Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

29 septembre, 2008
 
 

Le tort du Dr. Yayi boni c’est de n’avoir pas été félicité comme celui qui, légitimement, a gagné seul , à la sueur de son front avec son équipe de programmes et de campagne, l’élection présidentielle - préparée de longues années durant -, mais comme celui que toute une classe politique a aidé et soutenu à s’emparer du pouvoir. Sa modestie et son attitude humble – de l’entre-deux tour de scrutin et les 8 premiers mois d’exercice du pouvoir ont été perçues comme un manque de confiance en soi.


Jusque-là le Dr. Yayi Boni était encore perçu par les ténors de la classe politique comme un agneau rêvant de conquêtes politiques et quémandant espaces et conseils auprès des plus expérimentés. Ce diagnostic est une erreur fatale, leur erreur aux anciens. Le Dr. Yayi Boni a juste fait preuve d’un excès de prudence et de courtoisie, et malheureusement a manqué parfois de réactivité là où il ne fallait pas. A la croisée des chemins et des ambitions, le dialogue deviendra systématiquement un rapport de force. Mais Le Dr. Yayi Boni leur gardera son respect tout au long des batailles électorales, post-électorales et contentieuses sans jamais se dévier de sa ligne stratégique, quitte à monter parfois de fausses lignes Maginot. Oui, il est possible de s’affirmer tout en parlant correctement à son interlocuteur, le Dr. Yayi Boni l’a prouvé. Dommage que son fluide personnel et sa civilité n’ont pas imprégné tout son camp – certains de ses collaborateurs sont tout autant exemplaires comme à son image, dans cet exercice de courtoisie et de civilité, mais d’autres semblent s’être spécialisés dans l’incivilité, l’agressivité, les dérapages verbaux et la communication violente - …


Le Chef de l’Etat savait pertinemment qu’une rupture brutale, radicale avec le système de corruption, de clientélisme, de prévarication etc… hérité aurait des conséquences très fâcheuses pour la paix sociale, la concorde civile et l’équilibre de nos institutions – ce que je n’ose même pas imaginer en tant que démocrate – aussi des tensions permanentes d’une élection à une autre.


Au regard des soubresauts et atermoiements engendrés par la crise en cours, et pour que l’émergence - tel que - prônée et conduire depuis le lendemain de la victoire du Docteur Yayi Boni, ne paraisse n’ être qu’ une baudruche dénuée de sens, destinée seulement à réconforter les béninois. Pour diminuer le spectre du fanatisme politique qui commence par envahir tout le pays au nom du redressement et de l’assainissement de l’économie nationale, pour certains. Et au nom de l’édification d’une société pluraliste, de progrès, de liberté et de paix, revendiquée par d’autres. Le Docteur Yayi Boni doit s’adresser au peuple béninois directement dans une allocution radiodiffusée et télévisée. Mieux encore, il devra répondre dans un point de presse, aux questions des journalistes les plus chevronnés de la presse écrite et de l’audiovisuelle béninoise. Il doit s’expliquer sur la crise politique et institutionnelle que le Bénin a traversé et qui n’est sans doute pas encore fini. Tant la recomposition de la classe politique , la réconciliation par le dialogue au plan local, et la reconstruction du tissu institutionnel national – très affaibli - sont loin d’être des fleuves tranquilles qui coulerons de source -. Et le remaniement qui va être opéré ne fera qu'en rajouter à une situation déjà confuse. Pourquoi des gens qui se sont chamaillé et ont paralysé le pays - 10 mois durant en se traitant de tous les noms d’oiseaux et même en échangeant des coups de poing -, vont subitement décider de se remettre ensemble pour pratiquer, conduire et soutenir les mêmes politiques dont les travers ont été porté sans ménagement sur la grande place publique ? Il serait plus correct pour les acteurs de la vie politique nationale de s’expliquer dans une franche discussion et d’en référer au peuple souverain avant de prendre toute initiative commune ensemble. Et ceci est valable pour le Chef de l’Etat, autant que pour les autres leaders et mêmes ceux des lieutenants - qui feront défection sous des promesses mirobolantes -, des leaders de la ″team″ traditionnelle pour rallier la mouvance et soutenir le pouvoir à l’Assemblée, au Gouvernement ou ailleurs. Chacun doit pouvoir dire en quoi sa nouvelle vision est meilleure que celle d’avant. Et en quoi le programme à exécuter est différent de celui décrié plutôt et jusqu’où il est décidé à le soutenir, l’appliquer et le défendre ? Le Chef de l’Etat doit expliquer clairement au peuple, ce que les uns et les autres ont condamné dans l’ancien programme d’émergence, et en quoi le nouveau à appliquer par un gouvernement remanié est différent de l’ancien programme. Et aux autres d’expliquer pourquoi ils veulent travailler maintenant avec le Chef de l’Etat au lieu de lui mener une opposition démocratique et saine, tout simplement ? C’est comme cela que chacun des camps pourra prendre à témoin l’opinion publique. Ce sera aussi la caution que le linge sale a bien été lavé en famille et qu’on est prêt à repartir sur de nouvelles bases. Autrement, ce sera prendre d’honnêtes citoyens de ce pays pour des ″cons″. Oui, ce sont d’honnêtes citoyens et travailleurs pour qui l’impunité et la corruption, le clientélisme et la prévarication constituent – hier, aujourd’hui et demain - des plus graves sentiments d’impuissances et d’injustices inacceptables.
De toute façon, il faudra expurger par une conférence ou assise nationale de réconciliation et de vérité tous les germes de la crise actuelle et des crises futures. Car, notre constitution a présentée bien des limites et insuffisances notables, nuisibles et criardes. Il faudra de façon consensuelle revoir tout l’appareil institutionnel du pays. L’Etat doit s’engager à financer de façon franche et directe la vie publique, les partis politiques qui l’anime aussi, ainsi que les syndicats et certaines organisations qui le supplée sur le terrain auprès des populations. Le Chef de l’Etat peut à travers cette allocution ébaucher les grandes lignes de sa politique nouvelle et les chantiers des réformes institutionnelles et administratives majeures au peuple. Il en gagnerait davantage l’estime et le respect.


