17/07/2013
BENIN: Quand le roi Boni 1er fait son show !
Sa Majesté Boni Yayi est déjà en campagne pour la révision de la Constitution. La descente dans l’arène s’est faite avec l’ascenseur populiste et les coups d’éclat de fin de règne qui semblent requinquer le pouvoir agonisant. Après l’échec de sa marche verte contre la corruption, Yayi rêve d’un Bénin vert. La malédiction du vert s’est abattue sur le royaume mais le roi avance masqué. A moins de trois ans de la fin de règne, on amuse le tapis. Et le grand réformateur teste sa défunte popularité en ranimant l’hyper présidence. Annihilé par ses propres désillusions, le roi réinvente son show pour chauffer les apparences et espérer réussir au référendum le périlleux exercice de la révision.
En panne d’argument, sa Majesté utilise donc sa traditionnelle arme : le populisme. Vaguement éclairé par la succession de déboires, il mise sur des résolutions mijotées dans l’ambiance de désespoir général où se développe l’abyssale peur de l’avenir. Evidemment, les clichés ennuyeux refont surface mais en tirant sur les ficelles populistes, le roi fait diversion et met le pays en péril. A moins de trois ans de l’inévitable déménagement présidentiel, le pouvoir prend le levier du populisme pour remonter dans l’opinion agacée par la chaotique navigation. L’exhibition yayiste est transposée à la plage avec le refrain obsolète du « je vous adore » et du « vous êtes toutes belles » lancé aux femmes dans la flamme démagogique. Flotte dans les mains du chef en extase, la fatale couleuvre de la révision à faire avaler à la nation.
C’est une certitude que le pouvoir cauri se consolide dans l’illusion. Et ce n’est pas une surprise que le roi, le dos au mur, tente inlassablement de domestiquer l’opinion. L’opération « 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres » a ouvert les vannes des passions et des fantasmes du cercle royal et de son leader populiste. Apothéose de l’emballement, le déchaînement du roi dont le show ne laisse aucun doute sur sa volonté politique de faire un nouveau coup. L’alibi des arbres a poussé à la pratique de bain de foule. Illustration de la folle course pour la quête des faveurs du baromètre, la rencontre avec les conducteurs de taxi moto et les femmes bénéficiaires de microcrédit. Avec officiellement au menu, une sensibilisation sur le Ramu, le cortège royal a assuré, dans l’amalgame, la propagande pour la révision de la Constitution. L’anticipation s’opère dans la perspective d’un référendum qui alerte le noyau cauri et les électrons transfuges. Sur le trône, le roi organise la récréation.
Yayisme rime avec populisme. Le roi n’avait qu’à jouer avec ses atouts dans le match de la révision. Il eut les tournées dans les champs de coton et un florilège d’anecdotes sur sa Majesté. Il eut le coup d’envoi officiel de la course à la découverte du pétrole. En pleine saison de pose de premières pierres et de lancements tous azimuts, le régime passa brutalement à une vitesse supérieure en inaugurant l’exploration souterraine dont il découvrit le secret. Le roi était à la recherche du pétrole avec son ministre du sous-sol rendu célèbre par sa cuillerée de l’or noir. La refondation attend du zinc, de la bauxite, de l’or, du pétrole…et le roi perd patience. L’animation médiatisée du spectacle Yayi-Kassa avait plutôt provoqué la déchirure populiste. « Le ridicule déshonore plus que le déshonneur » disait François de La Rochefoucauld.
Le président réélu par K.O connaît mieux que quiconque les effets du populisme. Dans sa nouvelle posture du roi, il sait que son sort en 2016 et sa longévité au pouvoir en dépendent. Sur la nation, souffle le passé remuant du chef. Yayi prit le taxi moto zémi-djan pour se rendre au Palais. Il mangea des galettes et fit cuire des beignets au marché Dantokpa sous les ovations de femmes éberluées. Il rendit visite aux quadruplés et quintuplés dans des hôpitaux. Il dîna avec les dockers au port. Il joua au football et marqua, comble de comédie, un pénalty au stade de l’amitié. Il ne manque que le programme Allo Président, un talk-show à rallonge, pour que le roi égale les performances de feu Hugo Chavez.
Pour arracher la révision, le roi ne tarit pas d’astuces. L’émotion populaire a été vainement recherchée dans les affaires de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat. Les non-lieux de la justice ont naturellement mis à nu le mensonge. La seule solution salvatrice reste le populisme. Le roi l’a souvent expérimenté avec succès. Mais pour réviser sans coup férir, il faudra plus que le populisme, une improbable magie. Le show de fin de règne ne changera rien.
Sulpice Oscar Gbaguidi
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