14 janvier 2010
Tourmente d’un remaniement:Yayi sous la pression des mécontents
Alors que ses proches laissent courir les rumeurs d’un remaniement imminent, le chef de l’Etat Yayi Boni lui-même n’en donne pas encore les signes. Mais qu’il le veuille ou non, il a le dos au mur, car, nombre de ses partisans mécontents attendent d’être cooptés dans la dernière équipe avant 2011. L’équation est plus que compliquée pour le chef de l’Etat, compte tenu du nombre de « boudeurs » à caser.
Au retour de son voyage, le président de la République Yayi Boni ne tardera pas à reprendre son stylo pour cocher sur son calepin les noms de ses prochains collaborateurs au gouvernement. C’est dire que le retour au bercail du président de la République s’annonce déterminant pour la formation d’un nouveau gouvernement. Mais, il faut souligner que le pays est déjà dans la tourmente d’un remaniement ministériel. La question aujourd’hui n’est pas de se demander si les rumeurs en provenance du Palais de la Marina, des cabinets ministériels et des états majors des partis politiques proches du pouvoir, reprises dans les colonnes des journaux vont se confirmer. La question est de savoir : « quels sont les hommes que le chef de l’Etat va choisir pour qu’ils l’accompagnent jusqu’à la fin de son mandat ? ». Personne mieux que le président de la République n’est bien placée pour répondre à cette interrogation. Il a la latitude de nommer qui il veut. Toutefois il ne doit pas oublier qu’il est toujours redevable envers certains artisans de sa victoire en mars 2006. Ceux qui attendent la main au menton que leurs efforts fournis lors de la campagne présidentielle il y a quatre ans soient récompensés ont encore une dernière chance pour être pris en compte. Certains d’entre eux croient toujours que le chef de l’Etat va leur donner cette opportunité de partager le gâteau, au risque qu’ils se retournent contre lui lors des prochaines échéances électorales. Lassés d’avoir trop attendu sans pouvoir rien se mettre sous la dent, ils commencent par manifester des signes de désaccord à l’endroit du chef de l’Etat, qui doit pouvoir leur message. Allusion faite à ses députés, qui par extraordinaire ont voté au même titre que l’opposition pour le rejet de la loi de finances. Yayi Boni devrait comprendre que nombre de ses lieutenants ne digèrent plus la manière dont il les gère. L‘honorable Janvier Yahouédéhou, de plus en plus isolé par la famille présidentielle à cause de ses prises de position contre le régime a certainement inspiré d’autres lieutenants du chef de l’Etat, dont André Dassoundo, premier vice-président de l’Assemblée nationale, des ténors des Fcbe, Edgar Alia, ancien ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, également député de la majorité présidentielle, à la laquelle appartiennent aussi Eloi Aho et Luc da Matha. En signe de désaveu au président de la République, ils se sont alignés sur la position de l’opposition en contraignant Yayi Boni à recourir aux mesures exceptionnelles pour faire exécuter son budget. La lecture qu’on peut en faire, c’est que le malaise est profond au sein de la famille présidentielle. Jamais, le chef de l’Etat n’a été confronté à des prises de position aussi ouvertes.
Deux élections risquées pour Yayi
Il y a longtemps qu’on disait que le mur Fcbe est complètement fissuré, parce que le président de la République ne cherche pas à renforcer ses racines, mais s’intéresse à élargir ses branches qu’il veut de plus en plus longues. Ce qui ne rassure pas que sa maison se porte bien. Le sens du vote contre le budget de ses propres députés est certes apparent. Mais qu’en est-il des mécontents qui ne sont pas à l’Assemblée nationale ? Ils sont des dizaines qui n’attendent que la dernière ligne droite avant 2011 pour montrer leur vrai visage. Plusieurs responsables de partis politiques n’y échapperont pas. Ils ne s’en pressent pas de le faire, parce qu’ils attendent voir quelle sera l’ossature de la prochaine équipe gouvernementale, étant donné que c’est la dernière cartouche dont dispose le chef de l’Etat pour caser les mécontents et les « boudeurs ». Réussira-t-il à les positionner tous ? L’équation lui paraît difficile à résoudre. Toutefois, avant d’enfiler son manteau de « sélectionneur » pour former sa nouvelle équipe, le chef de l’Etat pourrait procéder en conseil des ministres à des nominations à des postes clés dans l’administration publique, tout comme il peut le faire dans son entourage en nommant des conseillers et des chargés de mission. Malgré la myriade de ses collaborateurs il gagnera à aller chercher ceux qui peuvent lui apporter du sang neuf pour faire face aux enjeux de 2011.
Ils sont prêts à se jeter dans la bataille si Yayi Boni leur ouvre les portes de la Marina. Leur attente prend l’allure d’une pression permanente qui pèse sur les épaules du chef de l’Etat. Cette pression est visible à l’Assemblée nationale et le comportement de certains élus Fcbe en est l’illustration parfaite. Car, il faudra que certains soient appelés au gouvernement pour céder leur siège à leur suppléant, ne serait-ce que pour le reste du mandat qui expire en avril 2011. De même que le premier quinquennat de Yayi Boni. Le fait que les deux élections, législatives et présidentielles vont avoir lieu la même année, est un véritable piège pour le chef de l’Etat. Car, si certains ténors des Forces cauris pour un Bénin émergent se séparent de lui avant le rendez-vous de 2011, il risque de perdre quelques points, sinon les voix des électeurs qui sont à la solde de ses alliés en état de divorce. Ce qui sera potentiellement lourd de conséquence pour la reconquête du pouvoir et pour la constitution d’une majorité présidentielle à l’Assemblée nationale, après les deux élections. Selon plusieurs observateurs, c’est l’un des remaniements les plus compliqués depuis l’accession au pouvoir du chef de l’Etat en avril 2006. S’il passe à côté dans le choix des nouveaux hommes, il le paiera cher. Déjà lassé des intrigues entre ses partisans qui se livrent une guerre sans merci sur le terrain et des prises de position digne de chantage, le président de la République est tenu de ramener la paix dans sa famille. A commencer par les Fcbe hantées par le fantôme de la division, tout comme c’est le cas à l’Union pour la majorité présidentielle plurielle (Umpp). Pour avoir la tâche facile, il doit permettre à des figures influentes de remonter dans le carrosse d’or, dans sa hotte. En les cooptant, il aurait réussi à pêcher dans son camp des alliés de taille. L’autre souci que le chef de l’Etat éprouve, c’est aussi de parvenir à dompter des enfants prodiges issus de l’opposition. Mais depuis longtemps, il bute sur la cohésion de l’Union fait la Nation. Par contre, il pourrait y avoir une cohabitation affichée entre des ténors du G13 et lui.
FN