Tout simplement, reconnaissons, entre temps, que le consensus hérité de la conférence nationale de 1990 a vécu, il a volé en éclats. Les accords de gouvernement et les accords de législature ont compté comme de simples accessits récompensant de petits efforts fourni par des outsiders ou des sparing-partenaires – des ″caves″, quoi - sans gloire certaine. Et pourtant, au nom de la défense et de la protection des acquits démocratiques, des libertés fondamentales et publiques bafouées ou en passe d’être conséquemment violées, les très ″expérimentés briscards″ et les ″ jeunes cadres″ de la classe politique ont érigé à leur tour – en réponse aux manigances, manœuvres, et autres insultes en vogue proférées par les partisans du chef de l’Etat - une montagne de difficultés diverses pour préserver et garantir leurs droits et intérêts et ceux de tous citoyens partageant les mêmes avis et opinions qu’eux, pensaient t’ils légitimement aussi.


Tout se passait pourtant bien, avant cette frénésie de destruction ou de l’auto destruction. Avant la lune de miel et les jours des longs couteaux ; il y a peu encore, c’était la nuit de noce - au relent masochiste pour une FCBE passée maîtresse dans l’art de l’auto destruction sous l’orchestration symphonique de ″certains″ – heureusement pas tous – dans l’entourage du Chef de l’Etat. Le manque de culture politique et de cohésion de groupe est ici plus que criard. Et pourquoi ? Parce que c’est le premier parti politique du pays, celui du Chef de l’Etat en personne, c’est le parti qui ambitionne être le bras politique, législatif et populaire du gouvernement. Ce qu’on laissera passer ailleurs ne passera pas ici, en tout cas difficilement. Bon, ce n’est que le début. Avec plus de travail et beaucoup plus d’écoute et d’attention des populations, des concurrents – qui ne sont pas des ennemis apatrides, non c’est juste des béninois pensant différemment - au fil des jours, et du temps, ça ira, la FCBE s’améliorera et s’enracinera dans le paysage politique et médiatique..


