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L’ETHIQUE OU LE CHAOS ?


BENIN: Regard analytique de Stanislas Kpognon sur l'affaire ICC Services

 

« L’éthique c’est le simple acte de courage au quotidien de ne pas céder aux tentations de la facilité ». (Dherse et Minguet)


Date de publication : 10-08-2010

 

L’éthique ou le chaos ? C’est le redoutable questionnement que suscite en nous l’affaire ICC. Au fait, cette interrogation est le titre d’un excellent ouvrage à deux voix dont les co-auteurs sont un moine bénédictin chercheur (Dom Hugues Minguet) et un capitaine d’entreprise (Jean-Loup Dherse). L’ouvrage sous-entend l’apocalypse, mais se veut un espace de débat, « un livre de repérage pour l’action, un déclencheur permettant de trouver le sens et de le mettre en évidence autour de nous ». Nous sommes, individuellement et collectivement, interpellés par la crise ambiante ? De façon dramatique, l’affaire ICC nous rappelle à l’ordre au regard du comportement à tenir sur le chemin difficile du développement personnel et du progrès espéré de la société béninoise en panne de repères.

J’offre deux réflexions sur l’affaire ICC :

 

1) L’immédiat de la crise

 

2) Au-delà de la crise, ou la quête de sens et des valeurs.

 

L’IMMEDIAT DE LA CRISE

 

L’immédiat de la crise, c’est, d’abord la compassion envers les déposants éprouvés ; c’est ensuite le processus de remboursement des déposants initié par le Gouvernement.

La compassion pour les déposants

Compatir au drame qui affecte les déposants abusés et spoliés, notamment les modestes gens qui ont englouti leurs épargnes, est un devoir de solidarité ; pauvres, ceux-ci se sont encore appauvris et souffrent à présent le martyre. Ces affligés de la finance corrompue ont besoin d’une sorte de thérapie psycho-spirituelle. L’Abbé André Quenum a pris l’initiative et proposé dans la Croix du Bénin (livraison 1055 du 16 Juillet 2010), un excellent guide en cinq points de gestion personnelle de cette épreuve pour les déposants escroqués. Des conseils de vérité et de réalisme qui peuvent en effet aider à surmonter la crise, avec au bout, l’espoir tout de même. Nous sommes reconnaissants à l’Abbé André Quenum pour la pertinence de son initiative de conseil. A la vérité, l’affaire ICC résulte d’une grave déficience éthique ; et seul le recours aux ressources éthiques, psychologiques et spirituelles peut aider, dans cette première phase, les déposants floués à s’en sortir et repartir pour le combat de la vie… Rappelons ici les cinq ancrages de la bouée de sauvetage lancée par la Croix du Bénin aux naufragés de ICC :

 

a) reconnaître la situation de crise dans la vérité et le courage ;

 

b) comprendre et s’auto-expliquer ce qui arrive ;

 

c) communiquer avec les autres pour le partage de la douleur et des frustrations ;

 

d) agir sur la situation en contribuant à l’efficacité des solutions de remboursement recherchées par le Gouvernement ;

 

e) garder espoir et prier Dieu de venir en aide.

 

Il est recommandé aux déposants escroqués d’utiliser le « Guide des cinq conseils », dont le financement est assuré par des bonnes volontés. Il est disponible et gratuit dans les Centres de recensement ou auprès du Comité de Suivi, bras opérationnel du Comité de Crise sous la direction du Ministre d’Etat S. E. Monsieur Irénée Koupaki.

 

Le remboursement des déposants

 

