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  Elevage des reptiles:Une activité en plein essor à Abomey 


22 février 2008

Dans la commune d’Abomey, une localité située à 130 Km de Cotonou, l’agriculture constitue la principale source de revenus pour les populations. Mais à coté de cela, il se développe une autre passion. Celle de l’élevage des reptiles. De plus en plus beaucoup de personnes s’initient à cette activité qui exige patience et abnégation.

Dans la cour de Bienvenue Daanon située à Tangandji à Abomey, il règne régulièrement une ambiance particulière liée à une intense activité. Avec des mouvements coordonnés, Bienvenu déjà sur pieds depuis 6 heures du matin s’affaire au nettoyage d’un petit enclos en terre de barre, coiffé de paille. « Ici, on fait l’élevage du serpent » dit-il d’un air très préoccupé. Après un long silence, il poursuit : « l’élevage du serpent n’est pas pour tous les hommes. Il faut de la patience et être attentif. Il faut faire partie du cercle des initiés. L’environnement, l’espace et l’humidité constante constituent l’une des conditions sine qua non à remplir pour espérer une bonne reproduction chez les serpents » a-t-il confié. A en croire les explications de Bienvenu Daanon, il faut mettre les reptiles dans un climat propice naturel et cela passe par la construction de petits enclos d’ un mètre carré chacun dont l’intérieur sera remblayé de sciure. « Un enclos peut contenir jusqu’à six reptiles s’il est bien rempli de sciure car pendant la chaleur, ces bêtes préfèrent rester sous les déchets pour avoir la fraîcheur » a-t-il fait remarquer. Selon lui, en période de pluie comme pendant la sécheresse, il parcourt les campagnes et les savanes pour s’approvisionner. Le prix de la cession varie en fonction du poids, de la qualité et de l’espèce de l’animal. Généralement les jeunes reptiles sont plus cher que les vieux. Ainsi, le prix va de 350F à 1000F l’unité. « Une fois à la maison, nous procédons à leur répartition suivant des critères bien définis et le résultat que nous espérons. », a-t-il précisé avant d’ajouter que les serpents géniteurs sont disposés dans des enclos préalablement préparés. Leur croisement favorise la production des œufs. La ponte intervient lorsque toutes les conditions sont réunies, cinq semaines environs après le croisement. Les œufs issus de la ponte sont ramassés et mis en incubation. L’incubation peut durer 30 à 40 jours avant de donner naissance à de petits serpents ».

Les contraintes et les spécificités

« Elles sont liées à l’entretien constant des enclos et surtout à la surveillance alimentaire des reptiles » indique Bienvenu Daanon. Les serpents sont des carnivores. Ils se nourrissent souvent des rats palmistes, d’agouti et autres. Les éleveurs engagent spécialement des gens rien que pour chasser les rats. Ceux là sont rémunérés chaque jour selon le travail abattu. La spécificité de cette activité réside dans le fait que les serpents sont des reptiles venimeux que personne n’ose approcher. Pour donc exercer l’activité, il faut être membre de ce cercle, ensuite s’immuniser contre le venin en raison d’éventuelles morsures. Aussi, faut-il préciser que ces spécialistes n’élèvent que les serpents les moins venimeux tels que le python. Malgré ces nombreuses difficultés qui peuvent conduire au découragement, on constate que dans la commune d’Abomey, de nombreuses personnes s’intéressent à l’élevage du serpent. On les rencontre dans les localités de Djègbé, Gbècon et de Zounzonmè.

Rudimentaire mais rentable

A en croire Bienvenu Daanon, l’élevage du serpent en dépit de ses contraintes, demeure une activité rentable. Eleveurs et vendeurs s’en tirent souvent à bon compte. Après trois mois, lorsque les conditions sont respectées, le poids du serpent varie de 20 à 30 kg et peut être ainsi mis sur le marché. Ce reptile est particulièrement apprécié pour sa richesse en protéine. Des vendeurs et même des consommateurs venus des pays voisins et de l’Europe parcourent les localités d’Abomey pour négocier les stocks déjà disponibles. Pour rentabiliser et optimiser leur production, certains éleveurs préfèrent attendre la saison sèche pour écouler leurs produits. C’est d’ailleurs le cas de Bienvenu. Pour l’heure, l’essentiel de la production est écoulée sur les marchés internationaux. Cette activité n’est pas sans inconvénient sur l’environnement. L’absence des reptiles crée un déséquilibre sur l’environnement quand on sait que ces dernières années l’effectif des insectes nuisibles s’est accru et par conséquent ils ont ravagé les cultures vivrières causant ainsi un manque à gagner aux paysans.

Zéphérin Toasségnitché

Tag(s) : #INEDITS
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