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L'Observateur  7558 DU VENDREDI 29 AU DIMANCHE 31 JANVIER 2010

 

 

 

Nominations aux postes de responsabilité au Burkina Fasso: Sur le chemin escarpé de la méritocratie ?

 

 

S’il y a un document dont la lecture est bien suivie, c’est le compte-rendu hebdomadaire de notre Conseil des ministres. Est surtout écoutée la plage des nominations, au cours de laquelle chacun s’attend à entendre ou à lire le nom d’un ami, d’une connaissance ou d’un parent.

 

N’empêche, le reste des délibérations peut tout aussi être une mine de décisions dignes d’intérêt. C’est le cas du dernier conseil en date, celui du 27 janvier 2010, avec son quatrième rapport qui est relatif à l’adoption d’un décret portant création, composition, attributions et fonctionnement du comité interministériel de sélection des candidats au poste de directeur général des établissements publics de l’Etat et des sociétés de l’Etat, en application du décret no 2007-724/PRES/PM/MCPEA du 07 novembre 2007 qui décide, entre autres, ceci : « … Le poste de directeur général ou assimilé est désormais soumis à un appel public à candidatures avec un cahier des charges comprenant les critères de sélection.

 

 

Le comité interministériel, placé sous la présidence du Premier ministère, est chargé du recrutement des directeurs généraux. Le ministère de tutelle technique de la structure concernée détermine les critères spécifiques du poste à pourvoir. La nomination en conseil des ministres du directeur général sélectionné est assortie d’un contrat d’objectifs... ».

 

A défaut de combler d’aise les lecteurs et auditeurs, la mesure fait tout de même un clin d’œil très attendu chez ceux qui, depuis belle lurette, appellent de tous leurs vœux l’instauration de la méritocratie, ce système politique, économique et social tendant à hiérarchiser et à promouvoir les individus dans la société en fonction de leur mérite et non de leur origine sociale, de leur richesse ou des affinités.

 

Cette philosophie de la vie professionnelle, bien des nations en ont déjà fait leur credo, à commencer par les pays scandinaves, notamment la Norvège. Toutes proportions bien gardées, à côté de nous, la Côte d’Ivoire a déjà eu des expériences réussies dans le domaine. En effet, l’actuel ministre de l’Economie et des Finances de ce pays, Charles Koffi Diby, n’est pas du parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI). On lui prête plutôt une sensibilité PDCI-RDA. Mieux, avant d’occuper cette haute fonction de membre de gouvernement, l’ancien énarque (major au concours d’entrée à l’ENA d’Abidjan) a été directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, après un appel à candidatures.

 

Et comme pour confirmer la justesse de son choix, le journal de réputation reconnue, THE FINANCIAL TIMES, l’a désigné meilleur ministre des Finances de l’année 2010 pour l’Afrique. Une preuve cinglante que l’on n’a pas besoin d’être titulaire de la carte du parti au pouvoir pour être efficace. Tout en reconnaissant le bien-fondé du décret qui vient d’être rendu public dans notre pays, il faut éviter de développer un sentiment d’exaltation en applaudissant des deux mains. Il y a tellement de mauvaises habitudes dans ce pays que, pour les bousculer et les remplacer par de bonnes, il faut plusieurs années de psychanalyse. Peut-on néanmoins rêver que la mesure sera effective ?

Le gouvernement va-t-il bientôt nous montrer sa bonne foi à travers des recrutements aux postes de responsable de sociétés d’Etat faits en toute transparence ? Déjà, les procédures d’attribution des marchés publics, qui ne sont pas faites dans le strict cadre de la légalité, de compétence et de la probité morale des soumissionnaires, nous font beaucoup douter. Mais, comme dirait l’autre, « il faut positiver ».

Par Issa K. Barry

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Tag(s) : #Politique Africaine
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