L’immédiat de la crise, c’est surtout le remboursement diligent des déposants. Les mesures conservatoires prises par les autorités sont pertinentes en effet, notamment le gel des comptes bancaires et l’inventaire des actifs physiques et financiers des responsables de ICC services. Il est attendu que les trois structures de résolution de la crise (Comité de crise, Comité de suivi, Commission d’enquête judiciaire) donnent la pleine mesure de leur efficacité, en raison de la compétence avérée des éminents responsables commis à ces missions difficiles : le Ministre d’Etat Irénée Koupaki, Mme le Magistrat Sévérine Lawson, Agent judiciaire du Trésor et Justin Gbènameto. Nous saluons la remarquable explication donnée par les autorités compétentes pour éclairer l’opinion sur l’évolution de la gestion de la crise ICC. Quelle que soit toute la compétence et l’effort de récupération des biens des escrocs attendus du collectif assigné à la tâche de remboursement des déposants, il importe de signaler, à l’attention des déposants spoliés, que l’Etat, dans la crise d’espèce, ne pourra pas être tenu à une obligation de résultat, mais à une obligation de moyen : c’est à dire que l’Etat fera tout son possible, usera au maximum les outils techniques et humains à sa disposition, et surtout son autorité régalienne, pour obtenir des résultats les plus satisfaisants possibles. Soyons réalistes et ne nous bernons pas d’illusion. Les chances sont minimes de voir tous les déposants remboursés pour leur mise initiale (le nominal) ; quant aux mirobolants intérêts promis, leur règlement est aléatoire sinon improbable. Pourquoi en serait-il ainsi ?

 

-les malheureuses références passées, près de chez nous, la Côte d’Ivoire et plus loin les Etats-Unis (Madoff), prouvent que des pertes sont inévitables ;

 

- il est exclu que l’Etat utilise l’argent du contribuable pour rembourser les déposants spoliés : à ce sujet, certains évoquent la solidarité nationale pour exhorter l’Etat à mobiliser les deniers publics à cette fin ; un tel soutien serait indécent, contre-productif et contraire à une bonne gouvernance ;

 

- la solidarité, elle joue déjà quelque part si l’on sait que des déposants spoliés, affamés, se replient sur les membres de leurs familles et sur des amitiés ou des partenariats associatifs pour couvrir leurs besoins vitaux urgents ;

Ce rapide examen de l’immédiat de la crise ICC est à l’évidence insuffisant. ICC est un révélateur symptomatique d’un mal profond ; ce qui est en jeu, c’est notre rapport à l’argent, aux valeurs humaines en général, et surtout à l’éthique. Nous le répétons, c’est une grave carence éthique qui a accouché de l’ICC. Et des deux côtés :

 

- d’un côté, la cupidité, le machiavélisme des escrocs sans foi, ni loi, vendeurs d’illusions et de mirages par des taux d’intérêts mirobolants sur des dépôts ;

 

- de l’autre, des déposants démissionnaires, naïfs, à la recherche de l’enrichissement facile, court-circuitant volontairement pour réussir, le chemin étroit de la vraie liberté et de l’effort, c’est-à-dire, du sacrifice. L’enjeu est donc énorme. Il faut en tirer les conséquences et aller au-delà de la crise ICC.

 

AU-DELA DE LA CRISE ICC OU LA QUÊTE DE SENS ET DES VALEURS

 

