08/04/2014
BENIN – SEQUENCE HISTOIRE VRAIE : Le roi Boni 1er aime les femmes mais déteste les journalistes même avant son arrivée au Palais de la Marina. La preuve !!!
Par Benoît ILLASSA
« Recevoir un grand nombre de journalistes est un plaisir. Un petit nombre un ennui. Un seul d’entre eux : un supplice ». Charles de GAULLE
L’histoire que vous allez lire est une histoire vraie. La scène se passe à Paris et nous sommes en 2003.
Le roi Boni 1er est invité à dîner dans un restaurant chic de la capitale française par l’un de ses proches amis. Un ami qu’il voue aux gémonies aujourd’hui après avoir profité de son prestigieux carnet d’adresses pour arriver au pouvoir. C’est ainsi, l’homme est d’une ingratitude à nulle autre pareille. Les victimes de ses oukases se comptent par centaines !!!
Le roi se rend donc au restaurant au jour et à l’heure prévue. Alors simple PDG d’une petite banque régionale, il était Monsieur « tout le monde » et ne bénéficiait pas encore de « gorilles » pour sa sécurité. Arrivé dans le restaurant, oh divine surprise, son ami était attablé avec un autre ami que le roi connaissait bien mais dont il a une peur bleue. Et pour cause, le troisième homme est un très grand journaliste panafricain et très redouté. Probablement le plus doué de toute sa génération !!!
Pour le mettre à l’aise, le troisième homme le met en confiance en précisant qu’il n’avait pas de micro sur lui et que le roi pouvait se mettre à l’aise. Il n’avait aucun piège à redouter. Mais, notre roi se sentait mal à l’aise. Lui qui n’avait déjà pas une fameuse élocution se mit à bafouiller. Impossible de le rassurer car, disait-il, vous les journalistes, je ne vous fais pas confiance. Pour corser la situation, un évènement imprévu survint.
En effet, une très belle et élégante américaine, en vacances à Paris, avait choisi le même restaurant pour déguster les délices de la cuisine de la ville lumière. Naturellement, elle était seule. Noire américaine et de très belle allure, elle observait les trois hommes attablés à quelques encablures de sa table. Apparemment séduite de voir trois hommes élégants et beaux mecs qui dînent seuls ce soir-là, elle susurre à l’oreille de l’un des serveurs de bien vouloir demander aux trois hommes si elle pouvait s’inviter à leur table. Sans concertation et pris de court, les trois hommes acceptent. Aussitôt assise, l’américaine n’a d’yeux que pour le roi Boni 1er. Elle commence par lui faire des jeux de jambes. Le roi devient tout rouge comme un puceau. Il aurait voulu embarquer la belle américaine dans son hôtel ce soir-là mais hélas, la présence du journaliste freinait ses élans.
On ne sait pas si les deux tourtereaux se sont revus. Une chose est sûre, le lendemain, le roi Boni 1er a passé la savonnette à son ami qui l’a invité au restaurant. Il lui expliqué qu’il détestait les journalistes car ajoutera-t-il, on ne peut pas les maîtriser, ni leur faire confiance !!!
La cause est donc entendue. Faute de pouvoir museler la presse une fois arrivé au pouvoir, le roi a décidé de corrompre beaucoup de patrons de presse de son pays. Le tarif est connu. La liste des bénéficiaires aussi. Ainsi, tous les mois, les patrons de presse vont émarger à la présidence de la République contre la somme en espèces de un million cinq cent mille francs chacun. Certains chanceux en reçoivent même un peu plus. Après, c’est pour aller payer un salaire de misère à leurs collaborateurs. Soit, entre 50 et 100 mille francs CFA mensuels. Voilà comment la presse s’est dévoyée dans « le pays phare de la démocratie » en Afrique !!!
Ayant réussi à phagocyter la presse, le roi ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Sa nouvelle trouvaille ? Placer le plus renégat de ses conseillers à la tête de la HAAC – pardon, la HACHE (Haute Autorité Chargée d’Humilier les Esprits libres). Cet homme versatile qui a toujours vécu au crochet de l’Etat a réussi l’exploit de faire maintenir son épouse pendant près d’une vingtaine d’années dans un poste diplomatique européen. Souffrante d’une affection incurable, cette dernière devrait bénéficier gracieusement des soins coûteux par son maintien en poste. Tous les soubresauts sont alors bons pour son mari pour s’acoquiner avec tous les pouvoirs. Après l’épouse, notre plus grand voltigeur national a réussi à caser certains de ses rejetons dans des postes diplomatiques au mépris de toutes les règles de bienséance. L’une de ses filles a laissé des souvenirs très fâcheux au Consulat Général du Bénin à Paris !!!
Hisser ce farfelu à la tête de l’Institution chargée de réguler la presse dans notre pays, c’est accréditer cette idée de Hannah ARENDT pour qui :
« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal ».
(Hannah ARENDT, Le système totalitaire, Le Seuil (collection « Points / Essais », no 307), 2005)
IB