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Bénin: Une équipe de combat ?

 

Par arimi choubadé

Rédigé le 22 janvier 2010

Gouvernement recherche nouvelle recrue. Spectacle renversant du grand prêtre scrutant désespérément les sièges des états-majors de partis politiques avec l’espoir d’un renforcement de son équipe. En 2006, c’était cette vieille classe politique littéralement en génuflexion qui implorait quelques strapontins et maroquins auprès de celui qui se faisait passer pour un surdoué de la vie publique. Un banquier quasi expatrié venu ravir la magistrature suprême à tous ces professionnels de la chose électorale qui l’on croyait imbattables. Moins de quatre ans de règne et revoilà le surdoué courir après le pouvoir alors qu’il se trouve encore au pouvoir. Scène surréaliste de ces appelés dénonçant publiquement leurs actes de nomination au gouvernement. Ils n’ont pas oublié qu’il y a peu, certains zélés de service disaient d’eux qu’ils vieillissent mal et seraient vomis par le peuple. Une philosophie dont on ne dit plus rien comme si elle n’a jamais existé.

Cet excès de lucidité au sein de la classe politique sous le Changement n’a rien d’étonnant. Les remaniements à la Yayi apparaissent comme de grotesques plagia de Lavoisier : « Rien ne se perd. Rien ne se crée. Tout se transforme ». Une sorte de chaise musicale ou de jeu de domino avec un ministre limogé qui se retrouve conseiller technique du chef de l’Etat ou directeur général d’une société d’Etat et vice versa. Le pouvoir dissimule mal cette peur morbide de devoir se séparer de quelqu’un qui a eu accès une fois au placard du Changement. Il fallait entretenir l’Ormeta (la loi du silence) à travers des repositionnements clientélistes. Ce qui donne à la Marina des allures d’une organisation mafieuse soucieuse de préserver ses arrières. Le silence contre un strapontin. Beaucoup d’interrogations d’ailleurs sur l’utilité de la formation d’une nouvelle équipe. D’autant plus que le régime n’a même pas attendu d’achever le mandat de départ et de produire le bilan avant de se lancer dans une croisade pour le rempilage. Parler de remaniement ministériel en plein pré campagne sauvage, hors norme, apporte une confirmation nécessaire à tous ceux qui rechignent à figurer dans un gouvernement de façade.

Au sujet du combat lui-même. Lorsque les émergents parlent d’équipe de combat voire de « guerre civile », il ne s’agit pas d’une mobilisation autour du meurtrier réseau routier, des risques d’une année blanche à l’université, des milliers de jeunes chômeurs, du retour au pays de l’avion présidentiel disparu depuis plusieurs mois ou de la mévente généralisée sur les marchés. En parcourant les discours des courtisans, on découvre que tout l’appareil d’Etat n’a qu’un seul credo : le maintien du docteur-président au pouvoir en 2011. La conception messianique du pouvoir n’a reçu aucune ride, intacte, implacable depuis 2006 : le Bénin serait promis aux profondes abîmes de la perdition sans Yayi à la Marina. Plus que le sauvetage de la cité dont tous les voyants socioéconomiques sont au rouge, c’est celui du prince qui inspire la bondieuserie partisane répandue à coup de Cfa, de propagande et de lavage de cerveau.

Les émergents se comportent comme si le mandat qui a commencé en 2006 n’est qu’une partie de plaisir, de jouissance et de pillage. Le vrai ministère de leur messie ne devrait démarrer qu’en 2011 après sa réélection éventuelle. Les Béninois peuvent s’estimer heureux d’avoir un président béni de Dieu. Pas grave s’il observe un mépris total vis-à-vis de nos cultes traditionnels, se dit responsable mais pas coupable du pillage systématique du trésor public, de l’exacerbation des clivages ethnico régionalistes, de la terreur judiciaire contre les opposants. Sauf qu’un grain de sable s’est glissé dans la machine à travers le front de refus qui ne se reconnaît ni dans le combat encore moins dans l’équipe.

Le Bénin mérite mieux…

arimi choubadé


Tag(s) : #EDITORIAL
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