Aube Nouvelle 11 août 2010
BENIN: Silence, on travaille pour la guerre !
Faut-il avoir peur pour la paix au Bénin à l’occasion des élections législatives et présidentielle qui auront lieu au premier trimestre de l’année prochaine ? La question préoccupe de plus en plus les Béninois, au regard des derniers développements de l’actualité nationale marquée par une exacerbation permanente de la tension politique. En vérité, les indicateurs d’une menace de la paix et de l’unité nationale s’amoncèlent chaque jour et ne présagent pas du déroulement dans de bonnes conditions des échéances électorales à venir. Outre la campagne électorale prématurée dans laquelle brillent les différents acteurs politiques toutes tendances confondues, les discours dont ils sont porteurs constituent de graves menaces à la paix sociale. La partie du Bénin qu’il faut désormais surveiller de très près, c’est bien sûr le septentrion qui a déjà annoncé les couleurs de l’escalade avec les récents événements survenus à Sèmèrè dans la commune de Ouaké, dans le département de la Donga. La même escalade a été frôlée, le week-end dernier à Natitingou entre pro Tchané et pro Yayi. Au sud aussi, les germes de la haine sont semés tous les jours comme si l’intention est de préparer un champ fertile pour une moisson de la guerre. A vrai dire, les discours politiques de ces derniers jours font peur pour un pays qui a su toujours transcender ses contradictions pour faire triompher la paix. Nous ne faisons pas ici l’apologie de la guerre ; nous tirons plutôt la sonnette d’alarme pour aiguiser la veille citoyenne afin de faire économie au pays d’un conflit armé. Surtout qu’on n’entend plus en ces circonstances probatoires des voix de personnalités morales et religieuses qui, par le passé, ont su, par leur implication, épargner le Bénin d’une conflagration généralement difficile à éteindre. Les institutions républicaines gardiennes du temple observent, elles aussi, comme si elles étaient subitement frappées d’aphonie. Les dérives se multiplient de part et d’autre et l’indifférence de ceux qui doivent mettre fin à cet état de choses semble exciter les différents blocs rivaux. Tout le monde se comporte en spectateur joyeux, se contentant d’acclamer silencieusement tel ou tel autre camp. Et lorsque quelques rares personnalités acceptent de délier la langue, c’est pour s’entendre dire que Dieu aime le Bénin. Mais jusqu’à quand et jusqu’où nous aimera-t-il donc si les fils et filles de ce pays travaillent chaque jour pour la guerre ? Tout se passe comme si les acteurs politiques et leurs affidés ont hypnotisé tout le pays par cette exclamation lugubre : Silence, on travaille pour la guerre !
Par : Bernadin MONGADJI