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27-05-2010

 

Une esclave béninoise vendue pour 30 euros à un couple tunisien retrouve son pays natal après 21 ans de servitude en Tunisie !

 

 

Écrit par Paul Emile da Silva

 

Emmenée en Tunisie à l’âge de dix ans contre vingt mille francs CFA (trente euros) à ses parents nécessiteux, elle est revenue au Bénin à trente et un ans, méconnaissable, bonne musulmane, habillée comme telle, et parlant l’arabe parlé dans Tunis. En fait, elle n’est pas revenue, elle a été ramenée après moult péripéties. Un vague parent en mission là-bas a été prié de bien vouloir la rechercher. Il remua terre et ciel et la retrouva dans une maison où, depuis vingt-et-un ans, elle était au service du couple tunisien sans enfant, qui l’avait achetée.

 

L’ayant retrouvée, comment l’embarquer pour le Bénin ? La jeune femme devenue majeure n’avait aucun papier certifiant son existence ni comme personne ni comme marchandise. Etait-elle partie dans une valise ?

 

 Les arrangements, oh, les arrangements ! Le Béninois de passage dut prendre langue avec un Béninois résidant à Tunis où il a ‘‘les pieds bien à terre’’ (sic). On déboursa l’argent nécessaire pour tous les papiers nécessaires. La ‘‘bonne’’ est aujourd’hui parmi les siens.

Que fera-t-elle maintenant dans son pays devenu pour elle terre étrangère comme la Tunisie était pour elle terre d’exil ? Là-bas, elle ne vivait pas, elle servait, elle était serviette et torchon, balai et savon, eau et serpillière, vaisselle et lessive, cuisine et accompagnement de Mme pour les coures, tous les jours pour Monsieur et Madame, plusieurs fois par semaine pour les beaux-parents de Monsieur. Et l’on ne serait pas surpris qu’elle nous révèle que Monsieur la sollicitait parfois, à l’instar des esclavagistes de l’Alabama, qui sélectionnaient certaines négresses, pour varier avec Madame. En tout cas, au regard du robot parfait qu’elle fut à Tunis, on ne peut pas dire que la fille d’Agonssa ne fut pas bonne à tout faire.

 

Et pourtant, que fera-t-elle maintenant, revenue à l’âge de trente et un ans à ses parents dont elle devra réapprendre la langue, dont elle s’étonne qu’ils soient animistes et chrétiens et non pas musulmans comme elle, etc., etc. ? En attendant une solution à la quasi quadrature du cercle, il ne faut plus m’obliger ici à croire à la sorcellerie démoniaque des âmes transformées en cochons que l’on bouffe la nuit au creux de l’iroko tutélaire du village. C’est ridicule, et il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Je crois à la sorcellerie tout humaine des gens bien, exercée sur la petite fille bradée par les siens chrétiens et qui ont passé le relais à ses acquéreurs musulmans. Deux décennies de servitude, et qui auraient été sans fin, n’eût été la bonté d’hommes et de femmes pour arrêter la sorcellerie au-delà de toute superstition.

 

Paul Emile da Silva



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