14 juillet 2010
Silence ! Icc et complices règlent des comptes avec le chef du gang, Yayi-Aboumon, né vers…
Ça agace, les princes du Changement que la presse fasse ses choux gras à partir du buzz de fin de mandat. Que de milliers de Béninois, des plus nantis aux plus pauvres, se fassent déposséder de leurs épargnes ; que des ministres et des magistrats interpellés séjournent dans les locaux de police ; que des billets de banque soient déterrés de coffres-forts improvisés ; que la présidence de la République se transforme en un cabinet de juge d’instruction ; que de lourd soupçons pèsent sur de proches parents du chef de l’Etat ; que la rue s’emballe ! Et alors ? Circulez, c’est une affaire de régime, entre initiés ! Personne n’a rien à y voir surtout pas les écrivaillons. Comble de l’hérésie, on se réunit en conseil des ministres pour définir les lignes éditoriales des organes de presse assorties de mises en garde pour les plus impertinents. C’est le régime du Changement inspiré et guidé par la « haute autorité », son excellence, le docteur Yayi Boni qui est en marche.
C’est désormais classique de la gouvernance émergente avec un Yayi super législateur par ordonnances, super juge d’instruction menant lui-même les investigations sur le plus gros scandale de son règne et enfin super censeur de la presse. Et il se trouve encore des gens dans ce Bénin émergent qui parlent de République, de démocratie, d’Etat de droit, de théorie des lois, de séparations des pouvoirs. Le seul problème, c’est qu’il ne suffit pas que le chef du gouvernement décide de faire abstraction de toutes les autres institutions de la République pour que 7 millions de Béninois s’aplatissent au quart de tour. Des dizaines, des centaines de foyers sont en proie à une effroyable mélancolie pendant que les ministres s’activent autour de leurs images dans la presse. Ces images n’étaient pas écornées lorsque des membres du gouvernement côtoyaient, sous les feux des caméras, des collecteurs illégaux d’épargnes privées. C’est en présence de ces ministres de la République que l’argent des pauvres se dilapide dans d’obscènes mondanités sur la place publique. Aucun des prudes ministres du Changement n’a eu le haut-le-cœur devant le spectacle des femmes, des jeunes, des chômeurs utilisés dans les marches de soutien en l’honneur du chef de l’Etat à l’aide de l’argent de la honte. La véritable image de ce gouvernement-là est celle qui a été forgée sur la base des dons, des marches, des meetings électoraux financés par Icc-Services.
L’agacement explicité en plein conseil des ministres prouve au moins qu’il y a un petit grain de sable dans les pouvoirs cumulés et sans limite de la Marina. Elle aurait souhaité jouer à guichet fermé son extraordinaire numéro de justicier fait de perquisitions illégales, d’arrestations arbitraires, d’écoutes, d’interrogatoires, de confrontations et autres. On s’étonne d’ailleurs que le gouvernement se fende d’avertissements voire de conseils à l’endroit des professionnels des médias. Eux qui devraient avoir le profile bas après que plusieurs d’entre eux se soient faits éclabousser par les nombreux déballages autour des faux placements d’argent. Si ceux qui ont abondamment bénéficiés de la rente généreusement distribuée par les receleurs d’épargnes devraient se mettre en posture de donneur de leçon et de faiseurs de morale, on risque de dégrader davantage l’échelle des valeurs d’une République pourtant promise à une refondation imminente. On ne dit qu’ils sont tous pourris dans le système. Mais le plus gênant c’est le mutisme des plus vertueux qui se contentent de s’agripper à leur maroquin, se gardant de lever la voix contre les dérives, de peur de subir l’ostracisme des meneurs très entichés avec l’affairisme, la malhonnêteté, les trafics en tout genre. Heureusement ou malheureusement que toutes les rédactions ne se régentent pas à partir des conseils des ministres, des lieux de marches de soutiens, des meetings ou de prières.
Les initiés bouffent, la presse se délecte ; l’implacable logique…
arimi choubadé