23/09/2013
BENIN: YAYI, le disciple de Louis XIV
Le métier de roi passionne Boni Yayi. Et pour régner, il fait sienne la devise de louis XIV : « diviser pour régner ». Le tyran joue sur les sinistres leviers de la division et détruit les cellules du Bénin. On est au chapitre de la ruine de l’unité nationale. L’héritage de paix laissé par Kérékou est dévasté sous un déluge de maladresses et de coups qui mettent la mauvaise foi au service du suicide collectif. L’homme fort de la Marina déborde d’énergie dans sa politique du chaos et laisse libre cours à ses instincts longtemps macérés.
De pages sombres de l’histoire du pays s’écrivent sous la plume affreuse du dictateur. Avec évidemment, l’absence du bons sens et la carte de l’instinct jouée crûment. Yayi consolide son pouvoir dans la division et l’exacerbation des tensions et rivalités. Le Bénin coupé en deux, voit son chef agiter sa vaine refondation, une doctrine stérile professée dans une rivière d’incohérences sous un vacarme enquiquinant. La folle cadence adoptée au bal des opportunistes est initiée pour mettre le pays en lambeaux. Pour tenir son rang sur le trône, le roi divise à loisir son peuple. Comme Louis le Grand faisant la promotion des clans, Yayi tient aussi ses Colbert et Le Tellier –Louvois.
Sous le régime cauri, la politique de division n’a pas de frontière. Pour assumer des responsabilités belliqueuses, Yayi mise surtout sur son « Bénin profond », officiellement prêt déjà à affronter les syndicalistes rebelles et la « classe politique médiocre ». Sur le terrain, le roi met en œuvre son projet obscur attaché à son insensé « diviser pour régner », marque avérée de l’autocratie. Le pouvoir cauri a dans ses gènes cette anomalie qui le pousse à de basses œuvres et à tout basculer dans le décor. La justice, nouvelle victime des salves royales, gère ses querelles fratricides. Découpés par le glaive de sa Majesté, les magistrats savent que la plaie est trop béante. L’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) et l’Association des magistrats du Bénin (Amab) creusent le fossé. L’Amab génétiquement anti Unamab, affiche sa ligne. Difficile de ne pas y voir la main de l’éminent fossoyeur de l’unité nationale.
Pour Yayi, diviser devient un devoir. Sous le couvercle du patriotisme galvaudé, il fait bouillir de choses infectées. Douaniers patriotes, conducteurs de taxi moto « zémidjan » patriotes. Des appelés au service militaire sont sollicités pour remplacer des grévistes jugés apatrides. Et des marcheurs dits patriotes envahissent la rue pour le culte de la personnalité. La nation est au bord de l’explosion sous l’effet d’un régionalisme acide, combiné à un sectarisme cru.
Sa Majesté respire l’oxygène de la division. Le remaniement pernicieux du dimanche 11 Août 2013 confirme et ravive l’admiration du despote national pour le Roi-Soleil. La dangereuse farce au ministère des transports et des travaux publics a alerté l’opinion publique sur la mauvaise foi convertie en support de gouvernance. Le retour de l’ancien ministre de l’enseignement secondaire au gouvernement porte les empreintes machiavéliques. Aké Natondé refait surface sur les cendres de son frère ennemi Lambert Koty. Le verdict est rendu avec de l’huile jetée sur le feu dans la région Agonlin. Quelle cruauté !
Le départ du premier ministre porte aussi la marque pourrie. Non pas que l’évaporation brutale d’un poste factice allonge nos curiosités, mais parce que la chute de Pascal Irénée Koupaki a été troquée contre l’entrée au gouvernement de son protégé Antonin Dossou. Dire que le roi a encore frappé. Et le coup sadique a causé des dégâts. La raclée infligée à PIK et le poison versé au ministère des transports approvisionnent la gouvernance infâme. La politique de « diviser pour régner » colle à l’épiderme du chef suprême de la refondation.
Le venin de la division a déjà fait de nombreuses victimes. Outre les serviteurs Koupaki et Koty condamnés à être la risée de la nation, l’histoire du règne de Boni Yayi 1er traîne avec elle la vidange de la méchanceté versée sur les frères ennemis d’Abomey, Blaise Ahanahanzo Glèlè et Maxime Houedjissin, embarqués dans une querelle éternelle, un combat à mort. Cyniquement inspiré par les chaudes envolées entre l’ancien député et le maire d’Abomey, il nomme le premier, Directeur de Agence pour la Réhabilitation de la Cité Historique d’Abomey (ARCHA) et, quelques mois plus tard, promeut le second, ministre de l’Environnement de Habitat et de l’Urbanisme. L’un est placé sous la tutelle de l’autre. Conséquence : les rivalités locales sont transposées à l’échelle nationale. Ainsi, le roi assouvit constamment sa cruelle faim.
Misère du Bénin sous Boni Yayi 1er. Tout s’écroule. On découvre, dans la douleur, la nature de la refondation promise par le candidat cauri. Nous y sommes. Au prix d’un K.O à polémique et du désastre national.
Sulpice Oscar Gbaguidi
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