Bénin: L’argent ne circule plus
On a comme l’impression que l’argent ne circule plus. A la cherté de la vie vient s’ajouter la raréfaction de la masse monétaire. Et les populations se demandent où est passé l’argent (voir photo du ministre des finances Soulé Mana Lawani ).
« Tout coûte cher au marché. Le pis, c’est qu’on n’a même pas l’argent pour s’offrir le peu qu’on peut », se plaint Antoine, père de famille. Il ne comprend pas pourquoi il est très difficile de trouver l’argent maintenant pour au moins approvisionner convenablement le foyer. « Penny la mégère me doit de l’argent. Mais depuis environ six mois que je tourne et retourne chez elle, elle me répond toujours qu’il n’y a pas d’argent », renchérit Thierry presqu’au bord des larmes. Il ne sait comment s’y prendre pour au moins répondre aux sollicitations conjugales. Tout le monde ignore cette difficulté monétaire. On a comme l’impression que de façon drastique, on a pris la décision de réduire la masse monétaire émise, assainissement de l’économie oblige. Tout le monde crie, tous se plaignent de la situation très éprouvante. Ceux qui n’en ont pas continuent d’en chercher et ceux qui en ont, font de la rétention et craignent quelque chose.
Les causes probables
Ce que l’on déplore, ce n’est pas l’augmentation des prix des produits de première nécessité, dont l’explication se trouve liée à une situation conjoncturelle mondiale, mais la parcimonie monétaire ambiante. Et les causes de cette atmosphère délétère sont diversement interprétées.
Pour certains, c’est l’assainissement de la vie publique qui conduit à cette complication de vie. Pour d’autres, ce serait une illusion de croire que l’argent n’existe que peu. Selon toujours eux, c’est la cherté qui fait croire à cette rareté de l’argent.
Mais pour d’autres encore, il faut trouver les indicateurs explicatifs afin de les interpréter.
Quant à l’homme vulgaire, c’est incroyable de parler de croissance économique dans un climat aussi étouffant et chaud. Il ne comprend pas que cette croissance tant vantée ne soit pas traduite dans le vécu quotidien de chaque citoyen. De spéculation à la spéculation, les gens se livrent à des conjectures, sans jamais situer le niveau de la crise.
Que font les économistes ?
Tapis dans des sièges douets fortement rafraîchis, ou déambulant dans les allées des amphithéâtres où on fait ingurgiter des théories inadaptées, les économistes béninois préfèrent cette facilité plutôt que d’emmitoufler les vrais frocs de chercheurs.
Devant les étudiants, on développe et charme par sa forte capacité de consommer autrui. Vivant les mêmes conditions que le bas peuple, ils se plaignent eux aussi, ignorant tout de tout. Parfois, c’est par des rumeurs qu’ils s’éveillent eux aussi à certaines réalités. Bizarre comme attitude !
Au lieu de chercher à identifier les causes internes à cette situation, on attend que ceux (économistes) du Nord développent leurs théories pour s’aligner après. C’est pourquoi très souvent, les études menées à l’interne ne reflètent jamais la réalité, ou sont partielles et parcellaires, « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », selon la pensée 25 de Blaise Pascal.
Les économistes béninois préfèrent la facilité, ils aiment à déambuler dans les arcanes du pouvoir sans trop chercher à se démarquer par l’originalité de leurs recherches. Pensée extravertie qui s’applique aux données typiquement authentiques. L’argent ne circule plus et nos économistes doivent pouvoir expliquer le fait.
Félix-Sophily SOSSOU