C’est la deuxième partie de notre réflexion. Aller au-delà de la crise, c’est rechercher une thérapie au mal et à la dérive de comportement qui ronge les béninois dans notre société. Le besoin est plus qu’impératif de donner à nos actes un sens ; les faire féconder par des valeurs « définies comme des principes de jugement et de conduite qui s’imposent à la conscience individuelle et collective comme fondés sur du bien ». Rabelais a dit en son temps, et cette vérité est plus que d’actualité : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». La conscience de devenir ce que nous sommes fondamentalement en notre destin, c’est-à-dire des êtres de bon sens, libres et responsables. Si le monstre ICC est le produit nocif d’une sévère carence de l’homme intérieur, il nous faut par conséquent revenir aux valeurs. Nous parlons de valeurs morales ou éthiques. L’éthique ou la morale ? Les deux acceptions ne sont pas forcément synonymes, malgré leur équivalence usuelle. Avant d’aller plus loin, une rapide explication conceptuelle s’impose ici. Il est vrai, morale et éthique régulent les moeurs humaines ; la morale vient du latin, l’éthique du grec. Le philosophe Ricoeur estime que « l’éthique relève du bien tandis que la morale recouvre l’univers des obligations ». Il rejoint ainsi le penseur Jean Guitton dans sa métaphore : « quand on parle de morale, écrit-il, dans son Ultima Verba, on voit arriver le gendarme ; s’agissant de l’éthique, on voit arriver le prêtre ou le pasteur… » Le scientifique Bernard lui insiste plutôt sur les deux origines étymologiques grecques du mot éthique : ithos, qui veut dire tenue de l’âme ; éthos le comportement juste, et le respect de la mesure. « L’éthique prend donc en compte l’ithos et l’éthos. Elle garantit l’harmonie qui résulte de la bonne tenue de tout acte, de l’accord en somme entre l’âme et le développement ». Somme toute, la morale ressortirait de l’obligation, l’éthique elle, aurait une connotation mystique. Sous le bénéfice de cet éclairage sémantique, nous progressons dans notre réflexion et affirmons avec force que l’éthique, valeur par excellence, doit être replacée au coeur de la relation personnelle, au coeur du développement tout court. Notre identité anthropologique ressort du grégaire : « l’homme par nature, est un être social qui a besoin de vivre avec les autres, par les autres et pour les autres » (Michel Hubaut). Dans ce contexte, interrogeons-nous sur les implications éthiques, pour les principaux acteurs d’une société comme la nôtre, qui aspire au progrès et au développement. Pour progresser, à quoi sommes- nous, chacun, tenus spécifiquement au plan éthique, dans le champ varié de nos statuts sociaux, de nos origines et de nos milieux etc … ? Un des enseignements majeurs que nous livre un regard rétrospectif critique pour les cinquante ans de notre pays à l’Indépendance, c’est le recul inquiétant du sens éthique ; les maux ont nom: la corruption, l’abus de confiance, la parole non tenue, l’incivisme, la tricherie, l’intrigue, le non-effort, le gain facile, l’abandon du bons sens etc… A ce stade de notre réflexion, interpellons, en illustration, deux acteurs de la société béninoise, pour dégager avec eux, les exigences éthiques auxquelles leur appartenance à la nation les oblige, dans le respect de fondamentaux tels que le Bien Commun, le respect du patrimoine public, de l’observance de la règle, le respect de l’autorité et de la parole donnée, le respect de soi etc…

Passons donc en revue, deux acteurs clés : l’Etat et le citoyen.

 

L’Etat et l’éthique politique

 

L’individu s’appuie sur des repères normatifs pour progresser. De même l’Etat, se nourrit d’une certaine éthique pour assumer efficacement sa mission régalienne. L’Etat s’incarne dans son Chef. «Sacralisé » en quelque sorte par le vote populaire, le Chef de l’Etat devra s’appuyer, avant tout, sur les fondamentaux de la gouvernance que sont : vision, mission, service de la Nation, leadership, esprit rassembleur, exemplarité à tous égards, ancrage du normatif au coeur de l’action publique, etc… Ces principes de gouvernance ont-ils été effectivement pris en compte? Au regard de l’autorité que lui confère le pouvoir politique suprême et qui lui permet de gouverner, quelques considérations s’imposent maintenant. Qu’est-ce que l’autorité ? Quelles en sont les implications éthiques pour le détenteur ? Précisons que le dépositaire de l’autorité a vocation pour exercer le pouvoir afin que les autres, sous son leadership, grandissent, se valorisent et fassent avancer la communauté. « Chaque être humain qui s’élève, élève le monde… ». L’enjeu ici est donc de restaurer l’autorité de l’Etat, pour que se trouve garantie entre autres objectifs, la sécurité des biens et des personnes.

 

Question n° 1 : les béninois vivent- ils en paix et en sécurité dans le Bénin de 2010 ?

 

Le limogeage d’un Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité dans l’affaire ICC Services et son renvoi devant la Haute Cour de Justice ne posent-ils pas de problème à l’image de l’Etat et à notre sécurité maintenant et pour l’avenir?

 

Question n° 2 : les rapports conflictuels et de méfiance entre l’Exécutif et le Parlement ne mettent-ils pas à mal l’autorité de l’Etat et la capacité de son Chef à gouverner le pays dans l’ordre et la paix ?

