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26/02/2010

 

La Conférence nationale béninoise : instrument de reniement, de pardon, et de promesse

 

Les non-dits

 

20 ans après la Conférence des forces vives de la nation, la fierté des Béninois demeure grande quand ils pensent ou parlent de cet événement fondateur de leur renouveau démocratique. Et pour cause ! Un peuple qui était au fin bord du précipice de la dislocation généralisée, se resserre les coudes pour saisir, amis et adversaires ensemble, un fragile radeau de sauvetage et se tourner vers un nouvel horizon d’espoir. La grandeur et la signification de la Conférence relèvent du registre des événements d’où les peuples tirent leurs mythes fondateurs, et que l’histoire ne donne pas aux nations de vivre plusieurs fois. Si d’autres peuples s’enorgueillissent de leur sous-sol, de leur sol, de leur gratte-ciel, du nom de leur nation ou de leurs équipes de sport, nous, nous pouvons, et devons nous prévaloir de cet événement qui nous vaut encore d’exister en tant que nation pacifique, et qui est la source de notre démocratisation elle-même.

 

Or, pour nous comprendre nous-mêmes, il suffit de nous observer en tant que peuple dans notre relation envers cette historique Conférence.
Il n’y a pas de rue, de centre, de salle, de site internet… à peine y a-t-il un chant ou deux, une leçon d’école ou deux, une petite dizaine de livres, qui permettraient de garder la mémoire et de la passer à la génération montante. En deux décennies, certains acteurs ne sont plus de ce monde, et les souvenirs commencent par se faire vagues chez la plupart des témoins qui vivent encore. Officiellement, les archives audio, vidéo, photographiques et écrites ne sont ni complètes, ni disponibles, ni organisées. Les fonds documentaires auxquels on peut accéder sont privés pour la plupart. Et s’il en est ainsi de ce qui est dit et qui aurait pu être mieux conservé, qu’en est-il alors des non-dits ? Au fur et à mesure que les années avancent, ce qui reste de film et d’audio ne dira plus rien, ou si peu, aux Béninois de demain. Un effort supplémentaire est nécessaire pour restituer les sous-entendus et les non-dits de l’avant, du pendant et de l’après Conférence nationale. C’est cet effort que La Croix du Bénin entame dans cette édition spéciale.


Maintenant que nous pouvons difficilement nous parler les uns aux autres, nous devons mieux comprendre d’où nous venons, afin de voir plus clair sur le chemin vers un meilleur avenir.

Abbé André S. Quenum

 

La Conférence nationale béninoise : instrument


Sêgnon Gilles Badet, Juriste


Que ce soit par rapport à l’avenir marxiste léniniste qui était programmé dans la Constitution de 1977 ou par rapport au passé dictatorial du régime en place, la Conférence nationale aura été à la fois un instrument de reniement (retour sur un engagement pris dans le passé sur l’avenir commun du peuple) et un outil de pardon (refus de prendre en compte, dans l’avenir, des actes du passé qui divisent, qui fâchent ou qui opposent une partie du peuple contre une autre partie du peuple). Au même moment, la Conférence nationale a permis de lier l’avenir, sans pour autant renier tout ce qui constituait le passé du Bénin. Elle a donc offert l’occasion aux Béninois de faire une promesse à eux-mêmes. Ils se sont ainsi lancé un défi par rapport à leur avenir. Enfin, le passé n’a pas été entièrement rejeté car une certaine dose de nostalgie pointe dans certains résultats de la Conférence nationale.

 

Le reniement


Le rejet du projet marxiste. De 1988 à 1989 au Bénin, deux temps sociaux étaient en œuvre simultanément.


Le premier, c’est le temps des millions de Béninois désabusés par le marxisme léninisme et ce qu’ils considèrent comme ses méfaits, c’est à dire la disparition ou l’exil de citoyens «opposants» au régime, l’absence totale de libertés, la faillite politique économique et sociale généralisée, l’absence de salaires pendant des mois, l’avènement de la «débrouillardise», des passe droit, de la fraude, de la corruption et de la contrebande comme moyens de survivre. Cette majorité de Béninois avait choisi la grève généralisée comme moyen de revendiquer ses droits, n’hésitant pas, à plusieurs reprises, à affronter les forces de répression. Le départ du Président de la République et l’avènement d’une société démocratique étaient pour eux les seules issues possibles de sortie de l’impasse.


Le deuxième temps, c’est celui des hommes au pouvoir. Se déroulant simultanément au premier temps, il est caractérisé par la poursuite de la référence au marxisme léninisme dont les dirigeants disaient dès 1977 qu’il permettrait l’avènement au Bénin d’«une société où il fera bon vivre pour chacun et pour tous, la société socialiste». Pour ceux-ci, le temps est encore à l’inauguration d’une «Place Lénine»1. C’est le temps où le Président Kérékou, déclarait encore dans les colonnes d’un journal panafricain «on ne dira jamais de moi, voici l’ancien président du Bénin, mais voici sa tombe. La crise est grave mais trop de «criticailleurs» en profitent...Le multipartisme ne me semble pas aujourd’hui une priorité»2 . C’était le temps des interdictions d’attroupement, le temps où l’armée avait reçu l’ordre de tirer sur tout manifestant alors que les manifestations étaient devenues l’un des rares moyens d’expression.


