Chronique du jour
Fronde sociale au Bénin: Prévenir à tout prix
22-10-2009
L’année 2010 s’annonce lentement et sûrement dans un contexte de crise économique et financière qui vide à petit coup la tirelire de l’Etat, suscite l’inquiétude des bailleurs de fonds, creuse sans pitié le ventre du pauvre citoyen. A quelques encablures de cette période fatidique, le peuple dresse le bilan de l’année qui s’achève tout en jetant un regard anticipé sur l’exercice à venir. Le budget de l’année 2010 subit ses ultimes toilettages alors que les travailleurs grisés par le manque de satisfaction de bon nombre de leurs revendications font grise mine. Une mine qui s’apparente aux nuages qui annoncent la tempête. Une tempête sociale qui risque une nouvelle fois de s’abattre sur la République si le baromètre étatique ne signale pas le plus tôt possible le mauvais temps à venir.
Ceci puisque nul n’ignore dans les méandres du pouvoir que les travailleurs s’apprêtent à réagir dans les semaines à venir. Les centrales syndicales peaufinent sans doute les stratégies de protestation et multiplient les concertations. Petit à petit, l’oiseau revendicateur fait son nid en attendant que les infatigables marcheurs ne s’abattent dans les rues telles des hirondelles qui vont accueillir le printemps. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les problèmes liés à l’éducation, les difficultés du secteur médical, les ennuis en milieu portuaire, la situation des contractuels, la misère des retraités ou encore la grogne des cheminots vont refaire surface tel le phénix qui renaît de ses cendres. Dans pareille circonstance, au lieu de laisser la gangrène infecter la plaie ou de pleurer sur le lait déjà renversé, l’Etat se doit de réagir et de prévenir pour ne pas tenter vainement de guérir par la suite un mal qui s’est déjà enraciné. Mais qui dit Etat ne dit pas uniquement le gouvernement. Afin d’éviter qu’un dialogue de sourds, qu’un combat de gosier ou qu’un face à face d’aveugles ne s’installe une nouvelle fois entre les deux inévitables adversaires que sont le gouvernement et les syndicats, il serait réellement souhaitable que dis-je ? II serait recommandable que certains acteurs de la vie publique s’impliquent dans ce que je pourrais appeler une médiation préventive et salvatrice. Le médiateur de la République est appelé à se signaler, le haut commissariat à la gouvernance concertée devrait se manifester alors que la société civile est appelée à faire valoir ses atouts patriotiques. Dans le même temps, la classe politique et la presse ont le devoir d’apaiser la tension au lieu de la raviver. Etudier d’ores et déjà les attentes des travailleurs et les évaluer en fonction des moyens de l’Etat qui, à l’instar de la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, j’ose croire ma foi que ce ne serait pas une vaine tentative. Après tout, n’a-t-on pas dit que l’union fait la force ? Par ailleurs, avec une dose de réalisme et un peu d’effort de part et d’autre, la situation sociale de la patrie pourrait connaître des lendemains meilleurs car comme on le dit souvent dans notre jargon populaire, seul le dialogue paie. Enfin ! C’est du moins ce que je crois.
François MENSAH
Source: FRATERNITE