 

La tension de ces relations ne porte-t-elle pas atteinte à l’unité et à la cohésion nationale indispensable au vivre ensemble harmonieux des béninois ? Ethique politique ou Chaos ? Quand les Honorables Députés boycottent l’examen d’un projet de loi des Finances, c’est-à-dire pervertissent leur prérogative constitutionnelle de prédilection, et que l’hémicycle se transforme en une plate-forme de relations viciées par des luttes de suprématie de pouvoirs, n’y-a-t-il pas entorse à l’éthique politique ? Boycotts et rejets par les parlementaires de projets de loi d’autorisation de ratification relatifs par exemple au financement de la protection côtière, aux micro-credit, au budget général de l’Etat, forcent l’Exécutif à gouverner par Ordonnance, un outil exceptionnel de gouvernance politique. L’Ordonnance frustre les députés et amplifie leur mal-être face à l’Exécutif. Peut-on ainsi continuer à gouverner par Ordonnance sans mettre en péril la normalité dans le fonctionnement d’une démocratie apaisée ?

Comment dès lors reconstruire la confiance entre des institutions antagonistes dans l’intérêt de la démocratie et de l’unité nationale? Si c’est l’éthique qui féconde la confiance et la met en mouvement, par quel moyen ce réarmement éthique peut-il survenir, Qui amorce le mouvement ? Les béninois attendent ce sursaut patriotique, ce « supplément d’âme ». Ils attendent un témoignage, l’exemplarité de la part des deux Institutions (le Parlement et l’Exécutif) investis du pouvoir, d’une part de légiférer, et d’autre part, de gouverner.

Pour le long terme, le choix est clair : l’Ethique ou le Chaos ?

 

Autant l’Etat est confronté à un choix de survie et de développement, autant les citoyens, appelés à se construire une destinée commune dans la Nation, sont également interpellés à assumer ce choix : l’éthique ou le chaos, vivre ou périr ?..… Il est grand temps que les béninois se donnent les moyens d’une stratégie de survie et de renaissance dans le contexte créé par la crise ICC. La « béninoiserie » a assez duré ! Elle a causé au pays plus de dégâts que de bien. Le moment est venu de nous regarder en face, les yeux dans les yeux, et nous dire à nous-mêmes notre intime vérité. Sur quels principes refondateurs pouvons-nous nous appuyer pour nous affirmer comme des acteurs décisifs de notre développement personnel et du développement du pays ? J’en ai identifié cinq, véritables piliers d’une construction identitaire, porteuse et durable. Le premier pilier est le respect de soi : c’est-à-dire prendre conscience de sa responsabilité personnelle, se faire porter par des valeurs qui élèvent l’être ; être honnête vis-à-vis de soi et des autres ; refuser la résignation ; se former et se réformer sans cesse, et comme dit Jacques Attali dans son récent et percutant livre, Survivre aux Crises, « tendre vers l’excellence de sa raison d’être». Le second pilier est la pensée positive : être positif dans sa tête, la gagne chevillée au coeur ; vouloir vraiment, c’est-à-dire désirer ardemment comme l’enseignait Socrate : une question de vie ou de mort ! Le troisième pilier : la valeur du travail. Seul le travail valorise l’homme par les richesses créées par lui, pour lui et pour la communauté. La facilité tue, l’effort ou le sacrifice consenti, vivifie : « No pain, no gain», dit l’adage anglais. Le quatrième pilier : se sentir membre d’une société solidaire qui partage peines et joies, chances, opportunités et infortunes. Le cinquième pilier : pour les croyants, faire confiance à Dieu et s’en remettre à sa grâce pour qu’Il féconde nos actes. Fort de ces principes refondateurs, nous voyons le citoyen béninois évoluer dans des champs variés où l’interpelle l’exigence de l’éthique, et où il a à faire inévitablement son choix. Le bon choix se nourrit des principes évoqués plus haut ; le mauvais choix ignore ces principes. Et à chaque fois, l’alternative l’éthique ou le chaos revient comme un refrain, un rappel. Abordons maintenant quelques champs d’application de l’exigence éthique. La culture de l’excellence dans le travail Elle suppose une maîtrise totale de son domaine de compétence et le souci d’une réactualisation permanente des connaissances, justifiée du reste par les mutations technologiques rapides. Deux facteurs me semblent importants à mettre en évidence en vue d’un travail performant : l’esprit et la méthode, qui permettent de donner du sens au travail et de lui imprimer de la qualité. Bien accomplir sa tâche et sa mission, c’est donner l’exemple d’un engagement personnel dans son milieu et dans la société. A cet égard, le mérite devra être encouragé et s’imposer comme la norme d’avancement dans la carrière du travailleur. L’affaire ICC vient nous rappeler la valeur du travail qui enrichit et l’inanité des placements hasardeux dans des structures illégales de dépôt aux intérêts mirobolants, artificiels, et en définitif pénalisants.