Le Chef de l’Etat, grand stratège dans la conquête de pouvoir, a distillé son plan de conquête et n’entendait pas du tout baisser la garde. Chaque siège de député, de conseiller municipal ou communal, de conseiller de quartier de ville ou de village est important ; aussi le plein d’élus doit être fait dans chaque scrutin pour justifier – pense t’il , l’injustifiable - ce que les providences divine et populaire lui avaient donné en mars 2006 : 75% des suffrages exprimés au second tour de l’élection présidentielle. Dépêchons-nous de vite dire ici une réalité et une grande vérité – pour nous – mais une contre-vérité certainement pour beaucoup. Le constat est que, même sans les déclarations d’intentions et les appels de vote des « wologuèdè » et autres, l’ex candidat Yayi Boni aurait quand même battu son challenger en la personne du premier ministre Maître Adrien Houngbédji, et cela même d’une petite voix il serait élu. Oui, on peut discutailler des heures et des nuits entières sur les techniques et les taux d’audiences des reports de voix dans l’entre-deux tours de scrutin. Ce qui est réalité dans le Mono, Couffo, Ouemé et Plateau peut- être fiction dans le septentrion, le Zou, les Collines, l’Atlantique… Et de toute façon la politique permet toutes les intentions sauf l’altruisme. Les leaders politiques de « Wologuèdè » ont lancé des appels à voter pour l’un des deux candidats restant en lice ayant de réelles chances d’emporter le second tour du scrutin, avec près de 12 points d’avance sur son challenger. Aucune erreur n’est permis dans ce genre d’alchimie fortement calculée et dosée. Le reste n’est que question de garantie et de retombées. Mais de retombées il y en a eu peu, trop peu même selon certains alliés qui s’estiment lésés. Pendant que le vainqueur, Président en exercice, s’activait de plans en tactique, schémas en stratégie, à un culminant obsessionnel sous la bouillante, brouillonne et bruyante bienveillance d’une FCBE embryonnaire minée par les dissensions internes et locales – le Dr Yayi Boni doit rapidement opérer un assainissement et un réarmement moral ainsi que la discipline de ses troupes pour une plus grande efficacité de sa politique de communication, car certaines interventions masquent ou brouillent les bonnes actions du gouvernement -. C’est tout dit, et peu importe ! La délicatesse et la courtoisie ont manquée à plusieurs niveaux des mosaïques de structures formant la FCBE au point de raviver les rancunes d’un passé récent et de confirmer les soupçons de partenaires obligés et enrôlés de force aussi. Les très expérimentés « briscards » dont les « protégés» et autres affidés, présents dans le premier gouvernement du Dr. Yayi ont été viré pour raison de désarrimage – autonomie oblige -, ont décidé de sortir de leur mutisme, conscients que leur salut passera forcement par leur regroupement et une résistance collective, après le coup partiel payant des législatives – au sein de l’ADD qui fera place plus tard au G4 avec l’entrée du PRD l’adversaire d’hier, ami aujourd’hui et peut-être à nouveau ennemi demain. Peu importe, les partis n’ont non plus d’amis, ils n’ont que des intérêts et c’est connu - par la crispation et la contestation. Les jeunes partenaires – capitalistes de vocation, regroupés au sein du G13 - de la majorité parlementaire ayant senti à leur tour le mauvais vent foudroyant des dépossessions de fiefs ont vite pris leurs jambes à leur cou afin que leurs propriétés électorales – fiefs - ne leur soient pas enlevés. Ainsi donc, après que certains ont eu à, trop vite, proclamer la défaite sur tapis vert de la FCBE en dépit de la supériorité numérique de ses conseillers - faisant tout de même d’elle la première force politique du pays -. C’est à un revirement institutionnel de situation que l’on a fait face depuis, suite aux wagons de recours convoyés à la Cour Suprême. Personne n’a donc l’intention d’aller expliquer aux populations ce qui s’est réellement passé lors des dernières élections communales et locales ? Quand même bien que des choses, des vilenies, des monstruosités ont été dites et faites de par et d’autres, ce qu’ont sues les populations tout de même. Qui sont finalement les crapauds ? Qui sont les blanches colombes ? Les baves on sait, elles ont été pour les populations dressées à se découper à la machette, même à dents nues, à Avrankou et ailleurs. Pendant que d’honorables pères de familles et de surcroît députés à l’Assemblée nationale de la République, s’il vous plait, se soupesaient dans un full contact olympien, dans l’air du temps. Soudainement les ambitions sont devenues trop grandes pour tout le monde politique et les frustrations sont restés innombrables pour un peuple dont les malheurs sont loin d’être édulcoré. Notre pays s’est retrouvé diviser en trois blocs. Le bloc des ″émergents turbo-réacteurs″, le bloc des ″alternatifs libéraux anxio-dubitatifs″ et le bloc des ″traditionnels mono-réacteur″. Pourvu que ça s’embrase pas et que la concurrence reste saine et idéologique ; si ce ne sont que des questions d’opposition de rythme, de doigté, de sérénité et d’assurance dans la gestion du présent, la préparation et la conduite de l’avenir de notre pays, on peut comprendre et déterminer le futile et le furtif aussi. Car c’est peut-être, ces rapprochements et regroupements une meilleure chose pour nous qui souhaitions voir fusionner les partis politiques. Espérons seulement que des moyens législatif, environnemental et financier viennent de l’autorité publique pour encourager cette nouvelle réalité que nos propres difficultés nous ont fait émuler. Un de nos voisins le Mali fait cela merveilleusement bien à coup de quelques milliards par an de financement public. Aussi, la corruption et la transhumance auraient diminuées au sein de leur classe politique. Oui, légiférons, encourageons, initions et décaissons le financement pour cette nouvelle ambition politique, sociologique et morale : le regroupement et l’assainissement moral et idéologique des partis politiques pour une plus grande lisibilité, visibilité et audibilité de la classe politique.


GUILLAUME ADOUVI – DP Sika Info.
SIKA INFO - 26 septembre 08

 


Tag(s) : #Politique Béninoise
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :