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Garrigues-Sainte-Eulalie, 07-05-11

  

BENIN: Quelle tristesse ?

  

Par Olympe BHÊLY-QUENUM


Quelle tristesse pour notre cher pays que des journalistes dont la corporation devrait constituer un contre-pouvoir, soient tous ou majoritairement à la solde d'un chef d'Etat dont la réélection est une forfaiture ? J'apprécie Le Matinal, mais qu'un thuriféraire de la forfaiture  y ait publié la désinformation qui a nécessité le Droit de réponse de Bénoît ILLASSA n'honore pas ce quotidien. Je réagis ici parce que le groupe des soutiens de Benoît m'a nommé leur président d'honneur quand j'avais publié le texte intitulé PRO-BENOÎT ILLASSA où je posais les questions que voici auxquelles il n'y a jamais eu de réponse:

"Le libellé de l’assignation m’ayant fait rire, je pose les questions que voici à Monsieur Thomas Boni Yayi, président de la République du Bénin, en invitant les Béninois - y compris les bénéficiaires de récompenses et les thuriféraires prébendés - à les lui poser aussi.

  

 1° lors de la déclaration de votre patrimoine au moment opportun, aviez-vous précisé être propriétaire de biens immobiliers à l’étranger ?

  

 2° les appartements sis à l’avenue de la Grande Armée, à Paris, les aviez-vous acquis quand vous étiez président de la BOAD ? Si oui, en avez-vous fait état dans la déclaration officielle de votre patrimoine de président de la République ?

 

 3° Ces appartements dans un bel arrondissement de Paris, si vous en êtes propriétaire depuis que vous êtes président de la République, vous les auriez néanmoins acquis avec un prête-nom ; en auriez-vous honte ?

 

 4° La corruption étant notoirement une des caractéristiques du Changement, auriez-vous.des objections à ce que le Peuple béninois, en manifestant un de ses droits, connaisse l’origine de la somme qui a permis au Premier magistrat du pays pauvre lourdement obéré qu’est le Bénin d’opérer une telle acquisition ?

 

 5° À Rome en 1961-1962, j’écrivais une nouvelle traitant d’un coup d’Etat en Afrique indépendante[1] quand, pour les besoins de mes activités je relus la Constitution des Droits de l’homme dont plus d’un article avaient fortement frappé mon attention ; relisant aujourd’hui ces texte, je m’aperçois que des agissements tels que l’impossibilité de jugement quand, semblable à un sicaire, la garde présidentielle a abattu des citoyens innocents après le passage du cortège présidentiel, à Ouidah, à Cotonou, etc., et que, sans complexe, sans sourciller, votre régime enfreint l’article 31 de la Constitution des droits de l’homme qui stipule :

 

 « Article 31. Les délits des mandataires du peuple et de ses agents ne doivent jamais être impunis. Nul n'a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens. » 

 

 La nature vétilleuse de la diffamation qu’aurait commise Benoît Illassa en mettant des noms là où La Lettre du continent proposait une devinette serait-elle plus préjudiciable à la Nation béninoise que les assassinats et autres délits condamnés par l’article 31 cité ci-dessus ?

Dépassant l’indignation, incitant ouvertement à la révolte, l’article 35 (la montagnarde) de la constitution des droits de l’homme déclare :

 

« Article 35. Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » 

 

Jaurès disait à propos de cette constitution : « La constitution de 1793 répond bien aux conditions vitales de la Révolution à la réalité politique et sociale de la France nouvelle ».

 

 6° Il faut le répéter : l’information dont le Blog de Monsieur Benoît Illassa s’était fait l’écho provenait d’une devinette de La Lettre du continent n° 586 du 15 avril 2010 ; chef de l’Etat béninois, en vous abstenant de vous en prendre à une publication de l’ex-puissance coloniale, mais en faisant comparaitre devant la justice française un de vos compatriotes dont le Blog a révélé des faits vous concernant, vous justifiez une idiosyncrasie du régime qu’est votre haute main sur l’information et la justice ; est-ce cela Le changement pour lequel Benoît Illassa aussi avait voté ?


[1] Cf. Mashoka elfu moja (L’insurrection des Mille Haches), édits Phœnix Afrique, parut d’abord dans POUR NELSON MANDELA édits Gallimard, Paris 1986., mais aussi en anglais, allemand,etc.

J'ajoute aujourd'hui: l'année dernière, j'étais l'invité du Cameroun pour la Journée mondiale de la liberté de la presse; on y commémorait aussi le 20ème anniversaire du décès Ernest Wandié Kala Lobé, qui avec Sarah, sa veuve, étaient mes amis  Susanne, leur fille est une des grandes plumes du journalisme camerounais; j'aimerais sincèrement que la presse béninoise en prenne de la graine; même devant le régime dictatorial, cette journaliste quinquagénaire ne rampe pas; et quand bien en aurait les moyens, elle n'acquerrait pas la Légion d'honneur.


Olympe BHÊLY-QUENUM




 
 
 
 
Tag(s) : #EDITORIAL
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