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"PURE WHITE"
"Mme Housset, vous avez été la directrice du département hôtesses de 1999 à 2004, ces fichiers ne vous disent rien ?", demande le président. "Mon rôle était d'aller chercher des clients, pas de recruter", explique-t-elle. Pourtant, l'ancienne responsable des ressources humaines témoigne avoir dû préciser, sur son instruction, les origines des employés. "Je n'ai jamais vu ces fichiers", réaffirme-t-elle. "Ce qui veut dire que vous êtes tellement incompétente qu'on a pu faire ça dans votre dos ?"
Ces fichiers ont été découverts par Karim Dhif, le 13 novembre 2002, un employé en CDD. "La directrice des ressources humaines m'a confondu avec un stagiaire, raconte-t-il, et m'a expliqué le premier jour la signification de la colonne "O". Mais j'ai refusé de la remplir."
M. Leveque le charge par la suite de renouveler 60 % des hôtesses d'un client, Gillette. "Le client n'était pas content car il y avait trop de Noirs, raconte-t-il. M. Leveque m'a dit : "Tu peux prendre un Arabe, s'il parle comme toi, il n'y a pas de problèmes."" L'ancien DG reconnaît que Gillette a "pété les plombs, mais je n'ai rien fait". M. Dhif en parle avec des collègues, l'une d'elles lui montre une copie de la plaquette qui mentionne "pure white". En mars 2003, muni des preuves, il se rend à SOS-Racisme, qui portera plainte un an plus tard. L'association s'est portée partie civile tout comme la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
Cyril Gosset, avocat de SOS, a dénoncé "un système au seul intérêt de Daytona" qui doit satisfaire la clientèle dans une dure concurrence. L'entreprise a réalisé, en 2006, 13,5 millions de chiffre d'affaires pour un résultat de 80 000 euros. "C'est un système au nombre indéterminé de victimes mais qui potentiellement peut s'élever à 5 000", a-t-il ajouté. "Il aurait été préférable de perdre le contrat que votre âme", a clamé l'avocat de la Licra, David-Olivier Kaminski. La défense a regretté que d'autres responsables de l'entreprise, le PDG de l'époque et deux autres DG n'aient pas été appelés à la barre : "Où sont-ils ? Où sont également les discriminés ?", a estimé l'avocat Philippe Lepek.
Le procureur de la République a requis une amende de 80 000 à 100 000 euros à l'encontre de Daytona et de 6 000 à 8 000 euros pour les deux ex-dirigeants. Dans une ultime diatribe, le président Olivier Fourmy s'adresse à Caroline Housset : "C'est très mal de mentir. Dans d'autres pays, vous auriez eu la tête coupée." Le jugement a été mis en délibéré au 27 octobre.