontestablement le contexte général qui leur confère leur efficacité. C’est dire que seuls l’affirmation et l’enrichissement de l’identité culturelle par la participation effective de toutes les composantes de la société permettent d’enraciner profondément le développement et la démocratie et d’en faire des processus durables et irréversibles.


12 - Nous devons donc nous préoccuper avant tout, d’accroître la production et comprendre que nos efforts ne porteraient pleinement leurs fruits que si certaines attitudes et valeurs sont judicieusement mobilisées en vue d’atteindre ces nobles objectifs.


13 - L’adoption des styles de vie des sociétés prospères, l’influence d’investissements transnationaux sans rapport avec les besoins de nos pays, de même que les effets de la révolution des communications et de la mondialisation, soutenus puissamment par les Nouvelles Technologies, ont conduit à substituer progressivement des valeurs culturelles, des attitudes, des structures sociales étrangères à celles qui reflètent notre identité, notre âme et notre conscience d’Africains.


14 - Il est désormais clair que l’imitation aveugle des modèles venus d’ailleurs constitue un sérieux handicap qui nous rend incapables d’exploiter les réserves de sagesse traditionnelle de créativité et d’initiatives dont disposent nos pays. 

Honorables Invités ; 
Mesdames et Messieurs ;

15- Nous apprécions hautement la convergence d’objectifs entre l’Union Africaine et l’Organisation internationale de la Francophonie qui ont ensemble jeté les bases d’une coopération multiforme dans de nombreux domaines. Aussi voudrais-je louer les initiatives créatrices de l’Organisation internationale de la Francophonie et de l’Union Africaine qui de par leur disponibilité permanente ont décidé d’accompagner les efforts de consolidation de la démocratie en Afrique.


16 - Au regard des différents thèmes retenus pour vos assises, nous estimons que : - le défi pour nous aujourd’hui, c’est de réaffirmer que le but du développement est de promouvoir le bien-être de nos Peuples par une croissance économique soutenue, à même de satisfaire leurs besoins tout en favorisant, la réalisation de leurs aspirations légitimes ; - le défi pour nous aujourd’hui, c’est de renforcer les Institutions démocratiques pour permettre à nos Peuples de vivre dans la liberté en s’engageant librement dans la voie du développement durable de nos pays ; - le défi pour nous aujourd’hui, c’est d’exploiter plus efficacement nos ressources naturelles, en accordant une priorité à la protection de l’environnement, accélérer notre développement afin de libérer nos populations de la pauvreté, des maladies, de l’ignorance et du terrorisme.


17- En d’autres termes, le défi pour nous Africains, c’est d’offrir à nos Peuples à travers le processus démocratique, les moyens de déployer tous leurs talents et tout leur génie créateur afin qu’ils soient aptes à apporter leur contribution au bien-être, au progrès social par la transformation radicale de leurs mentalités et par leur réarmement moral, conditions essentielles à l’amélioration de leur cadre de vie et de travail.


18 - Tous ces défis à relever sont une exigence de bonne gouvernance pour le développement. Ils ne peuvent pas être éludés.

Je vous invite tous : Gouvernements, Institutions Internationales, Organisations Non Gouvernementales et Société civile, à agir ensemble pour faire avancer l’histoire dans le sens correspondant à notre vision du futur, c’est-à-dire celle d’une Afrique intégrée et prospère.


19 - Pour y parvenir le chemin est encore long et semé d’embûches. Il y aura de nombreux échecs, peut-être même des tentatives de marche sur place. Mais, chaque jour, un pas en avant, constitue une amélioration des conditions d’existence dans nos pays, un acquis précieux pour les générations montantes et futures.


20 - C’est sur ces mots d’espérance que je déclare ouvertes, ce jour, jeudi 29 septembre 2005, les « Rencontres sur les pratiques constitutionnelles et politiques en Afrique : les dynamiques récentes ».


21 - Que Dieu bénisse l’Afrique et ses enfants.

Je vous remercie.

 

IB

 

 

 
  
  
Tag(s) : #EDITORIAL
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