 

Le respect de la norme

 

Le respect de la norme ou de la règle participe aussi de l’éthique. Le béninois est incivique et paradoxal ; il veut une chose et son contraire ! Toute chose qui n’est pas propice au progrès. Le respect de la règle, c’est le respect du code de la route, du code d’hygiène publique qui impose le respect de l’ouvrage public, de l’environnement dont la propreté et la salubrité entretenues par chacun garantissent la qualité de vie pour tous. C’est aussi le respect des deniers publics en évitant la fraude et la corruption. Le respect de la règle enfin, c’est ne pas se cantonner à la rigidité de la lettre, mais s’ouvrir à son esprit, car la lettre tue, l’esprit humanise et vivifie. L’obligation fiscale Il n’existe pas d’Etat Providence. Tous les services d’un pays ont un coût, il faut le couvrir. C’est pourquoi le citoyen béninois est tenu de payer l’impôt ; un devoir civique et éthique impératif et incontournable. En payant l’impôt, le citoyen exprime sa liberté et assume sa responsabilité vis-à-vis du pays. Aux Etats-Unis par exemple, les fraudeurs sont étiquetés comme des dépeceurs du pays et sanctionnés à de lourdes peines. D’un autre côté, il importe que l’Etat évite l’acharnement fiscal sur les entreprises privées, créatrices d’emploi de richesses. Rappelons que l’une des fonctions majeures de l’impôt dans la vie d’une nation est d’être une source de cohésion sociale. On fait ainsi partie d’une chaîne de solidarité.

 

Une meilleure gestion du temps

 

Le temps c’est de l’argent, dit l’adage. Ce n’est pas de l’argent au Bénin ou en Afrique, en général ! On a toujours le temps. Le béninois est fantaisiste et laxiste en usant de son temps. Le temps, ressource stratégique est souvent gaspillé soit par négligence, soit en raison de la lenteur ou de la congestion du trafic, soit du fait des ruptures dans l’approvisionnement de l’électricité (délestage), etc. Une meilleure gestion du temps s’impose donc et requiert un apprentissage ; commencée à l’école, elle est relayée par la famille et les mouvements associatifs. Des recherches entreprises, il y a quelques années par le Conseil Economique et Social sur la gestion du temps, pourraient être utilement exploitées et diffusées aux ménages, aux entreprises et à l’administration. Nous terminons sur ce sujet en insistant sur l’arbitrage que chacun doit opérer, surtout les hauts responsables, entre le temps de l’urgence et le temps de la perspective.

 

Quelques remarques pour conclure

 

L’analyse des implications éthiques de l’action de l’Etat et du citoyen, dégage le besoin d’une métamorphose de comportement si nous entendons progresser tant au niveau du développement personnel que du développement durable du pays. Des habitudes déjà prises et ancrées dans le vécu quotidien constitueront bien sûr des blocages. A écouter certains témoignages de béninois, la démarche vers un retournement des comportements ou une métamorphose des conduites est illusoire, comme si le Bénin était déjà formaté par une fatalité. Le problème est que si nous n’évoluons pas dans notre jugement de penser le développement personnel et collectif, si nous ne modulons pas notre comportement aux exigences éthiques de notre développement, il y de fortes chances que nous n’émergions pas. Le coeur de notre développement est dans la conscience de chacun. Cette mobilisation de la conscience et de ses ressources est une tâche plus formidable et plus déterminante que la mobilisation du capital de financement des besoins économiques du pays. Attachons-nous à résoudre le mal éthique dont souffre le Bénin : c’est sous ce signe emblématique qu’il faut placer le deuxième cinquantenaire du Bénin qui commence… Je propose qu’un Forum des Forces Vives de la Nation, avec en pointe les anthropologues, les sociologues, les psychologues et autres praticiens des sciences sociales, etc puisse offrir l’heureuse opportunité de nous regarder, comme dans un miroir, afin de nous exorciser individuellement et collectivement de nos maux, et nous réconcilier avec les forces positives en nous. Il y a un choix à faire.

L’Ethique ou le Chaos ?



 
Tag(s) : #Politique Béninoise
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