En présence d’une pareille différence entre deux temps aussi opposés mais se déroulant simultanément, on peut diagnostiquer avec François Ost3 que c’est «la paralysie» «la dislocation» ou «la fracture sociale» qui menaçaient, c’était en un mot le «risque de la détemporalisation». En pareille situation, conseille l’auteur, il faut trouver «un mécanisme régulateur susceptible d’assurer l’embrayage de ces forces diverses qui font chacune leur chemin». Il faut « articuler ces deux temps », sortir de l’impasse politique.


En adoptant parmi ses résolutions, la suspension de la Constitution marxiste léniniste censée fournir un avenir de rêve aux Béninois mais qui leur a plutôt donné des cauchemars, la Conférence nationale a délié l’avenir, elle a remis en question le choix d’un avenir que le peuple et ses dirigeants avaient fait et dont ils constataient aujourd’hui, ensemble, l’échec. Le Président Kérékou, n’a t-il pas d’ailleurs lui même déclaré, devant les délégués de la Conférence nationale, qui lui ont répondu par un tonnerre d’applaudissements «Si l’expérience prouve que notre option socialiste, au lieu de rassembler tous les fils de ce pays, a au contraire réussi à les disperser, pourquoi ne pas remettre en cause une telle option?»4 La Conférence nationale aura donc été un puissant instrument de remise en question, de déliaison de l’avenir.
Mais comme l’avenir, le passé avait besoin lui aussi d’être délié.

 

 

Le pardon


L’amnistie accordée aux tortionnaires. C’est en utilisant «la plus importante et la plus controversée «des «figures du pardon social»5 qu’est l’amnistie que la Conférence nationale béninoise a réussi à délier le passé, à «retourner le sablier». Sur recommandation de la Conférence nationale, deux lois d’amnistie seront adoptées pendant la période de transition par l’organe législatif de transition. Il s’agit de la «loi n°90-028 du 9 octobre 1990 portant amnistie des faits autres que des faits de droit commun commis du 26 octobre 1972 jusqu’à la date de promulgation de la présente loi» et de la «loi n° 91-013 du 12 avril 1991 portant immunité personn-elle du président Kérékou». Cette amnistie générale, dont bénéficiaient les dictateurs et les tortionnaires de l’époque marxiste léniniste, dépouillait rétroactivement de leur caractère délictueux les arrestations arbitraires, les tortures, les brimades, spoliations, etc... Pour cela, elle n’a pas fait l’unanimité. Et on peut se demander dans quelle mesure cette amnistie ne contribue pas à l’ambiance générale d’impunité qui règne aujourd’hui au Bénin. Toujours est-il qu’à l’époque, l’amnistie avait ses partisans. Même ses adversaires, en formulant leurs critiques, prenaient toujours soin de reconnaître qu’il fallait l’admettre. Ainsi le professeur René Ali Yérima fait-il remarquer que «même s’il faut l’admettre pour la paix et l’unité nationale, l’empêchement de l’exercice de la poursuite pénale pourrait encourager la commission d’actes similaires répréhensibles, voire favoriser l’impunité»6. Cette critique qui approuve l’essentiel, c’est à dire l’amnistie, le pardon,la déliaison du passé, montre que l’initiative avait rencontré l’adhésion populaire. Pour la plupart des Béninois, c’était, comme dans le cas de l’Édit de Nantes en 1598 ou de la Nouvelle Calédonie en 1988, «un geste de miséricorde destiné à serrer les rangs après l’épreuve». Il s’est agi de «se contenir et de vivre ensemble comme frères, amis et concitoyens»7. Ce n’était pas l’oubli, mais «un geste de pardon pour que la vie reprenne et continue, pour que la réconciliation puisse l’emporter sur la violence et l’affrontement, pour que la paix de nouveau, ait ses chances»8. La preuve supplémentaire de la sincérité de ce coup d’éponge sur le passé est que lors de l’élection présidentielle qui a eu lieu en Mars 1991, le président Kérékou a, face à une quinzaine de candidats, occupé le deuxième rang. Et, en 1996, comme pour définitivement prouver qu’il avait obtenu le pardon du peuple béninois, c’est par les urnes qu’il revient au pouvoir en battant celui qui lui avait succédé à la tête de l’Etat cinq ans plus tôt. Tout cela montre que l’amnistie en tant que pardon social était un choix libre et sincère du peuple béninois réuni en Conférence nationale.

 

La promesse

 


Créer un État respectueux des droits de l’homme. La Conférence nationale a mis en place une commission constitutionnelle à laquelle elle a indiqué les grandes lignes à suivre: la création d’un Etat de droit et de démocratie pluraliste où l’élection est le seul mode d’accession au pouvoir et les mandats sont limités, un Etat où les droits de l’homme sont reconnus promus et respectés, un Etat qui opte pour le libéralisme économique, un régime présidentiel des institutions de contre poids telles qu’une Cour constitutionnelle, une instance de régulation de la communication, une Cour suprême comportant une chambre judiciaire, une chambre des comptes et une chambre administrative. Elle a ensuite mené jusqu’à son terme, par l’intermédiaire des organes de transition qu’elle avait installées, l’adoption définitive par référendum (93,2%) de la nouvelle Constitution. Dans le préambule de cette Constitution, après l’évolution politique du Bénin de son indépendance jusqu’à la Conférence nationale, on peut lire qu’au lendemain de cette Conférence, nous peuple béninois,... affirmons solennelle-ment... notre détermination de créer un Etat de droit et de démocratie pluraliste, dans lequel les droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis, protégés et promus comme la condition nécessaire au développement véritable et harmonieux de chaque béninois tant dans sa dimension temporelle, culturelle que spirituelle». Comment ne pas se rappeler en lisant ces mots, de la Constitution américaine de 1791 ou de la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789? Cette impression se confirme amplement quand le rapporteur de la Conférence écrit: «Nous avons décidé de nous transformer en Etats généraux de la Nation...»9 Au Bénin en 1990, comme en France en 1789 ou en Amérique en 1791, il s’est agi de lier l’avenir par une promesse juridico- politique commune forte. Le contenu de la nouvelle Constitution béninoise confirme que cette promesse, c’est le respect des droits fondamentaux. Il est ainsi dressé une longue liste de droits et devoirs de la personne (article 7 à article 40) dans laquelle on retrouve les droits de toutes les générations, ainsi que des devoirs. La Constitution innove même concernant la reconnaissance des droits et devoirs. Son article 7 énonce ainsi que «les droits et devoirs proclamés et garantis par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ...font partie intégrante de la présente Constitution et du droit béninois «L’article 19 prévoit que l’individu est délié du devoir d’obéissance lorsque l’ordre de son supérieur constitue une violation des droits de l’homme et il a l’obligation de résistance en cas de prise de pouvoir par la force. Quant à l’article 68 qui prévoit la prise par le Chef de l’Etat, en période de crise, de certaines mesures exceptionnelles, il prend soin d’ajouter que ces mesures doivent être prises «sans que les droits des citoyens garantis par la Constitution soient suspendus». La question de la protection des droits ainsi proclamés a également fait l’objet d’une attention particulière. Ainsi, une Cour constitutionnelle, dont la saisine est ouverte à tout citoyen, est créée et on lui confie, en dehors des attributions classiques de contrôle de constitutionnalité des lois (et de «tout acte» indique t-on), le pouvoir de statuer sur les cas de violations de droits de l’homme. Elle peut même, en la matière, s’autosaisir. C’est une véritable promesse que les Béninois se font à eux mêmes en adoptant cette nouvelle Constitution à 93%. Mais cet acte de projection dans l’avenir n’a pas pour autant provoqué un rejet complet du passé.

 

La nostalgie


Assurer le maintien des valeurs traditionnelles et ancestrales positives. Ce n’est pas parce que le Bénin rentre dans l’ère de la protection des droits de l’homme que le Béninois va perdre ses valeurs traditionnelles. Il est donc reproduit dans le texte constitutionnel les valeurs de «l’âge d’or» de l’Afrique, l’âge auquel la solidarité et le partage étaient sacrés. L’article 29 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples obligeant à respecter, nourrir et assister ses parents et qui fait désormais partie de la Constitution béninoise, s’explique ainsi par la nostalgie de ce passé. Et d’autres exemples peuvent être cités. Le souci de ne pas abandonner les coutumes ancestrales se manifeste encore dans l’article 98 de la Constitution qui prévoit la procédure par laquelle «les coutumes seront constatées et mises en harmonie avec les principes fondateurs de la Constitution». Tout cela montre que, pour les délégués à la Conférence nationale et particulièrement les membres de la Commission constitutionnelle qui ont proposé le maintien de ces valeurs ancestrales positives, et pour le peuple qui l’a massivement accepté, tout n’est pas négatif dans le passé et sans s’enfermer dans une nostalgie négative de l’éternité, on peut réussir à tirer des éléments positifs du passé. Le code des personnes et de la famille récemment adopté démontre cette volonté de combiner l’évolution des choses avec les aspects positifs de nos traditions ou coutumes.


En conclusion, on peut constater avec le Professeur Maurice Kamto que «la Conférence nationale béninoise n’a pas seulement été un instrument de remise en question collective. Elle a aussi été une occasion de recherche concertée des voies du futur», «un véritable moyen de briser le mur de haine qui s’est élevé entre les différentes composantes de la communauté, de restaurer l’Etat et d’organiser la résurrection nationale.»10 S’il fallait encore douter de cette lecture de l’événement, on renverra seulement aux derniers mots de la Conférence, derniers mots livrés par le rapporteur général, le Professeur Albert Tévoédjrè: «Nous avons vaincu la fatalité».

 

 

Notes


1 Cette cérémonie a lieu le 11 décembre 1989, cf. Philippe Richard, Émergence et réalisation d’un État de droit, l’exemple du Bénin, in Pierre Arsac, Jean-Luc Chabot et Henri Pallard, Etat de droit, droits fondamentaux et diversité culturelle, Paris, L’Harmattan, 1999, pp. 137-164.


2 Déclarations au journal Jeune Afrique, décembre 1989.


3 François Ost, Le temps du droit, Paris, Odile Jacob, 1999; cf. aussi, «Le temps, quatrième dimension des droits de l’homme», loc cit.


4 Cf. Eboussi Boulaga, op. cit., p. 75


5 Cf François Ost, Le temps du droit, op. cit. , p. 143.


6 René Ali Yérima, «La lutte contre l’impunité: réflexion sur l’expérience du Bénin», Démocratie et Développement, Revue de science politiques du Gerdes-Afrique n° 009, mars 1996, pp. 2-13.


7 Extraits de l’Edit de Nantes cité par François Ost, op. cit. p. 146.


8 François Ost, op. cit. , p. 145, citant l’allocution de M. Michel Rocard, premier ministre français devant les députés français lors de l’adoption d’une loi d’amnistie après les événements de la Nouvelle Calédonie en 1988.


9 Cf rapport général de la Conférence nationale, in, Eboussi Boulaga, op cit, p. 179-194, spécialement, p 183.


10 Maurice Kamto, L’urgence de la pensée, Yaoundé, Mandara, 1993, particulièrement p. 149.

 

Mémoires inédits des préparatifs, 20 ans après

 


Au moment où le Bénin fête 20 ans de sa Conférence nationale, en tant que pionnier d’une aventure politique réussie en son temps, il est de bon ton de comprendre aussi ce succès à l’époque difficile à mettre à l’essai ailleurs dans d’autres contextes sur le continent, par la teneur de l’organisation.


En levant un coin de voile sur certains aspects politiques, sur certaines des manœuvres ou manigances, certaines paroles, faits et gestes et sur certains dispositifs de circonstance au cours des préparatifs, des témoins et artisans au premier plan nous donnent de mieux capitaliser cette expérience inédite pour en tirer leçon aujourd’hui et pour la postérité, à défaut de pouvoir reproduire les enjeux en tant que tels.
En ces derniers jours de l’année 1989, comment ne pas penser que Mathieu Kérékou en est arrivé à la conviction édictée dans l’un des cantiques révolutionnaires de ce temps, qui s’entonne en ces mots : «Nous ne pouvons plus reculer, nous l’avons décidé…»

 

Et ainsi surgit un comité


Aux dires de certains témoins, acteurs de première main de la Conférence, notamment autour des préparatifs, c’est sur convocation par Godefroy Johnson, alors secrétaire général du Gouvernement, qu’ils se sont retrouvés au palais de la Présidence cette après-midi de décembre 1989, sans savoir au préalable l’objet de la réunion pour laquelle le chef de l’Etat les a fait appeler. Arrivés certains plus tôt que d’autres, les premiers venus cherchent en vain à recueillir des bruits de bottes sur ce qui va se passer réellement. N’ayant rien aperçu d’avance ni sur le sujet ni sur la salle de la rencontre, l’un d’eux se dirige avec ses pairs dans la salle habituelle de réunion du conseil des Ministres. Quelques instants plus tard, le président Kérékou les rejoignant dans cette salle, constate qu’ils sont d’ailleurs bien assis d’un même côté de la grande table. Et, sans plus même s’asseoir, il leur lâche d’un bout à l’autre : «Vous avez déjà un président et un vice-président, mettez-vous au travail et voyez le reste entre vous». Et sans plus écouter ses interlocuteurs, il sort de la salle. Sans que la mission soit clairement stipulée par le chef de l’Etat – comme il se doit à cette époque – et que le format de convocation de ces assises soit convenu d’avance, Mathieu Kérékou vient de donner le ton pour un revirement de l’histoire politique en Afrique.


«Des huit membres du comité préparatoire que nous étions, un seul était partisan du Prpb, c’était Ousmane Batoko», nous confie un des membres. Le décret du 18 décembre 1989 qui porte institution du comité préparatoire de l’organisation des travaux de la Conférence nationale précise bien le cadre de cette mission, ses objectifs et les attentes (du chef de l’Etat qui en a pris finalement l’initiative). Il prévoit la fin des travaux de ce comité pour le 31 janvier 1990 au plus tard.

 
Deux mois de travail d’arrache-pied commence donc pour l’équipe qui a à sa tête l’avocat Me Robert Dossou, alors ministre du Plan. On ne saurait dire que le Général Kérékou a pris la décision d’organiser la Conférence nationale sous quelque contrainte que ce fût. Pourtant, les pressions fusaient de partout, et surtout certains de ses pairs de la sous-région cherchaient à savoir ce qui arrivait à leur homologue du Bénin. De sources concordantes, le chef de l’Etat, chef du gouvernement dont sont membres à cette époque la plupart de nos témoins, est un chef mêlant le sérieux de ses décisions d’un humour soldatesque à vous déboussoler. L’un d’eux, Pierre Osho, à l’époque directeur du Cabinet du président de la République, fait aussi constater ce côté personnel caractérisant l’homme d’Etat et l’autorité qu’est Mathieu Kérékou.

 
Ainsi survient le comité préparatoire, ainsi commencent les prémisses d’une concertation générale des forces vives, qui permettront d’apaiser les tensions et d’engager l’histoire politique de ce pays vers des horizons nouveaux.

 

 

Nous sommes sous l’orage du 19 février 1990


Le climat national s’est petit à petit dégradé au bout d’une nouvelle année faite de crises sociales dans presque tous les secteurs. Le Général président et son équipe gouvernementale essentiellement composée de membres du parti-Etat se trouvent dos au mur et sont à la recherche urgente de solutions pour une sortie de crise. Les pressions vont s’intensifiant de l’intérieur surtout, et cela va sans dire, comme de l’extérieur : déclin du bolchévisme soviétique sous Mikhaïl Gorbatchev, avec sa Perestroïka et son Glasnost, entériné par une succession de séismes idéologico-politiques en Europe de l’Est, la chute du Mur de Berlin sur les discours insistants faits de prises de position de Jean Paul II, l’assassinat de Nicolae Ceauşescu en Roumanie, et cætera. La guerre froide essoufflée, la bipolarisation du monde ébréchée, les Balkans en bouillonnement, l’ouragan donne déjà de ses grands signes dans le ciel de l’Afrique en effervescence populaire.


Au Bénin, une brèche va se faire, par un concours de circonstance, avec l’entrée au gouvernement, le tout dernier du Prpb, de nouveaux cadres, notamment Me Robert Dossou et feu le professeur Germain Kadja, deux universitaires, et d’autres hommes en uniforme. La nécessité d’ouverture aux aspirations des forces vives – et non plus des masses populaires, selon le lexique révolutionnaire en désuétude – ne se fait plus attendre. Assiégé au quotidien par les remous de citoyens engagés pour le grand nombre dans l’anonymat et dans la clandestinité, le régime et surtout son chef n’en peuvent plus de continuer à ramer à contre-courant des attentes qui ont poussé à son paroxysme la crise sociale et économique.

 

 

La fiche du DC Osho

 


En cette veille de février 1990, où le sort du régime se décide de plus en plus au sein des sensibilités politiques et à travers des tracts à foison, la note de service adressée par le DC Osho au chef de l’Etat, rendant compte de son entretien avec l’ambassadeur français, se retrouve, par on ne sait quelle alchimie politique, dans la rue ! Mathieu Kérékou aurait-il eu du génie à soumettre cette note à l’appréciation du peuple pour en prendre le pouls et persuader, par ce coup de stratège, les caciques non encore décidés à perdre la face ?


De fait, Guy-Marie Azaïs, alors ambassadeur de France près le Bénin, demande en vain à avoir un tête-à-tête avec le chef de l’Etat sur la situation du pays. Il a finalement droit à un entretien avec son DC qui, par suite, lui fait le point de leur discussion par fiche.

 

 L’ambassadeur français, entre autres suggestions, invite à revoir certaines lourdeurs du système dont l’idéologie marxiste-léniniste devenue abjecte. Au fait, dans ces circonstances orageuses de l’intérieur comme de l’extérieur où des changements ont déjà pris cours, faisant le deuil des révolutions et mettant fin, sur le plan de la géopolitique internationale, au clivage Ouest-Est de la guerre froide, Mathieu Kérékou n’a rien de plus pressant que ses pairs du voisinage ouest-africain ou d’ailleurs en Afrique au sud du Sahara. Pour lâcher la bride, et se voir dire « démissionne ! », au cours des assises de février 1990 au PLM Alédjo.

