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BENIN : Yayi a définitivement perdu les pédales

 

30 janvier 2014 par richard 

 

 

On croyait que les propos tenus à l’occasion de l’interview du 1er août 2012 étaient un accident. Pas du tout. Boni Yayi a récidivé de la pire des manières devant des jeunes béninois lundi dernier. A voir le Chef de l’Etat s’exprimer, on a l’impression qu’il a perdu les pédales.

 

Un monologue de plusieurs heures, juste pour dénigrer certains de ses compatriotes. Boni Yayi, comme disent certains béninois, devant les jeunes au Palais de la Marina lundi dernier, ne s’est pas montré digne de la fonction qu’il occupe. Pas digne dans le ton de son message. Pas digne non plus dans tout ce qu’il a dit. Boni Yayi a parlé tout comme s’il était un Béninois lambda. On a vu un président de la République brutal, en colère contre ses compatriotes, prêt à «bondir» sur eux. Son intervention abondamment relayée par les chaînes de télévisions nationales suscite désormais du dégout de la part de beaucoup de béninois, attaqués ou pas à cette occasion. Boni Yayi l’aura voulu. Les Béninois lui parlent en retour. «J’ai vu un Chef d’Etat qui voit le mal partout. Il voit que l’enfer, c’est les autres. Il faut qu’il regarde la réalité en face, parce que c’est des situations de fuite en avant. Sur qui est-ce qu’il va bondir ? Nous sommes des citoyens et nous avons les mêmes droits…», a réagi Noël Chadaré ; secrétaire général de la Cosi-Bénin. Pour l’Avocat Jacques Migan, ce qui s’est passé est regrettable, parce que « mon pays n’a pas besoin aujourd’hui d’une telle déclaration du Chef de l’Etat…Avec le recul, je me suis dit que le Chef de l’Etat, à travers cette déclaration aux jeunes, est dans l’impasse. Il était dépassé, traqué. Il ne sait plus où donner la tête. Tout s’écroule devant… ». Et que dire du florilège de réactions des responsables des Centrales et Confédérations syndicales directement attaqués par Boni Yayi ! «C’est extrêmement grave ce qu’il a dit. Le vrai problème, c’est que le président Yayi voit Talon partout. Talon est devenu un fantôme qui lui fait peur », a dit Pascal Todjinou, secrétaire général de la Cgtb. «Nous n’avons aucun lien avec les partis politiques (…) Pourquoi il n’accuse pas les rois et les chefs religieux qui le soutiennent dans les marches ? Et les pasteurs qui le soutiennent ? », dira Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la Csa-Bénin.

 

Mauvaise communication, mauvaise gouvernance, le Bénin dans le décor

 

Lundi dernier, comme le 1er août 2012, Yayi, à bout souffle, s’est mal défendu. Il a exactement trouvé les mauvais mots pour dire son appréciation des sujets brûlants de l’actualité. Des sujets que sa gouvernance a provoqués et dont il ne veut pas assumer les conséquences. Yayi a sans doute perdu les pédales. La gestion du pays lui pèse lourd. Très lourd. Depuis 2006, Yayi bat le record des scandales. Les affaires Icc-Services, machines agricoles, Cen-Sad, siège de l’Assemblée nationale, port sec de Tori, turbine à gaz, Sodéco Sa…lui collent à la peau. Les scandales se multiplient et s’enchaînent. Le quotidien des Béninois devient de plus en plus dur. Ils n’en peuvent plus de voir le panier de la ménagère s’appauvrir chaque jour un peu plus. On dirait que le Chef de l’Etat ne peut plus rien pour eux. Ce qui a poussé l’Union fait la Nation a conclure que «Yayi est désormais du passé». En réalité, il a encore deux ans pour rattraper ce qui peut l’être.

 

2012 et 2014 : Des propos incendiaires de Yayi

Interview du 1er août 2012

 

- Classe politique médiocre : «(…) Ma détermination à faire en sorte que les béninois soient satisfaits est tellement forte. Je m’adresse au peuple béninois. Je ne m’adresse pas à cette classe politique qui pratiquement à mon avis est en train de ruiner ailleurs. Ils le savent bien ces politiciens. J’ai du respect pour eux mais des fois, je suis tenté de croire que c’est une classe politique médiocre. Je les respecte beaucoup… ».


