7 janvier 2010
Formation précipitée du quatrième gouvernement au Bénin: Quelle équipe pour quel résultat ?
Il paraît que les concertations sont presque à terme pour la formation du quatrième gouvernement du changement. Ainsi, si en dépit des clivages actuels dans son propre camp et surtout le fait qu’il ne peut plus avoir confiance en la plupart de ses partisans, le chef de l’Etat se décide néanmoins à constituer une équipe de guerre qui l’aidera à rempiler en 2011. Ce qui fait dire aux observateurs de la vie politique nationale que Yayi Boni manque d’informations crédibles sur son entourage.
De quelles capacités politiques et stratégiques jouissent les ministres qui composeront le quatrième gouvernement pour aider le président Yayi Boni à rempiler en toute quiétude en 2011 ? C’est la question que se pose tout le monde depuis l’annonce d’une liste imminente des membres de ce quatrième gouvernement du président Yayi Boni qui devrait tomber dans les prochains jours. On se rappelle qu’il y a quelques mois, des Béninois de l’intérieur et de la diaspora qui avaient été contactés pour faire partie de cette quatrième équipe gouvernementale, auraient tous décliné l’offre. Non pas seulement à cause de la valeur qu’on donne aux ministres sous le régime du Changement. Mais surtout à cause des options souvent suicidaires du premier Magistrat, à qui on fait plusieurs reproches. D’abord il ne tient pas souvent ses engagements et sa tendance à être sur tous les fronts à la fois au point d’ignorer l’essentiel l’empêche jusque-là de se faire de bons partenaires politiques. Et à défaut d’un groupe d’hommes politiques sérieux, ce sont plutôt des profiteurs et à la limite des menteurs et trompeurs qui l’entourent jusque-là. Résultat, c’est trois ans d’errement politique, de stratégies mal mûries, de précipitations sur tout, de gestion hasardeuse de deniers publics et de mise à l’écart des vraies valeurs. Il semble que c’est encore une équipe du genre et sans une base politique qui se prépare à prendre le relais. A la place des actuels ministres qui ont vraiment montré leur limite. C’est ceux d’entre eux qui faisaient la grande gueule qui lui ont conseillé le black out sur les accords avec l’Alliance Wologuèdè. Avec des stratégies inopérantes pour en finir avec les partis politiques traditionnels. Ce sont les mêmes qui ont poussé le président Yayi Boni à ne pas respecter le mémorandum signé avec le groupe de députés devenu G 13. Ils lui font miroiter les multiples avantages à être du groupe Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) qui n’est en fait d’aucun intérêt pour lui. Les résultats sont là. Sans oublier la guerre qu’ils l’ont aidé à déclencher contre les acteurs de première heure du changement. Autant de situations qui ont été entre temps envenimées par les intérêts divergents des siens. Provoquant aussi des démissions, la démultiplication des Fcbe et des coups bas contre le chef de l’Etat à l’Assemblée nationale. Et de fil en aiguille, le président Yayi Boni s’est coupé du monde.
Les contraintes d’une nouvelle équipe gouvernementale pour Yayi Boni
En fait, ce n’est pas en premier par le biais d’une nouvelle équipe gouvernementale que le président Yayi Boni aura la solution à ses problèmes. Parce qu’il ne servira à rien pour lui de remplacer pour remplacer. Surtout qu’aussitôt sortis du gouvernement, ses anciens ministres se retournent contre lui. Pour aller prêter main forte à l’opposition. En réalité, à 15 mois environ de l’échéance fatidique de 2011, Yayi Boni devrait plutôt réorganiser sa troupe et non les diviser comme c’est le cas actuellement. Car, il s’agit d’abord pour lui aujourd’hui de revoir le mal à la racine et de lui trouver la thérapie nécessaire. Dans le cas d’espèce où ses poulains évoluent en rangs dispersés, le chef de l’Etat gagnerait à rechercher ce qui fâche autour de lui au point où sa majorité a du mal à adopter une même ligne de conduite au Parlement. Il s’agit de redonner confiance aux uns et aux autres et de restaurer la sérénité. Dans le cas contraire, un remaniement ministériel qui intervient dans ces conditions risque plutôt d’aggraver la crise et lui assurer l’échec en 2011. Parce que le fossé se creuse de plus en plus entre lui et les siens. Dans le septentrion où il espère faire ses meilleurs suffrages, il y a le phénomène Abdoulaye Bio Tchané (Abt) qui gagne du terrain et ne laisse personne indifférent dans tout le pays. Et on marche tous les jours là-bas pour le changement. C’est sur les initiateurs de ces faux mouvements que Yayi Boni compte malheureusement pour former ce quatrième gouvernement. Au lieu de jouer un franc jeu avec les vrais acteurs politiques. C’est justement ce qui divise aussi dans les Collines où Désiré Adadja, Nicaise Fagnon, Edgar Alia, André Dassoundo, Jean Gounongbé, André Okounlola, Comlan Essouan Dègla et bien d’autres leaders d’opinion de la mouvance ont du mal à s’entendre. Or, il fallait régler ces difficultés avant la formation d’un gouvernement. Car, en privilégiant certains au détriment d’autres, le chef de l’Etat tombe dans leur piège et se crucifie.
Un soutien de loin à l’opposition
C’est le projet de candidature unique de l’opposition qui fait perdre le plus de temps au président Yayi Boni. Et au lieu de laisser le jeu se faire pour en récolter les fruits, il cherche à donner des instructions sans savoir réellement les dessous des négociations. Résultat, il a perdu le budget général de l’Etat gestion 2010 en comptant seulement sur la Renaissance du Bénin. Alors qu’il aurait pu prendre son destin en main si tant est qu’il tenait à finir avec la vieille garde de la classe politique dès son élection en 2006. En plaçant simplement Bruno Amoussou à l’Assemblée nationale en lieu et place de Mathurin Nago qui est tombé comme un cheveu dans la soupe. Car, sans un Bruno Amoussou, l’Alliance ‘’Union fait la nation’’ est un œuf vide. De deux, il s’est trompé en arrêtant Séfou Fagbohoun qui devrait l’aider à con tenir les ardeurs de Me Adrien Houngbédji dans l’Ouémé et le Plateau pour 2011. A toutes ces erreurs, vient s’ajouter la pagaille des siens sur le terrain. Pendant qu’il était en discussion avec les Soglo, certains de ses partisans complotent pour lui enlever la mairie de Cotonou. Ailleurs, ce sont les palais royaux fortement entretenus par l’opposition qui sont pris d’assaut par ses partisans. Et beaucoup d’argent est parti en fumée pour rien. Dans la logique des gens, c’est qu’il y a de l’argent public à dépenser et ils viennent prendre leur part et sans engagement consistant. La seule condition est de justifier qu’on est un militant « cauris ». La tromperie en quelque sorte. C’est dans cette vague de faux vrais militants cauris que viendront à coup sûr les nouveaux membres du gouvernement. Une fois au gouvernement, ils vont se mettre pleines les poches avant de se retourner contre le président Yayi Boni qui met du temps à connaître le Béninois.
Jean-Christophe Houngbo (Br. Ouémé-Plateau
Source: LEMATINAL