 

Le poids des préparatifs


Robert Dossou, Pancras Brathier, Saliou Aboudou, Salifou Alidou, Ousmane Batoko, Paul Irénée Zinsou, feu Germain Kadja et Amos Elègbè reçoivent alors mandat, à l’installation du comité préparatoire le 22 décembre 1989, de meubler le cadrage de la palabre d’Alédjo. Dès lors, ces artisans se sont fixé leur propre mode de travail, leur lieu de séance. Le plus souvent, comme convenu, ils se retrouvent tous les jours à 16h dans une salle au ministère de l’Intérieur en face de la présidence de la République, et travaillent sans qu’aucune injonction ne leur survienne de la part du président Kérékou. Les tâches prévues et les objectifs de la mission sont prescrits par le décret présidentiel du 18 décembre 1989 portant création dudit comité. Les membres du comité décident avant tout de mieux cerner leur mission en procédant à une meilleure compréhension de ce document officiel.  


préparatoire

de reniement, de pardon, et de promesse


Les organisateurs ont donc eu de bons réflexes en ce moment, en provoquant le peuple à faire parvenir ses aspirations de façon plus officielle, marquant un intérêt pour tant de bonnes idées de solution répandues dans les tracts. Presque toutes les idées discutées à la Conférence étaient présentes dans les milliers de pages de suggestions envoyées d’un peu partout par les citoyens les plus ordinaires. Reçu au cours d’un journal télévisé de l’Ortb un soir par Jean Houalakouè, journaliste de grande renommée, de regrettée mémoire, le ministre de l’Intérieur appelle les regroupements clandestins et autres cercles de réflexion à se constituer en «sensibilités politiques ou religieuses» sur la base de la loi de 1901. Ceci a conduit cahin-caha à recueillir les nombreuses aspirations des citoyens en guise de contributions et propositions de voies de résolutions de la crise. Ces documents de base collectés par les organisateurs sont ensuite soumis à un comité de cadres qui ont réalisé un document-cadre sous forme de tableau synoptique des documents préparatoires des assises.

 
L’ambiance est encore à la réticence chez les animateurs des sensibilités politiques et chez tout le peuple. Le doute pèse encore sur la bonne foi du président Kérékou et les motivations des membres de ce comité préparatoire dirigé par cet avocat qui, quelques mois auparavant, a pris le parti du peuple meurtri. Que (se) trame-t-il au dos du peuple? Qui peut croire à cet appel à la palabre d’Alédjo ? Personne n’y croit : ni les groupes ou cercles d’individus qui se sont multipliés, encore moins les membres du régime en déconfiture. Subitement, un revirement va s’opérer en faveur de cet appel lancé par le régime Kérékou, et au bout de deux mois de remue-méninges, de travail assidu d’organisation et de planification mais aussi de tactiques d’incitation mises en œuvre par les organisateurs, la participation à ces assises est plutôt devenue une question de bousculades au sein des «sensibilités politiques», dans les couloirs du ministère de l’Intérieur, et ce, jusqu’aux portes de l’hôtel Plm Alédjo le 19 février 1990.


Dans cet espace de deux mois environ des préparatifs, le Bénin a inquiété plus d’un parmi les chefs d’Etat voisins. Feu Gnassingbé Eyadéma a même demandé à en savoir sur les schémas prévus par les organisateurs et les tenants et aboutissants de cette Conférence. À une rencontre au cours d’une mission à Lomé au cours des travaux préparatoires, le 14 janvier 1989, le timonier togolais de demander à une autorité béninoise: «Et Mathieu a accepté tout ça ?»

 

Luc Assogba

 

Tête à tête de Mgr de Souza et Kérékou


Les démarches personnelles de rapprochement de Mgr de Souza avec Kérékou ont été déterminantes dans le succès de la Conférence.


Samedi 24 février 1990, dans la nuit. Mgr Isidore de Souza entre dans le bureau du président de la République. Son hôte, debout, les yeux rouges, la mine grave, lui lance au visage: «Qu’est-ce que vous êtes en train de faire là-bas? Ce n’est pas ça que je vous ai demandé. Quelle est cette affaire-là?» Mgr de Souza explique plus tard: «J’ai été cueilli à froid, assez violemment. Avant même qu’il ne m’autorise à m’asseoir». Cette nuit-là, le président Kérékou avait demandé à voir le prélat à cause du débat sur la souveraineté de la Conférence et la force exécutoire de ses décisions.