-On mouille tout le monde : « Je le jure devant le peuple béninois. Je ne suis contre aucun opérateur économique. De quel opérateur s’agit-il ? (…) Quand j’ai eu de problème avec Talon, il m’a dit qu’il prépare son projet politique pour me punir moi. Le second jour, j’apprends qu’il a pris 50% du capital de canal3. Tous les matins, vous m’insultez, vous l’exultez. Et le problème est que vous ressuscitez les hommes politiques morts mêmes et on dit aller l’insulter sur Canal3. Tant qu’il va remettre en cause mes acquis, il n’y a rien à faire, je vais organiser l’insurrection, alors on mouille pratiquement toutes les forces, les politiques, les syndicats, les magistrats, les valises circulent au vu et au su de tout le monde. C’est lui-même qui l’a dit. Lorsqu’un député a commencé par m’insulter, je l’ai appelé et lui ai demandé, c’est toi qui m’injuries, il dit j’ai faim, c’est Talon qui nous a demandé d’organiser l’insurrection. Si vous organisez l’insurrection contre moi. Vous allez tuer le Bénin… ».


- Ils sont trop petits : « Comment vais-je reculer ? Ce n’est pas moi. Encore, plus que jamais, c’est une question de conviction. J’ai appris qu’ils vont tenir une réunion et réunir les syndicats, les magistrats et les autres pour former un front uni pour me faire partir moi Yayi ? Ils sont trop petits. C’est le peuple avec Dieu qui m’ont mis ici. Je vais leur montrer que moi aussi, j’ai du monde derrière moi dans le nord profond et ils vont s’affronter. Parce que ce sont ces gens du front qui ont mis le pays dans cet état (…)


-Les miens du nord profond : « C’est quoi cette méchanceté ? Moi-même je vais réagir. Je suis béninois. Je ne suis pas étranger. Ils parlent comme si je n’ai pas mes partisans dans le nord profond. Ils n’ont qu’à réunir leurs gens, je vais faire autant et ils vont s’affronter. Je les attends (…)  Il n’y aura pas de Madagascar au Bénin. Si c’est cela le langage que Talon a indiqué parce qu’il dit qu’il faut préserver ses acquis (…) Si c’est parce qu’il a dit qu’il va organiser l’insurrection contre moi et c’est son aile politique qui prend le mot d’ordre pour créer un front uni pour sortir les magistrats et la classe de la société civile, je les attends. Je verrai ce qu’ils vont faire du pays. J’ai été élu… ».

-Amousou et les Carders : « En 1999, c’est le Président Amoussou qui a signé un décret pour dire qu’il faut transposer la filière coton au secteur privé. Je crois avec la même loi, ceux qui m’injurient aujourd’hui ont démantelé les Carders en disant que les paysans peuvent discuter valablement avec les hommes d’affaires, les affairistes (…) Ceux-là qui ont livré le coton au privé, mais l’Etat béninois n’est pas dupe. Qui est élu ? C’est eux qui vont venir faire les réformes à ma place ? A quel titre ils me disent d’arrêter les réformes, ils sont qui et quoi pour me demander cela ? J’ai un bilan à présenter d’ici trois ans et moi je m’en vais. Tous ce qu’ils sont en train de dire, ils n’ont qu’à proposer leur projet de société pour 2016. Leur chance, je ne serai pas là. Je serai l’ancien président. Ils n’ont qu’à me laisser travailler. Je demande au peuple béninois d’en tenir compte… ».

 

Rencontre avec les jeunes lundi dernier

 

-La guerre de Yayi : «…Partout où vous  vous réunissez à Paris etc…je suis au courant (…) Ce n’est pas parce que je me tais que vous allez continuer (…) Le jour où le président dit j’en ai assez, il peut avoir la guerre… ».


-Chacun d’eux à un passif : «La manière dont certains s’expriment n’est pas une manière élégante. Il faut parler calmement et ne pas donner de leçons, surtout qu’on vous a vu déjà à l’œuvre. Chacun d’eux a un passif. C’est ceux-là aujourd’hui qui donnent des leçons (…) On ne peut pas dire qu’on va utiliser les magistrats, utiliser les syndicats, la justice, le parlement pour détruire une République. Mais personne ne sortira indemne de cette situation (…)».

-Des syndicats politiciens : «Si quelqu’un vole et vous le poursuivez, on demande s’il est de telle partie du pays. Et les syndicats montent au créneau pour demander pourquoi on l’a enlevé. C’est ça le syndicalisme ? Non ! C’est des politiciens. La bourse du travail est un quartier général des politiciens… ».


-La Presse béninoise : «Les gens écrivent ce qu’ils veulent. Prenez-çà, allez écrire. Ils écrivent sans faire des recherches. On va prier pour que l’éthique et la morale reviennent. Il y en a qui sont bons. Il y en a qui sont des plaies. Il faut compter avec. Il y en a qui s’en prennent aux institutions qui sont les symboles de la République…».

 

Jean-Marie Sèdolo

 

 La Presse du Jour


 
 
  
  
Tag(s) : #Politique Béninoise
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