Besancenot en grand ami du Bénin se fait grand défenseur de la « poursuite » du processus de la Lépi. Soit. Dieu est témoin qu’il a débarqué dans un pays parfaitement calme et pacifique qui a connu trois alternances constitutionnelles en l’espace de 20 ans. Même la France ne dit pas mieux. Tout ceci sans la Lépi. Le dire n’est ni de la grandiloquence ni de la suffisance mal contenue. C’est le devoir d’un ami séculaire d’aider le pays à parfaire son système de votation en minimisant au maximum les risques de fraude et de contestation. Sauf que le processus s’est déjà installé dans la contestation dès l’entame de sa réalisation. Ce qui donne au mot « poursuite » du communiqué de l’Union Européenne parrainé par l’ami Besancenot des relents partisans voire belliqueux ; une sorte de volonté de braver un camp, le camp désireux d’une évaluation des dégâts déjà enregistrés avant d’en rajouter d’autres.
Que l’ami français ôte les millions de Béninois d’un doute. Lorsqu’il évoque la « poursuite » du processus est-ce une invite à démarrer le recensement dans les centaines de villages fictifs dénombrés dans un seul département dans le nord ? Que pense-t-il du pogrom cartographique qui a exterminé tous les enfants de 0 à 8 ans du département du Plateau ? N’a-t-il pas entendu que parallèlement à cette Lépi, le gouvernement prélève des données biométriques auprès des bénéficiaires des micro-finances en violation de la législation en la matière ? C’est sur ces considérations objectives qu’on attendait les amis du Bénin. D’autant plus, qu’aucun acteur, même les plus convaincus de la « poursuite » version Union Européenne voire Yayi n’ont osé réfuter la pagaille généralisée. Foyers non identifiés par les cartographes, données erronées, absence de contrôle, qualité des cartographes, formation des agents de supervision, émoluments non payés de certains prestataires, défaut de matériels adaptés…Pourvu que tout cela ne soit pas du prémédité.
Et puis, il y a ce fameux rapport du groupe de travail. Ce serait fastidieux de revenir sur la quarantaine de pages consacrées aux imperfections du chef d’œuvre à « poursuivre ». Certes, l’équipe de Atayi Guèdègbé n’a pas formellement parlé d’interrompre le processus mais les écueils dénombrés suffisent à éclairer davantage sur la nature du capharnaüm. A défaut de supprimer la loi, c’est à sa révision complète que le groupe de travail a appelé. Près d’une dizaine d’articles jugés non conformes aux objectifs poursuivis. Toute poursuite des travaux sur le terrain sans le préalable ne serait-ce que de la mise en conformité des articles incriminés parait un forcing incompréhensible de la part de prétendus amis. En se débarrassant de leur posture d’arrondisseur d’angles pour revêtir celle de supporteurs d’un camp, les diplomates de l’Ue n’ont pas choisi la pacification.
On peut d’ailleurs prendre date dès le moment où ils en appellent à la « poursuite » coûte que coûte du processus de la Lépi en leur demandant de comparer le Bénin d’avant la Lépi et celui des conjectures autour du processus. Ce qui est supposé être l’instrument d’équité et de paix et consacré par l’église catholique se révèle être la clé de la vendetta et de la chianlis. Jamais le débat public n’a été aussi chavirant que la guéguerre sur la Lépi. Sur ce coup-là, les ambassadeurs européens n’ont pu faire mentir ceux qui évoquent souvent l’accoutumance naturelle des milieux diplomatiques avec les foyers de tension. Le Bénin serait peut-être trop calme pour permettre à un diplomate de mettre en exergue tout son talent de négociateur et de manœuvrier. La fameuse industrie de la paix ne prospère que dans des zones de guerres au grand bonheur d’humanitaires, de marchands d’armes, de trafiquants de toute sorte, de mercenaires, d’aventuriers…et bien sûr de diplomates.
Epargnez le Bénin du cyclone Lépi !!!
arimi choubadé
Rédigé le 14 avril 2010