| Courrier international - 31 août 2007 | | Article | AFRIQUE - Johannesbourg dit non à l'Africom | | Formellement opposée au projet de création d'un centre de commandement militaire américain sur le continent, l'Afrique du Sud menace de représailles tout pays africain qui accepterait d'accueillir cette structure. | | Les ministres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) présentent un front uni contre le projet de base militaire américaine. Les Etats-Unis ne doivent pas parvenir à installer leur centre de commandement, Africom, où que ce soit sur le continent. Jeudi, le ministre de la Défense sud-africain, Mosiuoa Lekota, a déclaré au Cap que ses homologues de la SADC s'étaient mis d'accord pour s'opposer au projet de l'Oncle Sam et que l'Afrique du Sud comptait sur la fermeté de tous les autres pays africains. Ceux qui s'écarteraient de cette ligne de conduite pouvaient s'attendre à des représailles, a-t-il laissé entendre. "L'Afrique doit se préserver de toute présence étrangère sur son sol", a-t-il déclaré. En février dernier, les Etats-Unis ont annoncé leur intention de regrouper les trois structures de commandement pour leurs opérations en Afrique, actuellement situées en dehors du continent, en un seul et unique centre de commandement situé en Afrique, l'Africom. Le général William Ward a été désigné pour diriger les 1 000 employés du quartier général, qui devrait être "aussi modeste et discret que possible", selon les déclarations d'un responsable américain, en mai dernier. Jusqu'aujourd'hui, seul le Liberia s'est déclaré publiquement prêt à héberger la base américaine. Sans désigner directement ce pays, Lekota a indiqué qu'il espérait que tout le continent suivrait l'exemple de l'Afrique du Sud, et a indiqué que toute autre attitude pourrait être sanctionnée par la mise en quarantaine du pays fautif. "Il n'est pas anormal qu'un ou deux pays ne soient pas d'accord avec la majorité", a-t-il déclaré. "Mais, normalement, la minorité, même quand elle n'est pas d'accord, tend à rejoindre la majorité car l'unité des nations africaines dépasse tout intérêt individuel. J'imagine que tout pays tenté d'aller à l'encontre de la décision de l'Union africaine sera conscient des répercussions que cela pourrait avoir, certains pays frères pouvant lui refuser leur aide dans d'autres domaines." Selon Wafula Okumu, analyste à l'Institut d'études de sécurité, à Pretoria, l'Union africaine n'a pas pris de position officielle mais l'Amérique se fait claquer la porte au nez sur tout le continent. Il ajoute que les Etats-Unis soulignent que leur présence en Afrique permettrait à leurs troupes d'effectuer des missions humanitaires et d'être plus rapidement disponibles en cas de catastrophe. Pour lui, "les intérêts des Etats-Unis en Afrique se limitent au pétrole et au contrôle du risque d'attentats dirigés contre eux". | | Brendan Boyle | Sunday Times | | | |