Gbêgnonvi, le soldat des causes perdues ???
Par Arimi CHOUBADE
22 octobre 2008
Révisionniste pour les mouvanciers, opportuniste pour les opposants. Trouver chaussures à ses pieds devient un exercice très compliquer pour Gbêgnonvi. Ce qui est sûr, la marre gouvernementale ne convient plus tellement à cet alphabétiseur national. Son maroquin se révèlerait être un véritable panier à crabe, un répugnant repère de trafiquants de frais de mission et autres avantages liés au poste. Normal que le procédé de la dénonciation publique ne plaise pas aux inconditionnels de l’émergence. A une époque où la propagande s’atèle à aplanir toutes les aspérités de la gouvernance à polémiques du gouvernement Yayi Boni. Les commensaux ne supportent pas la compagnie de ce cracheur dans la soupe commune.
Par contre, la froideur des « opposants » face à ce bras tendu d’un naufragé du navire ivre du Changement se comprend moins. De la non assistance à transfuge en danger. L’homme a beaucoup de choses à se faire pardonner. Lui, obligé de renier ses propres convictions en revêtant l’accoutrement du griot du système au risque de renoncer à l’exigence intellectuelle de la critique et de la remise en cause. Comble de ce reniement, lorsqu’un Gbêgnonvi tout feu tout flamme se rue sur ses anciens camarades d’Amnesty International au sujet de l’état des droits de l’homme au Bénin. Parce qu’il était devenu ministre, une paralysie de l’appareil judiciaire devient presque banal même si cela prive des milliers d’individu du droit à la justice. Tant pis si des gens présumés coupables doivent croupir en prison sans jugement, au nom de l’honneur de la nation. Du militantisme des droits de l’homme au nationaliste radical. Une autre prouesse du Changement.
On parlait de ce mépris des adversaires du régime à l’endroit de Gbêgnonvi. A peine si les gens ne se réjouissent pas des turpitudes de celui qui a perdu beaucoup de sa pugnacité depuis qu’il s’est senti enfin honorer de pouvoir siéger dans un gouvernement même si c’est pour occuper un ancien appendice du ministère de l’enseignement. Dans un système de dictature du suffrage universel, l’essentiel est d’additionner les voix quelles qu’elles soient. Si Rosine accepte s’accoquiner avec un ancien disciple de Kérékou comme Amoussou, ce n’est pas un Gbêgnonvi désabusé par le « yayisme » qui la répugnerait. Au point où en est le modèle béninois aucune contribution visant à le remettre sur son orbite initiale de février 1990 n’est superflue.
On n’a même pas besoin de soumettre le repenti à un quelconque test de sincérité avant de l’enrôler dans ce combat de salut public. Les Béninois se fichent de savoir si les piques de Gbêgnonvi sont feintes ou calculées. Pourvu que cela aide à empêcher que l’on continue de refaire des clôtures à 350 millions, de réhabiliter des places publiques à plus de 300 millions, d’abuser des ordres de paiement, de promouvoir des gestionnaires de sociétés d’Etat passibles de la Haute cour de justice, de constituer des majorités municipales avec des fusils, d’instaurer le débauchage de militants comme seule recette du dialogue politique. Il ne s’agit pas d’un partage de gâteau qui nécessite que l’on tienne compte du nombre de convive. Il s’agit de débarrasser le pouvoir d’Etat de l’imposture et du charlatanisme.
Et puis, il est de la responsabilité de ceux qui ont conduit le Bénin sur le chantier de l’aventure et de l’inconnu de l’en débarrasser. A cet exercice, Gbêgnonvi, comme Idji Kolawolé, Séhouéto, Soglo ou Amoussou ont tous cotisé dans la cagnotte des 75% qui a installé le docteur-président en avril 2006.
Vraiment pas le moment de jeter la pierre à quelqu’un.