22/11/2010
C’est de lui, le renard de Djrègbé qu’on a appris que « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Une conviction forte du professeur Albert Tévoédjrè matérialisée par son machin de médiateur de la République, véritable pompe à l’aide internationale. Le patriarche désormais en impitoyable concurrent de tous les damnés de la République incapables de défendre valablement, eux-mêmes, leur cause. Pas question pour eux d’espérer du vieux renard une quelconque intercession auprès des partenaires au développement pour plus de financement d’hôpitaux, de routes, de centres de loisirs, de programmes à l’intention des paysans, des femmes ou des jeunes. Tant que l’argent est disponible pour les colloques, les symposiums, les forums et autres tables rondes d’exhibition pour lui et ses hôtes de marque, la misère peut poursuivre son œuvre de généralisation dans toutes les contrées du pays.
Dès que le professeur annonce un projet de « cinéma » qui verra défiler dans les médias des invités triés sur le volet, pour les besoins de la propagande émergente au passage, tous les « amis » du développement du Bénin sont prêts à mettre la main à la poche. Danois, Néerlandais, Français, l’Onu, la Francophonie, l’Union Africaine, tous à la rescousse du vieux patriarche. Juste un coup de main secourable à un ancien collègue du système. Le médiateur de la République en a gardé des adresses dans son agenda durant ses années fastes à l’Organisation internationale du travail (Oit), au sein du système des Nations-unies, à travers un panafricanisme militant (pour ne pas dire opportunisme), sa médiation dans la crise ivoirienne, ses différentes aventures avec des différents gouvernements. Dans la pratique, Tévoédjrè n’a pas à se torturer les méninges outre mesure pour faire passer ses lubies même les plus saugrenues. Il se sait ancien du système et objectivement il n’existe pas d’obstacle pour lui à obtenir quelques millions d’Euros chaque année.
Une audience auprès des « amis » du Bénin dont ne peuvent malheureusement se prévaloir les vrais nécessiteux d’aide. Les cotonculteurs réduits à la diète face à des terres lessivées par la surproduction et les mauvais intrants agricoles, les pauvres paysans dépouillées par des escrocs, leurs enfants entassés dans des salles de classes décoiffées par les orages, leurs locomotions de fortune en proie à des pistes rurales totalement défoncées, ces damnés là n’ont personne pour aller faire débloquer les milliers de projets coincés par de banals problèmes de procédure ou d’inexplicables lenteurs administratives. Ils n’ont pas la possibilité d’avoir comme défenseur quelqu’un qui a diné avec le Pape, serré la main à la Reine d’Angleterre, représenté le Secrétaire général de l’Onu. Tant pis si des projets de forages de puits dorment dans les tiroirs, si le choléra emporte dans l’au-delà des jeunes démunis, si les universitaires plongent dans le chômage, si des communes manquent d’électricité et de réseau téléphonique ou si l’internet continue d’être un luxe inaccessible pour l’écrasante majorité des citadins.
Le comble de ce cynisme, c’est lorsque les différents représentants résident au Bénin des partenaires au développement font figurer dans leurs rapports annuels les excentricités du patriarche privilégié au titre de contribution au développement de tout le Bénin. C’est tout le Bénin qui est sensé avoir été aidé chaque fois que Tévoédjrè se fait financer à grands frais des jamborées improductifs pour la grande majorité des citoyens. On veut bien savoir ce que le symposium de novembre 2010 a apporté à l’infirmier gréviste en dehors du fait qu’il a servi de tribune pour le docteur-président pour railler le symbole d’unité prêché par le valeureux roi Ghézo depuis le 19ème siècle.
Charité internationale commence par Tévoédjrè et son protecteur…
arimi choubadé http://arimi.freehostia.com