BENIN: RB, la débâcle !
Publié le 30 mai 2011
C’est donc confirmé. La Renaissance du Bénin (RB) est désormais dans le giron du pouvoir. Elle a obtenu un poste dans le gouvernement et tout le monde peut s’attendre bientôt à la distribution d’autres strapontins qui ont certainement fait partie du package offert par le Chef de l’Etat pour l’avoir à ses côtés. Achetés ?
Pas vraiment, les membres de la Renaissance du Bénin qui en voulaient depuis, n’ont fait que sauter sur l’occasion d’une « ouverture » annoncée par Yayi dans tous ses grands discours depuis sa victoire. Après quinze années d’opposition à tous les régimes, quinze années de ténacité et de hargne, l’issue pour le parti des Soglo était de finalement s’intégrer à une expérience de gestion du pouvoir d’Etat. L’alliance conclue en 2006 avec Yayi n’en était du reste qu’un avatar. Elle a tourné court.
Mais l’entrée de la RB au gouvernement pose un profond problème d’éthique politique. Après avoir combattu Boni Yayi avec la fureur que l’on sait, entrer dans son gouvernement peut apparaître comme relevant d’une indécence sans borne. Il y a à peine deux mois, les élections ont permis de découvrir le fossé existant entre la RB fondue dans l’UN et le gouvernement.
La ferme et irréductible bataille qui s’est menée contre tous les pontes du régime Yayi ne s’est pas plus tôt achevée que le parti tourne casaque pour fumer le calumet de la paix avec ses adversaires et tourner le dos à ses alliés d’hier. Les cendres de toutes ces batailles restent encore fumantes, chaudes de toutes ces manifestations et contremanifestations, de toutes ces femmes qui laissent leurs étalages pour les Soglo, de tous ces jeunes embarqués dans l’aventure en faisant confiance à leurs « aînés ».
Elles sont encore toutes brûlantes de ces personnes d’un certain âge qui ont cru sauver la liberté au Bénin en militant avec enthousiasme pour l’UN, souvent même en le payant de leurs poches, de leurs postes ou de leurs commerces et de leurs affaires qui périclitent par asphyxie lente du pouvoir.
Le maire d’Abomey aujourd’hui ministre s’est retrouvé plus d’une fois à la tête des marches organisées pour dénoncer « la dictature de Yayi, la Lépi truquée, l’affaire Dangnivo, le Gouvernement ventilateur, etc. » qui ont fait le lot de l’activité de l’opposition depuis trois années environ. C’était de la « politique », c’est-à-dire une activité peu sérieuse que l’on mène pour défendre et accroitre ses intérêts, quelles qu’en soient les armes utilisées. L’arme ici employée par la RB ressemble beaucoup à une trahison.
Trahison d’abord à l’égard des autres composantes de l’UN. L’acte unilatéral compromet durablement la confiance au sein de ce grand rassemblement. Les informations qui nous reviennent de là-bas font état d’une débandade généralisée au sein de l’UN qui s’en va mourir de sa plus belle mort.
Ce qui surprend, c’est Léhady. Il est présenté comme l’initiateur de la grande coalition UN et s’est vu servir 2016 comme sur un plateau d’argent. En l’UN, il disposait d’une véritable machine pour 2016, un vivier électoral qui s’étendra des confins de Porto-Novo et région, jusqu’à Djakotomey.
Mais tout cela est balayé d’un revers de main. L’Union était un groupe sans âme, uniquement basée sur la destruction du régime Yayi. Elle va en déconfiture d’autant que cette défection laisse planer d’autres départs qui ont failli atterrir au gouvernement. Des milliers de gens avaient cru trop tôt que la RB pouvait porter leurs espoirs. Et qu’elle était un parti sérieux.
Trahison ensuite envers les électeurs. C’est surtout vers ces milliers de femmes et d’hommes, des villes comme des campagnes qu’il faut se pencher. Pas pour plaindre réellement cette realpolitik, mais surtout cette manière de se moquer de l’intelligence de tous ceux qui ont fait foi aux marches et déclarations tapageuses des responsables du parti.
On les avait trop pris au sérieux. C’est par un simple communiqué de presse diffusé dans les journaux que le parti a annoncé sa volonté de saisir la main tendue du Chef de l’Etat et de donner suite à la volonté d’ouverture du Chef de l’Etat. Soit, mais la manière… J’ai pitié pour tous ceux qui avaient cru que la politique à la RB était un métier noble. Ils en ont eu pour leur grade.
Olivier ALLOCHEME