JOURNEE DE LA FEMME AU BENIN: UNE RECUPERATION POLITIQUE HONTEUSE ET UN FOLKLORE QUI DERANGENT
15 MARS 2010
Par Benoît ILLASSA
La journée internationale des droits de la femme (ou journée internationale des femmes) est célébrée le 08 mars de chaque année et trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XX° siècle en Europe et aux U.S.A., réclamant l'égalité, de meilleures conditions de travail et le droit de vote.
Elle a été officialisée par les Nations unies en 1977, invitant chaque pays de la planète à célébrer une journée pour les droits des femmes.
Il s'agit d'une journée de manifestations à travers le monde: l'occasion de revendiquer l'égalité, de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société. Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des manifestations partout dans le monde, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition des femmes, fêter les victoires et les avancées.
UNE RECUPERATION POLITIQUE HONTEUSE AU BENIN
La journée de la femme, édition 2010, s'est transformée en journée de propagande politique à outrance par le gouvernement des change-menteurs béninois. En effet, depuis le 08 mars 2010, il n'y a pas un seul jour où l'O.R.T.B. (Office de la Radio et Télévision du Bénin) ne rapporte les images de la propagande politique de certaines femmes béninoises qui vont narguer leurs sœurs dans toutes les contrées du pays. Les ministres du gouvernement, hommes et femmes, ne sont pas en reste de cette démonstration avilissante pour les femmes de notre pays. C'est comme si, depuis 1977, la femme béninoise venait de découvrir cette journée et devrait la célébrer pour les avancées de ses droits.
En réalité, la femme béninoise est l'ennemi de ses propres sœurs. Elle aurait dû profiter de cette journée pour méditer le sort fait aux « vidomègons » (ces jeunes filles esclaves qui travaillent de cinq heures du matin à minuit au service des femmes pseudo-intellectuelles et/ou pseudo-lettrées qui les emploient). Ces jeunes filles sont corvéables à merci. Elles n'ont ni contrat de travail, ni protection sociale. Elles sont recrutées par la « maîtresse de la maison » et subissent ses humeurs. Elles n'ont ni le droit de manger à sa table, ni de protester. Elles travaillent sept jours sur sept !!!
Une autre réalité qui montre que l'esclavage a toujours cours au Bénin de 2010 est le sort réservé aux jeunes filles qui font l'apprentissage de la couture ou de la coiffure. En leur qualité d'apprenties, non seulement elles doivent payer leurs « maîtres », mais elles sont à sa merci de sept heures à 23 heures et corvéables à merci pendant une période qui peut varier de trois à cinq ans. Là aussi, elles n'ont ni contrat d'apprentissage, ni protection sociale.
Il arrive que parfois, certaines bien malines d'entre-elles renversent les rôles en prenant carrément le mari de la maîtresse. Naturellement, l'instinct masculin de prédateur reste le même devant une belle apprentie, malgré la différence du statut social !!!
Bien entendu, toutes ces pratiques violent les règles de l'Organisation Internationale du Travail (O.I.T.). C'est sur un terrain comme celui-là que les femmes béninoises doivent consacrer les réflexions de la journée du 08 mars et non sur des festivités qui n'honorent pas leurs auteurs.
UN FOLKLORE INACCEPTABLE POUR LES FEMMES BENINOISES
Dans les reportages de l'O.R.T.B. précités, les agents de la propagande du gouvernement chancelant se sont drapés dans des costumes locaux, du pied à la tête. C'est à qui se montrera la plus belle dans ses atours pour aller narguer les pauvres femmes des villes et des campagnes. Pourtant, on se souvient que sous le régime du PRPB, ces uniformes indécents étaient interdits.
En effet, des femmes qui ne veulent pas être du reste s'endettent pour s'offrir leurs uniformes. Au lieu de réfléchir sur leur situation, elles auront des mois de privation pour rembourser leurs dettes. Pendant ce temps, les « envoyés spéciaux » et « autres porteurs de bonnes paroles » auront perçu leurs indemnités de déplacement, leurs bons d'essence et auront laissé la poussière et le dénuement aux vaillantes femmes et filles de nos villes et campagnes.
On aurait aimé connaître le montant utilisé par les griots de Yayi Boni pour célébrer la femme béninoise de cette façon honteuse. Il eût été plus judicieux, pour les gouvernants, à cette occasion, de porter symboliquement les sommes prêtées aux femmes pauvres de 30.000 FCFA (45 euros) à 65.000 FCFA (100 euros) au titre de la micro finance.
Benoît ILLASSA