03 octobre 2007
Mme Eunice Reddick devant la commission sénatoriale des affaires étrangères

Le Gabon est l'un des pays les plus prospères de l'Afrique subsaharienne grâce à ses gisements pétroliers, mais la transparence, la responsabilisation et la lutte contre la corruption sont essentielles si ce pays veut réussir à surmonter ses problèmes économiques, a déclaré l'ambassadrice désignée des États-Unis, Mme Eunice Reddick, le 3 octobre, devant la commission sénatoriale des affaires étrangères.
Le pétrole représente 77 % des exportations du Gabon, a-t-elle indiqué tout en soulignant la nécessité pour ce pays de passer d'une économie fondée sur une seule ressource, le pétrole, à une économie diversifiée où le secteur privé joue un rôle important et où la réduction de la pauvreté occupe une place prioritaire.
Si le Sénat entérine la nomination de Mme Reddick, elle occupera les fonctions d'ambassadeur des États-Unis tant au Gabon qu'à Sao Tomé-et-Principe.
On trouvera ci-après le texte de la déclaration que Mme Reddick a faite au sujet du Gabon devant la commission sénatoriale des affaires étrangères.
(Début du texte)
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
C'est un honneur pour moi de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je tiens à exprimer ma gratitude au président Bush et à la secrétaire d'État, Mme Rice, pour la confiance qu'ils m'ont accordée en me nommant ambassadrice des États-Unis auprès de la République gabonaise et de la République démocratique de Sao Tomé-et-Principe. Si le Sénat entérine ma nomination, je compte œuvrer de concert avec vous et avec d'autres membres du Congrès pour défendre les intérêts du peuple américain au Gabon et à Sao Tomé-et-Principe.
J'aimerais prendre un moment pour vous présenter mon époux, Marc Wall, qui est récemment revenu du Tchad où il occupait les fonctions d'ambassadeur, ma fille Sarah et mon fils Gregory.
Le Gabon est l'un des pays d'Afrique les plus stables malgré sa situation géographique dans une partie instable du monde. Lorsque des conflits dans des pays proches ont mis en danger des ressortissants américains, le Gabon a offert un refuge aux évacués. Ce pays est un partenaire utile des États-Unis en Afrique centrale, dans l'ensemble de l'Afrique et au sein d'organisations multilatérales telles que l'ONU. Le degré d'ancienneté du président Bongo parmi les chefs d'État africains et sa connaissance des questions régionales lui permettent de jouer un rôle important dans les tentatives de règlement des conflits régionaux. Les États-Unis ont donné une formation aux forces gabonaises dans le cadre du programme ACOTA (« African Contingency Operations Training Assistance »), et, à l'heure actuelle, le Gabon est à la tête des forces de maintien de la paix dans la République centrafricaine et fournit la majorité des soldats qui s'y trouvent. Des membres des forces armées gabonaises reçoivent une formation professionnelle dans le cadre des programmes IMET (« International Military Education and Training »). En vue d'assurer la sécurité de la zone stratégique du golfe de Guinée, qui est la source d'un volume croissant des importations de pétrole des États-Unis, l'engagement militaire de notre pays avec le Gabon se développe dans plusieurs domaines, dont les exercices d'entraînement, les inspections de navires et les échanges de haut rang. Si le Sénat entérine ma nomination, je collaborerai étroitement avec les autorités civiles et militaires gabonaises, avec notre Centre de commandement pour l'Europe et avec le nouveau Centre de commandement pour l'Afrique afin de veiller à ce que nos relations avec le Gabon contribuent à garantir la sécurité dans la région du golfe de Guinée.
Le président Bongo occupe ses fonctions depuis 1967 et il a été réélu en décembre 2005 pour un mandat de sept ans. Bien que l'élection présidentielle de 2005 ait été entachée d'irrégularités, les élections législatives de décembre 2006, lors desquelles le parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), a obtenu les deux tiers des sièges, ont été jugées libres et honnêtes par des observateurs indépendants. Toutefois, un seul parti, le PDG, est au pouvoir depuis 1968, et les institutions démocratiques, en particulier la société civile, demeurent faibles. La liberté de la presse est quelque peu restreinte, et l'appareil judiciaire est faible ainsi que susceptible de subir l'influence des pouvoirs publics. Un dossier tout particulièrement préoccupant est le trafic d'êtres humains et l'exploitation des enfants qui résulte de ce trafic. Le Gabon a pris de mesures pour s'attaquer au problème de la traite d'enfants originaires de pays africains limitrophes ; il arrête les trafiquants et fournit un abri aux enfants qui en sont victimes, mais il est nécessaire de faire bien plus pour lutter contre ce problème. Les États-Unis collaborent avec le Gabon sur cette question, principalement dans le cadre d'un projet régional du ministère du travail. Si le Sénat entérine ma nomination, je continuerai d'inciter le gouvernement à faire davantage pour mettre un terme à la traite d'enfants ; je continuerai aussi d'inciter les responsables du gouvernement, des partis de l'opposition et de la société civile à respecter davantage les droits de l'homme et à renforcer la démocratisation.
