mercredi 21 novembre 2012, par
Il était question d’une clarification au sein de l’Union pour un mouvement populaire (Ump), loin, là-bas, en France. Vu du Bénin, l’événement, en soi, ne devrait logiquement avoir aucun impact sur les menaces de grèves à la santé et à l’éducation nationale, les tensions au palais de la Marina, le fichier électoral en souffrance et le spleen dans les ménages. Mais j’ai dû me raviser après avoir vu un ami à Cotonou, ici, piquer une vive colère à propos de ce qu’il considère comme le scandale à l’Ump. Exactement comme le ferait un militant ou quelqu’un qui a participé au scrutin. Alors que lui et moi n’avions suivi que de vagues échos des turpitudes du vote du 19 novembre 2012, à des milliers de km. L’argument de l’ami était qu’on ne pouvait supporter pareils dysfonctionnements dans un des plus grands partis du pays perçu comme le modèle sous les tropiques. C’était donc intolérable de laisser subsister ce sentiment d’arrangement, de fraude et de tripatouillage avec la proclamation de Jean-François Copé, président de l’Ump.
Peut-être que l’ami a raison de s’indigner des imperfections dans le processus de désignation du nouveau chef de l’opposition en France alors qu’il ne trouve rien à dire lorsqu’on a organisé une présidentielle sans liste électorale dans son propre pays. En effet, une éventuelle banalisation des bourrages d’urne et des contestations électorales en France pourrait être un prétexte pour tous les manipulateurs de scrutins en Afrique. Sur un plan strictement politique, le triomphe de Copé peut signifier également celui de la droite dure décomplexée, du rejet de l’étranger et du flirt permanent avec les thèses d’intolérance volées à l’extrême droite. Et puis, le détestable niveau d’organisation du scrutin dans un pays habitué à plus de sérieux lors d’élections beaucoup plus complexes (présidentielles, législatives) que la désignation d’un chef de parti. À la décharge de l’Ump, il y a eu pire à l’occasion du congrès de Reims en novembre 2008 pour la désignation de Martine Aubry comme Premier secrétaire.
D’accord pour l’indignation de la foire d’empoigne à l’Ump durant toute la campagne électorale précédant le vote des militants. Néanmoins, transparait un autre enseignement à méditer par les nôtres. Il s’agit de la primauté des institutions sur les individus. Malgré la sourde rivalité qui est apparue entre les deux candidats en lice, le perdant déclaré s’est gardé de pousser le bouchon trop loin en optant pour une contestation sans fin qui déboucherait sur une suite judiciaire. Par souci de préserver les intérêts « supérieurs » de l’institution qu’est le parti, Ump. Il n’y aura pas de dissidence encore moins de résistance de nature à fragiliser le groupe. Au-delà de la noblesse et de l’élégance du geste, Fillon demeure conscient que plus le parti est fort (dans les urnes) plus il bénéficierait de subsides de l’Etat ; ce qui profiterait à tous les membres surtout les cadres du parti comme lui-même.
En démonstration toute la justesse du financement public des partis politiques qui fait que Ségolène et Hollande continuent de militer dans le même parti, le Ps malgré la dislocation de leur ménage. Le parti politique prend ainsi toute sa place dans la vie publique comme un creuset où réfléchir ensemble, penser ensemble et agir ensemble guident tous les acteurs. Tout le contraire des minis clubs électoraux sous nos cieux dont l’unique mission est la défense de l’ethnie, de la famille ou du clan ; si ce n’est s’organiser pour mieux siphonner les ressources publiques. Fillon n’aime pas Copé qui le lui rend bien mais l’Ump est plus fort et plus précieux pour eux tous. Au-delà de l’indignation vaine, les Béninois devraient œuvrer à instaurer ce genre de lien de crédibilité et de légitimité entre l’Etat et les partis les plus représentatifs.
Autrement, longue vie à la chienlit made in Benin !!!
arimi choubadé http://arimi.freehostia.com