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CHRONIQUE DU JOUR


Crise béninoise: la solution Kérékou ? 

 

6 novembre 2008 - FRATERNITE

par Sulpice O. Gbaguidi

Le monde politique béninois poursuit sa descente aux enfers. Il s’enfonce dans la glaise d’une crise qui endosse les symptômes d’un mal incurable. Les facteurs aggravants se multiplient dans le carcan politique.

 

Dans une République où la tension imbibe et colore les habitudes politiques, la solution peut être accouchée par la nomination d’un vrai médiateur. Le pays troublé par l’énorme brouille politique a soif d’un médiateur de race, d’un homme qui dégage l’énergie de réconciliation de la classe politique et non de trompe-l’œil qui masque le désir de faire diversion. La médiation sous sa forme actuelle a échoué.

Le pouvoir a cru trouver la parade à l’envolée des passions avec l’organe présidentiel de médiation (Opm) et le Haut commissariat pour la gouvernance concertée. Mais ces deux institutions tournent en rond, et étalent leur impuissance devant la crise politique. Cet amas de coquilles vides et la saignée budgétaire qu’il induit, consacrent la faillite de la médiation. Le ministère chargé des relations avec les institutions (Mcri) gère l’ennui et trempe dans l’inefficacité alors que la crise enchaîne les blocages. Le parlement reste prisonnier d’un blocage que les ordonnances présidentielles contournent sans réellement apporter la clé de l’apaisement. L’ampleur de la querelle à l’hémicycle et la frénésie constante de parlementaires en colère révèlent l’inactivité des structures de médiation érigées en cascade à l’ère du changement. Le palais des gouverneurs, siège de la crise politique, plonge dans l’impasse. Le pouvoir de Boni Yayi consomme, avec obstination, le tumulte de ses relations avec la représentation nationale.

A vrai dire, les médiateurs désignés pour anéantir la tension politique sont handicapés par un passé lourdement partisan et l’élevage de la ruse. D’où le déficit de confiance qui atrophie les élans des politiciens. Mais l’Etat peut jouer la carte des anciens présidents de la République. Ce statut offre des atouts pour la médiation en cas de crise politique. Mais dans la galerie de nos anciens chefs d’Etat, la politique est aussi au cœur des inspirations. Le docteur Emile Derlin Zinsou, nage dans les eaux de l’Undp et porte la casquette de président d’honneur de ce parti. Nicéphore Dieudonné Soglo, maire de Cotonou, président d’honneur de la Renaissance du Bénin est un pilier du G4. Quelle médiation peuvent faire d’anciens présidents de la République, présidents d’honneur de partis politiques ? Reste le Général Mathieu Kérékou, libéré de toutes charges politiques. La solution Kérékou s’impose pour sauver la République. La classe politique a besoin de l’intervention de Kérékou, homme de paix, élevé au dessus de la guéguerre ambiante. Le Kaméléon est une mine d’expérience dans la gestion politique du pouvoir. Sa retraite présidentielle porte l’étendard de la neutralité. La médiation de Kérékou serait plus bénéfique pour la nation que le fait de convier certains députés dans l’antre d’un chef d’Etat étranger. La solution à la crise ne peut venir de l’extérieur.

Mais la piste Kérékou abrite une inconnue : l’homme est imprévisible. Le traitement qui lui a été réservé à l’aube du changement le fait mouiller dans des ressentiments. Il n’est pas exclu qu’il rejette une possible offre de médiation du gouvernement Boni Yayi. Sous l’effet des séquelles de supplices moraux subis à l’ère du changement, l’ego du Général peut développer une réaction négative. Mais il faut absolument convaincre Kérékou. La médiation lui est naturellement promise. On attend seulement qu’il entre en scène pour faire peser son charisme légendaire.

Sulpice O. Gbaguidi


Tag(s) : #Politique Béninoise
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