Le Gabon est l'une des pays les plus prospères de l'Afrique subsaharienne grâce à ses gisements pétroliers. Le pétrole représente 77 % des exportations du Gabon, 56 % des recettes publiques et 45 % du produit intérieur brut (PIB). Si les recettes pétrolières font que le Gabon a l'un des revenus par habitant les plus élevés d'Afrique subsaharienne, la distribution des revenus est extrêmement inégale. Le classement du Gabon en fonction des indicateurs du développement humain n'est pas proportionné à son classement en fonction du revenu par habitant. La hausse des cours du pétrole a permis un accroissement de la production, mais on s'attend à ce que la production et les recettes pétrolières continuent de diminuer progressivement. Afin d'augmenter les possibilités économiques offertes à la population, le Gabon doit passer d'une économie fondée sur une seule ressource, le pétrole, à une économie diversifiée où le secteur privé joue un rôle important et où la réduction de la pauvreté occupe une place prioritaire. Les possibilités de diversification et de croissance économique sont importantes dans les secteurs du tourisme vert, du gaz naturel, de la pêche, de l'aquaculture, de l'exploitation forestière, de l'extraction de minerais et de la production d'huile de palme. Toutefois, les mesures de diversification se heurteront à des problèmes importants dus à l'absence de main-d'œuvre qualifiée et d'infrastructure.
La transparence, la responsabilisation et la lutte contre la corruption sont essentielles si le Gabon veut surmonter ses problèmes économiques. Bien qu'il reste encore beaucoup à faire en matière d'application, le gouvernement gabonais s'est engagé publiquement à respecter les principes et les critères de l'Initiative pour la transparence dans les industries d'extraction (EITI), qui encourage les États et les sociétés à publier respectivement ce qu'ils reçoivent et ce qu'elles versent au titre de l'extraction de richesses naturelles. Nous espérons que le Gabon tirera pleinement parti de son nouveau programme triennal portant sur les réformes économiques nécessaires que le Fonds monétaire international a approuvé. Si le Sénat entérine ma nomination, j'apporterai un soutien aux mesures de diversification économique du Gabon en encourageant une bonne gouvernance transparente, une gestion économique judicieuse et un développement suscité par le secteur privé. J'encouragerai aussi le Gabon à tirer davantage parti des dispositions de la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) afin d'augmenter ses échanges avec les États-Unis et d'inciter des entreprises américaines à investir dans son territoire.
Près de 85 % du territoire gabonais est couvert de forêts offrant des ressources riches et diverses. En 2002, le président Bongo a affecté 10 % de ce territoire à la création d'un parc national, mais l'engagement du pays en faveur d'une gestion respectueuse de l'environnement exige qu'on le soutienne. Le Gabon cherche à développer le tourisme vert dans le cadre de sa stratégie de diversification de l'économie. Toutefois, la hausse des cours des matières premières a suscité un nouvel intérêt dans l'extraction de ressources dans de nombreux domaines, ce qui entraîne parfois des conflits avec des projets de protection de l'environnement. Le maintien du soutien politique et financier des États-Unis et le maintien de la participation des organisations non gouvernementales internationales seront nécessaires pour la réalisation de nouveaux progrès dans ce domaine. En 2002, les États-Unis ont lancé le Partenariat en faveur des forêts du bassin du Congo lors du Sommet mondial du développement durable, illustrant ainsi l'importance de la deuxième forêt tropicale du monde. Depuis lors, les États-Unis ont coopéré étroitement avec le Gabon et les cinq autres pays situés dans le bassin du Congo, avec d'autres pays bailleurs de fonds, avec des entreprises du secteur privé ainsi qu'avec des organisations non gouvernementales pour contribuer à protéger les forêts du bassin du Congo et à les gérer durablement. Le programme CARPE pour l'environnement en Afrique centrale financé par les États-Unis joue un rôle essentiel dans l'exécution de projets sur le terrain. Si le Sénat entérine ma nomination, je continuerai de soutenir ces travaux importants.
(Fin du texte)