Essayiste pour la cause, Abdoulaye Bio Tchané a livré sa réflexion sur un sujet délicat et actuel. Il s’agit de la laïcité de l’Etat du Bénin. Son exemple pour illustrer sa réflexion est une allusion à peine dérobée au régime du changement. Ainsi, il écrit : » Il ne fait ni chaud ni froid à l’Etat béninois que les croyants ou non croyants béninois honorent les tables de la Loi de Moïse ou les cinq piliers de l’Islam… (…) l’Etat béninois se doit de n’afficher aucune confession religieuse, ce qui se traduit par sa stricte neutralité vis-à-vis des religions « .
Le régime du changement à travers son emblématique ex ministre de l’intérieur a voulu faire de l’évangélisation, la règle de conduite des affaires publiques. Les pasteurs sont entrés en politique. Ils sont nommés à des postes dans les ministères à l’image du Pasteur Allokpo , ancien membre de la Cena à histoires et tout puissant chargé de mission de l’ex ministre en charge de la sécurité des haut dignitaires de ICC-services, une structure apocryphe ayant plongé plusieurs ménages dans l’infra-humanité ! Que dire du ministre Takpara qui fait de son nouveau testament, le document officiel à lire aux drapeaux et lors des réunions ? La neutralité à laquelle fait allusion Abdoulaye Bio Tchané n’a pas été respectée depuis l’avènement du régime du changement.
L’essayiste Tchané ne reste pas en chemin dans la progression de son idée. Au contraire, il tire la sonnette d’alarme. En effet, il avance sans masque que : » Le problème, si problème il y a, est celui de l’Etat qui, au lieu de solliciter, peut vouloir manipuler voire contrôler le fait religieux à des fins politiciennes « . Les rois et chefs religieux sont fortement subventionnés, non pas pour apporter le poids de leur savoir à la construction d’une science en la matière mais pour applaudir le chef de l’Etat et prier pour lui afin qu’il soit réélu. C’est un contrôle manifeste du fait religieux à travers les hommes chargés de l’animer. Pire, le culte est célébré désormais pour une assise de campagne. La laïcité est violée.
Bio Tchané, l’essayiste n’est pas aussi du reste. Après Boni Yayi, Adrien Houngbédji, lui aussi a investi la mosquée de Djougou. C’est ainsi que le samedi 28 novembre, une prière a été dite au nom de Moussa Bio Tchané. Point d’illusions, il s’agissait d’une messe politique qui a drainé le microcosme politique local. L’utilisation du fait religieux à des fins politiques est le propre de ceux qui aspirent au pouvoir au Bénin. Ils sont tous coupables. Il n’en demeure pas moins que la réflexion soit d’une grande clarté.
La collusion incestueuse entre religions et Etat est le lit de toutes les déviances. Les chefs religieux ont pris goût à l’argent facile distribué par le père Noël. En conséquence, plusieurs rois ont vu le jour. Ce n’est pas une exagération que d’affirmer que chaque arrondissement a son roi. L’Etat a donc détruit par l’argent les fondamentaux de nos us et coutumes. Pire, à travers un cadre dit de concertation des confessions religieuses, on a eu droit à toutes les humiliations possibles. Les organisations chrétiennes et musulmanes sont à pieds d’œuvre pour un retour à l’ordre de tranquillité.
Herbert Houngnibo