Mercredi 31 mars 2010
Par Annie Léwan
La privatisation semble être au cœur des politiques du gouvernement du Changement dans sa stratégie pour renflouer les caisses de l’Etat. Ainsi, tour à tour avec plus ou moins de célérité, il est question de privatiser plusieurs entités économiques où l’Etat béninois est propriétaire ou au moins actionnaire. Bénin Télécom, Ocbn, Sbee et plus récemment la Société des ciments d’Onigbolo(SCO). Si la plupart des opérations citées n’ont pas encore été conclues, il y a au moins une qui a été conclue et qui interpelle la conscience des patriotes béninois. En effet la cession des 51% d’actifs propriété du Bénin dans Onigbolo n’est ni plus ni moins un scandale.
Car les conditions de la cession de cette entreprise par le gouvernement jeudi dernier sont dignes d’une escroquerie à grande échelle. Sur l’insistance d’un baron du Changement, contre le droit, la légalité et le bon sens ont été cédées les parts du Bénin à l’Adjudicataire de la location gérance de la Société des ciments d’Onigbolo. L’actuel adjudicataire, un partenariat franco-français, Scb et Lafarge, malgré les promesses non tenues lors de sa prise en location gérance du complexe cimentier d’Onigbolo, il y a de cela quelques années, s’est quand même offert le trophée sans aucune compétition, en corrompant l’arbitre.
Comme nous l’avions dit, c’est deux appartements sur l’avenue de la grande armée à Paris et un montant conséquent de 3 milliards qui ont scellé la vente d’un patrimoine qui en l’etat est estimé à 40 milliards. Mais qui a été cédé à 20 milliards et ce dans des conditions excluant toutes concurrences. En effet, pour peu que le gouvernement béninois ait voulu gagner de l’argent pour le pays, il aurait été normal de lancer un appel d’offre international, qui aurait permis d’avoir d’autres propositions. Même si le fait d’être le dernier locataire offre un avantage à la paire SCB-LAFARGE, cela n’exclut pas l’ouverture de la candidature à d’autres. Or c’est le contraire qui a été constaté ici, alors même que l’on était à deux ans de la fin de leur location prévue aux alentours de décembre 2011 et que le contrat expliquait les conditions de l’acquisition des parts, le locataire sentant l’opportunité trop belle de s’offrir à vil prix un bien du peuple béninois a frappé. Les deux compères français se sachant en territoire conquis n’ont pas hésité à utiliser la politique du porte monnaie pour faire fléchir le petit nègre avide de reconnaissance et surtout de richesse. Du coup, peu importait le risque encouru en soudoyant ce responsable politique béninois. Même si en Chine des responsables français d’une entreprise française se sont faits coincer puis ont été écroués pour corruption, ici ils sont au Bénin en territoire conquis et peuvent donc impunément corrompre à tour de bras.
Cupidité et gloutonnerie sans borne
Il y en a qui ne savent pas s’arrêter et qui vendraient père et mère et à plus forte raison patrie pour une poignée de Cfa. Un adage dit : « lorsque l’on a franchi les bornes, il n’y a plus de limite ». La vente de la Sco en est une triste illustration. Le régime du Changement est pourri et pourri par où il ne doit pas, par où ça fait mal. Il se peut que Boni Yayi ne s’en soit pas rendu compte mais il lui sera difficile au finish de dire que ses proches n’avaient aucune idée de la puante signature que représentait la cession avant terme de la Sco. Tous le savaient, il y en a eu même qui sont avertis du risque que représentait une telle vente dans de telles conditions. Mais cela n’a pas empêché, après un report que l’opération se fasse. A ce propos, il faut dire même que le payement dans son fractionnement est curieux ; 17 milliards maintenant et 2,5 milliards, plus tard sous une autre mandature. De quoi laisser transparaitre que le démarcheur de cette escroquerie, en plus d’avoir encaissé les 3 milliards et ses appartements espère pouvoir manger encore dans les 17, 5 milliards versés pour distraire le peuple béninois.
Les députés interpellés
Sur quelles bases vend-on le patrimoine du Bénin et avec l’accord de qui ? une double question qui mérite d’être posée pour éviter que notre pays ne soit à la merci du premier pirate venu, qui serait parvenu à convaincre un des fils du pays à vendre une propriété de la République du Bénin , le stade de l’Amitié, le marché Dantokpa ou un autre bien public au nez et à la barbe des contribuables. Il parait plus qu’indisponible de poser les bonnes questions pour savoir …
Toujours est-il que le meilleur garant actuel est l’Assemblée nationale, qui peut encore attirer l’attention sur les faux coups.