On s’en souvient. A cette rencontre historique, les délégués se sont demandé si les conclusions de leurs travaux seront prises en compte par le gouvernement militaire révolutionnaire. Une question fondamentale mais délicate au regard du contexte houleux des débats. On a même eu peur au cours des assises au point de mettre la charrue devant les bœufs en mettant en place le présidium de la Conférence avant l’adoption de son règlement intérieur. Le professeur Pierre Métinhoué affirme: «Habituellement, dans une rencontre de ce genre, c’est après l’adoption du règlement intérieur que l’on met en place le présidium. Si cela ne fut pas le cas à la Conférence nationale, c’était précisément à cause du débat sur l’article 3 du projet du règlement intérieur. Cet article stipule: «la Conférence nationale proclame sa souveraineté et la suprématie de ses décisions. Elle a pour mission essentielle de créer les conditions d’un consensus national en vue de l’instauration d’un Etat de droit et du pluralisme démocratique». Sur cette préoccupation sérieuse, l’un des délégués se prononce : «lorsque les pouvoirs d’Etat manifestement désavoués font appel aux forces vives de la Nation, leur conférence est souveraine et les décisions sont exécutoires». Face à la complexité de la question, le présidium que préside Mgr de Souza ajourne le débat, le reprend le samedi 24 février 1990. Cette nuit du samedi a été «la nuit la plus longue», explique Mme Lydie Akibodé Pognon, déléguée à la Conférence nationale.


Après cet accueil violent et constatant que Mgr de Souza ne dit rien, le président Kérékou se confond en excuses: «Ah! Monseigneur, excusez-moi, veuillez vous asseoir». Il s’assoit. Et pendant un bout de temps, le président de la République, d’un ton ferme, rappelle à son interlocuteur les buts prescrits à la Conférence: «ce n’est pas pour des décisions politiques. La mission de la Conférence, c’est pour trouver des portes de sortie économiques au pays». Peu de temps après, il se ravise à nouveau. Parce que, une fois encore, Mgr de Souza est resté à l’écouter, sans mot dire. Quelques instants après, encore plus embarassé par ce silence de l’homme de Dieu, le président reprend, tête baissée: «Ah! Monseigneur, excusez-moi. Mais pourquoi je vous dis tout ça? Pardonnez-moi Monseigneur. Pardonnez-moi. Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?»


Et le prélat de lui répondre: «M. le président de la République, est-ce que vous savez ce que veut le peuple réuni à la Conférence nationale ? Est-ce que vous savez ce que veulent les délégués ici et maintenant ?»
- «Non».
- «Que vous me donniez votre démission et votre nom sera inscrit en lettres d’or dans les annales du pays».
- «Ah! Non, non, Monseigneur, ce n’est pas possible».
Subitement, le ton du président change à nouveau; mais cette fois-ci, il n’y a plus le dérapage verbal du début. Il faut négocier. Au cours de ce tête-à-tête historique, le prélat a tout de suite compris que rien ne doit être laissé au hasard. Sur injonction du Général, il commence à prendre minutieusement notes de tout ce que disait le président de la République. Soudain, celui-ci l’arrête et lui dit : «Pourquoi écrivez-vous ce que je vous dicte ? Vous êtes un président, vous aussi. Vous êtes le président de la Conférence nationale. Pourquoi écrivez-vous ce que je vous dicte? Déchirez. Déchirez tout ça». Mgr de Souza s’exécute. Et Pierre Métinhoué explique: «Mgr de Souza venait ainsi de déchirer le texte qui devait mettre un terme aux travaux de la Conférence, mais il ignorait ce qui allait se passer, une fois que le chef de l’Etat et lui se seront séparés». Il pose donc la question fatidique à son interlocuteur.
- «Monsieur le Président, que dois-je leur dire ?»
- «Dites-leur ce que vous voulez».
- «Ce que je veux» ? s’interroge Monseigneur.
- «Oui, dites-leur ce que vous voulez », répète le président de la République.
- «Je leur dirai, Monsieur le président, que vous avez dit que la Conférence nationale peut continuer ses travaux».
- «Oui, dites-leur ce que vous voulez», conclut le Président Kérékou.
48 heures avant la clôture de la Conférence. Les travaux sont bloqués. Dans la salle, beaucoup commencent à souhaiter que les choses changent radicalement et définitivement. Certains exigent même la démission du pouvoir en place et de son chef. Les critiques deviennent de plus en plus vives sur le régime du Prpb, sur ses échecs et notamment sur ses graves atteintes aux libertés publiques et aux droits de l’homme. Mgr de Souza a de plus en plus de mal, mais il réussira encore à calmer les ardeurs. Il demande une suspension des travaux et se retire de la salle de conférence, puis s’en éloigne. En ces années où le téléphone cellulaire n’était pas répandu, Mgr de Souza se rend dans la cabine téléphonique la plus proche. Il entre en contact téléphonique avec Kérékou. L’entretien a duré suffisamment long pour qu’on puisse s’imaginer que l’évêque tentait d’expliquer la situation à son interlocuteur ou de le convaincre. A la fin de cette conversation téléphonique, Mgr de Souza déclare: «le président va venir pour assister à la suite des travaux». L’inquiétude se lit sur son visage. Puis brusquement, il se ravise : «je vais le rappeler pour lui dire de ne pas venir, il ne faut pas qu’il vienne». Mgr de Souza rappelle le chef de l’Etat. On lui fait savoir que le cortège présidentiel est déjà en direction du Plm Alédjo. Mgr de Souza, visiblement préoccupé, déclare : «il est parti, je pense que ça va être une catastrophe s’il assiste aux travaux». Un quart d’heure plus tard, le chef de l’Etat arrive sur les lieux. On comprend qu’on est à quelques doigts de passer à une étape plus tragique des événements qui se déroulent au Plm.
Kérékou descend de sa voiture, accompagné de sa garde rapprochée, en tenue de combat. La troupe se renforce au niveau de Plm. L’atmosphère est lourde. A la descente, le président est dans ses jours sombres. Il salue tout le monde d’un ton très sec en ne serrant que la seule main de l’évêque, évitant tous ceux qui étaient autour de lui. Il se dirige vers la salle de Conférence. Soudain, une intuition de l’évêque va imprimer un autre cours aux événements. Il lui dit:


- «M. le Président, nous n’irons pas dans la salle de Conférence».
- «Pourquoi ? Je suis venu pour assister aux travaux. Je me rends dans la salle».
- «Non ! Il faut d’abord que vous alliez dans la salle d’attente».
Il y avait une petite salle, en effet, aménagée pour les entretiens en tête-à-tête avec le président du présidium. Et le Général d’insister : « Non, je ne veux pas aller dans la petite salle. Je suis venu pour assister aux travaux de la conférence nationale ».
- «Nous irons dans la salle de Conférence, mais donnez-moi quelques minutes car j’ai mis les participants en récréation; laissez-moi le temps de rappeler tous les délégués car si vous allez dans la salle maintenant, vous ne trouverez pas grand nombre».
- «Mais, je vois des gens qui sont dans la salle de Conférence».
- «Oui, mais tout le monde n’est pas là, car j’avais suspendu la séance».
A contre cœur, Kérékou accepte finalement de se rendre dans la petite salle. C’est ici que Mgr de Souza réussit à le convaincre au bout de deux heures d’horloge. Que se sont-ils dit au fond, en ces heures pathétiques? Personne ne le sait. Mgr de Souza convoque ensuite les délégués et les travaux reprennent. En ce moment-là, la tension a sérieusement baissé. Et les propos beaucoup plus modérés. C’est ce soir-là que le Général, prenant la parole, prononce cette fameuse phrase qui va être répétée tout au long de l’histoire: «qu’on ne nous dise pas: démissionne!»
Mgr de Souza a quitté ce monde, et le président Kérékou s’est muré dans le silence. L’histoire ne connaîtra jamais tous les détails de leurs nombreux tête-à-tête. Mais elle retiendra que le Bénin doit à ces rapprochements étroits et improvisés entre l’homme de Dieu et le Général président, le succès de l’historique Conférence nationale.

 

Guy Dossou-Yovo

 

La prière et la Conférence nationale


Au-delà de la délicatesse de Mgr de Souza dans la gestion des travaux de la conférence, il est à relever la puissance de la main de Dieu qui conduisait les deux principaux acteurs de ces assises à collaborer à sa réussite. On se rappelle la longue et lointaine préparation spirituelle de l’Eglise catholique du Bénin à l’avènement de cette conférence à travers lettres pastorales, réflexions diverses, cadres d’échanges et de concertation sur la situation du pays, pétitions, et neuvaines de prière et jeûne, célébrations eucharistiques. Et comme nous l’a révélé Alain Adihou, membre de la délégation de l’Eglise catholique à cette conférence, «tous les matins et pendant les dix jours de la conférence, en la chapelle d’adoration perpétuelle de la paroisse Saint Michel de Cotonou, Mgr de Souza disait la messe, avec tous les membres de la délégation et plusieurs autres chrétiens de bonne volonté qui venaient nous soutenir avant le départ pour Plm Alédjo. Au présidium et pendant les dix jours qu’a duré la conférence, Mgr avait toujours devant lui, sur la table, son bréviaire, livre de prière des psaumes. De même, Mgr, de temps à autre, avait sa main sur sa croix pectorale. Comme pour y puiser l’intelligence et la lumière nécessaires pour mieux conduire les débats.
Ephrem Quenum, journaliste à Radio Cotonou, aujourd’hui à la retraite, fait partie des personnes à qui Mgr de Souza a raconté sa rencontre de la nuit du samedi 24 février 1990 à une heure tardive avec le président de la République. Un détail retient l’attention d’Ephrem. Mgr de Souza lui avait dit que pendant qu’il écrivait avec sa main droite, ce que lui dictait le président Kérékou, la gauche pressait sa croix pectorale contre son cœur et il répétait : «Seigneur, éclaire-le, Seigneur, éclaire-le».


Dieu écouta la prière du prélat et du peuple béninois et les travaux de la Conférence ne furent pas interrompus.
A cet égard, la prière du peuple, toutes confessions religieuses confondues, reste et demeure l’un des plus grands secrets de la réussite de la conférence des forces vives de la Nation.

GDY

 

Source: La Croix du Bénin




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