BENIN: Talon arrêté, et si le Premier Ministre Koukpaki démissionnait ?
L'humiliation de Talon touche forcément, par ricochet, le Premier Ministre Koukpaki. Pour laver son honneur, il devrait démissionner et aller se réfugier chez son ami ADO, le Président ivoirien dont il est si proche. Celui-ci lui trouverait certainement un point de chute. Il pourra ainsi revenir en 2016 pour briguer la magistrature suprême si tel était son souhait. Pour mémoire, le Dr. Boni Yayi était à Lomé en 2006 jusqu'à son élection comme PR du Bénin.
Dans les années 70, Jacques Chirac, alors Premier Ministre de Giscard, démissionnait avec fracas. Quelques années plus tard, il deviendra PR de la France.
Si Koukpaki ne veut pas tourner le dos à son ami Talon, il doit rendre son tablier. L'amitié et la fraternité doivent pouvoir dépasser toutes les considérations opportunistes et matérielles de ce monde. Rien ne mérite que l'on puisse jeter l'honneur d'un Homme aux chiens. A travers l'arrestation de Talon, c'est l'honneur du Premier Ministre Koukpaki qui est jeté aux chiens. Il devrait en tirer toutes les conséquences pour lui-même !!!
Benoît ILLASSA
- Publié le vendredi 27 avril 2012 06:29
- Écrit par Marcel Zoumènou
Entretenue depuis quelques jours, la guéguerre entre Patrice Talon et le gouvernement a connu un tournant décisif hier. Alors qu’il allait s’enquérir de la situation d’un de ses agents gardé à vue au commissariat centrale de Cotonou, l’homme d’affaires Patrice Talon a été aussi arrêté et gardé à vue pour des informations. Le film de l’arrestation.
Ambiance peu habituelle hier un peu après 15h au commissariat central de Cotonou où nous sommes rendu après avoir reçu des informations concordantes sur la mise en garde à vue de Patrice Talon. Devant le commissariat, une forte présence de voitures haut de gamme attire vite l’attention des passants. A gauche du portail, sous les feuillages d’un manguier, la «petite bourgeoisie des affaires» se fait remarquer. On constate la présence de quelques amis, parents, associés d’affaires et collaborateurs de Patrice Talon : son frère Jean Claude Talon, Olivier Boko, un de ses associés, Charles Toko, un journaliste proche de Talon et bien d’autres. La présence de Madame Sakinatou Alpha Orou, Dg de la Centrale d’achat des intrants agricoles et ancien ministre de la micro finance, se fait aussitôt remarquer par ses nombreux allées et venues. On la vit tantôt discuter avec un membre de la Cspr, tantôt entrer dans le commissariat avec une pile de dossiers en main, l’air grave et jamais prête à dire un mot à un journaliste. La sécurité se fait plus rigoureuse que d’habitude. Devant un passage clouté, un policier, kalachnikov en main, fait le filtre. Le grand portail s’est entrouvert, laisse un petit espace pour l’entrée des visiteurs et autres personnes convoquées pour diverses préoccupations. «Vous cherchez qui?», demande-t-il d’un ton violent et péremptoire à tout visiteur. Ceux dont les réponses n’étaient pas convaincantes étaient éconduits systématiquement. Dans la cour du commissariat, une horde de policiers visiblement prêts pour une intervention, attendent impatiemment. Alors que le temps passait, la foule des amis, parents et collaborateurs de Talon envahissait de plus en plus la devanture du commissariat. A 17h45, un véhicule Bmw de couloir noire entre sans aucun contrôle dans l’enceinte du commissariat central et s’immobilise dans la cour. En descendent deux députés : Issa Salifou Saley et Saka Fikara. Ils saluent les policiers et se dirigent vers un bureau à droite, là où seraient gardés à vue Talon et deux de ses collaborateurs, Bruno Roger Lokossou et Narcisse Djegui. Leur visite ne dure que quelques minutes. Ils rentrent aussitôt dans leur véhicule et quittent les lieux. L’honorable Fikara eut à peine le temps de dire quelques mots à un confrère. Vers 19h, une horde de policiers armés de matraques, de pistolets et surtout de gaz lacrymogènes demandent à tous ceux qui sont devant le commissariat de vider les lieux. Tous, nous rejoignons l’autre côté de la rue, juste en face du commissariat.
Golf Tv indésirable
19h30, un membre de la Cspr veut faire une déclaration. La presse se mobilise. Soudain, une contestation gagne le rang des agents de la Cspr et de l’Aic. « Nous ne voulons pas de Golf Tv ici », « On ne veut rien dire à Golf Tv», fulminent-ils, à l’endroit des journalistes de cette chaîne. Le cadreur de la chaîne estviolemment pris à partie par des agents de l’Aic et de la Cspr surexcités. C’est Nestor Noutaï qui prend la responsabilité de lire cette déclaration. Il explique comment Talon a été placé en garde à vue depuis 9h alors qu’il était venu simplement s’enquérir de la situation de l’administrateur de la Cspr déposé au commissariat, la veille. Mais sur les lieux, le commissaire central Louis Philippe. Houndégnon lui notifie qu’il était aussi recherché dans la même affaire. Ainsi, a commencé la garde à vue de Talon. «Le motif officiel de ces gardes à vue serait la clarification de la subvention d’intrants coton pour la campagne 201-2012», précise Mr Noutaï. Après avoir battu en brèche ces allégations qu’il juge de «fallacieuses», il ajoute que le vrai motif n’est pas la question de la subvention. Un peu après la fin de cette déclaration, les agents et autres mobilisés pour la circonstance gagnent le terre-plein central de la chaussée et protestent publiquement contre cette garde à vue. «Libérez Talon, Yayi Boni Héeloué», scandaient-ils. Ce mouvement d’humeur déclenche une réaction violente des policiers qui les chargent avec des gaz lacrymogènes. Les manifestants prennent la poudre d’escampette. Sur les lieux, la police a dispersé tous les badauds. Me Djogénou arrive aussi sur les lieux. Bien après, il n’a pu rencontrer Talon. Ce qu’il a aussi déploré. A l’heure où nous mettons sous presse, Talon est gardé à vue au commissariat central de Cotonou.
La guerre Talon-Yayi?
Selon des informations de coulisse, les relations entre le Chef de l’Etat et Patrice Talon se sont fortement détériorées ces derniers jours. L’homme d’affaires aurait dit plusieurs fois qu’il à des proches qu’il va faire voir de toutes les couleurs à Yayi et qu’il va couler le pays dans ses mains. Du côté du pouvoir, on affirme que Talon aurait été épinglé dans le rapport de la commission d’enquête internationale. «Qui veut tuer son chien, l’accuse de rage», réplique-t-on, du côté de Talon.