LANCEMENT DE « L'AFRIQUE EST MON COMBAT » DE BRUNO AMOUSSOU: LE G4 EN FORCE A PARIS
05 avril 2009
Par Benoît ILLASSA
En ce samedi ensoleillé dans la capitale française, le Président Bruno AMOUSSOU a fait salle comble au Club de la Presse de France, dans le 8éme arrondissement de Paris, pour le lancement de son livre, L'AFRIQUE EST MON COMBAT, édité chez l'Archipel.
En rentrant dans la prestigieuse salle, l'Ambassadeur du Bénin en France, S.E. Monsieur Albert AGOSSOU , aperçoit au premier rang le chef du MADEP, le Président Séfou FAGBOHOUN en personne. Il s'exclama en yorouba (l'une des langues nationales du Bénin): « Tout ADJA-OUERE et tout POBE se sont déplacés à Paris ! ». Le maître des cérémonies, l'Ambassadeur Saliou AKADIRI, ancien Directeur de cabinet du Secrétaire Général de la Francophonie et actuel Maire de POBE (ville de 100 mille habitants) ne put s'empêcher de sourire.
En effet, l'Ambassadeur AGOSSOU n'était pas au bout de sa peine. Puisque, le Président Adrien HOUNGBEDJI, ancien Premier Ministre et ancien Président de l'Assemblée Nationale du Bénin , ne tarda pas à faire son entrée dans la salle dans un tonnerre d'applaudissements. L'ancien Président de la République du Bénin, S.E. Monsieur Nicéphore Dieudonné SOGLO, ne tarda pas à lui emboîter les pas. Il était drapé dans une très belle tenue locale béninoise. Du coup, tous les ténors de l'opposition béninoise étaient réunis dans une communion à nulle autre pareille. De mémoire de béninois de la diaspora, on n'avait jamais vu un tel conclave de l'opposition béninoise à Paris !
L'Ambassadeur du Bénin à Paris devrait se demander ce qu'il faisait là, au milieu des gens qui cherchent à en découdre avec son chef, le Dr. Yayi Boni. D'ailleurs, il ne tardera pas à s'éclipser de ce marigot rempli de « crocodiles », une fois la cérémonie officielle terminée.
C'est à l'Ambassadeur du Congo à Paris, S.E. Monsieur Henri LOPEZ, qu'échoit la délicate mission de présenter l'ouvrage de « son camarade » Bruno AMOUSSOU. Il raconta leurs années d'étudiants dans la capitale française, les années de militantisme au sein de la FEANF et leurs missions respectives de retour au pays natal. Crise économique mondiale oblige, il raconta cette anecdote:
« A mes enfants, je dis qu'ils sont certainement plus diplômés que moi, à mon époque. Mais, ils ont du mal à s'insérer dans la vie professionnelle. A notre époque, on passait de l'université à la Direction des Administrations Centrales de nos pays...De retour au pays, après mes études en France, nous n'étions que deux personnes à être titulaire de l'équivalent du diplôme de la Maîtrise d'aujourd'hui... »
L'Ambassadeur LOPEZ, tel un grand conteur, lu quelques « bonnes feuilles » du livre avant de céder le pupitre à l'Homme du jour, le Président Bruno AMOUSSOU.
Notre Dadjê national, drapé dans un boubou trois pièces blanc immaculé, était décontracté comme à son habitude. Souriant, on voyait qu'il était très heureux. Il dira que sa motivation première fait suite au constat que les Hommes politiques africains n'écrivaient pas leurs mémoires pour laisser une trace à la jeune génération. La tradition de l'oralité africaine serait la cause première de cette absence. Pour former les dirigeants africains de demain, il envisage de créer un Centre de Formation Politique au Bénin avec la collaborations d'autres états africains.
Bruno AMOUSSOU aurait incité deux anciens Présidents du Bénin, aujourd'hui décédés, à faire un enregistrement sonore de leurs parcours politiques En vain ! Sur son lit de mort, l'un d'entre-eux le fera venir pour aussitôt regretter de n'avoir pas écrit ses mémoires et le chargera de s'en occuper à titre posthume !
Enfin, Bruno AMOUSSOU fera une confidence à l'assistance concernant ses futurs projets. « Mon Combat pour l'Afrique » étant le résumé de son parcours personnel et politique jusqu'en 1972, il envisage d'écrire deux autres tomes pour raconter la période 1972 – 2009. Le second tome pourrait paraître dès 2010.
Puis, la parole fût donnée à la salle. Toutes les questions étaient courtoises et avaient un rapport direct avec le thème du jour. Aucun dérapage ne sera constaté. Les réponses furent toutes aussi franches et dans une ambiance fraternelle.
La seule fausse note viendra de l'Ambassadeur Albert AGOSSOU. Alors qu'il n'était pas prévu qu'il intervienne, il demanda la parole. Au pupitre, il commettra une bourde, certainement la plus grosse bourde de toute sa carrière diplomatique, en mettant sur un pied d'égalité, l'ouvrage du Président Adrien HOUNGBEDJI (Il n'y a de richesse que d'Hommes), celui du Président Bruno AMOUSSOU (L'Afrique est mon Combat) et celui d'un certain écrivaillon, Réckya M... Faire une telle comparaison est tout simplement scandaleuse.
Après la cérémonie de lancement, Le Président Bruno AMOUSSOU se prêta volontiers à l'épuisante et contraignante séance des dédicaces.
Il faut souligner la dignité et le sens de l'honneur de nos compatriotes de la diaspora. Malgré la présence d'un ancien Président de la République et de deux anciens Présidents de l'Assemblée Nationale du Bénin, il n'y avait pas de service de sécurité. Ni dans la salle, ni aux alentours. On imagine une telle cérémonie au Bénin. Les policiers et les militaires auraient été mobilisés par le pouvoir pour impressionner et montrer les muscles pour rien.
Au delà de la réussite du lancement du livre, l'unité de l'opposition nous amène à vous faire partager cette allégorie de la création du monde.
LA CREATION DU MONDE SELON LA COSMOLOGIE YORUBA DU PAYS D'OYO (1)
« Au commencement, la terre n'existait pas. En haut était le ciel, en bas était l'eau; et aucun être n'animait le ciel, n'animait l'eau. Le tout-puissant Olodumaré, le Maître et le père de toutes choses, créa d'abord sept princes, il créa ensuite sept calebasses, très grosses et pleines d'akassa, et sept sacs, dans lesquels il y avait des cauris, des perles et des étoffes, une poule et vingt et une barres de fer. Il créa aussi, dans une étoffe noire, un paquet volumineux dont on ne voyait pas la nature... Puis il laissa tomber le tout du haut du ciel.
A la limite du vide, il n'y avait que de l'eau. Olodumaré, du haut de sa demeure divine, lança une noix de palme qui tomba dans l'eau. Aussitôt, un gigantesque palmier s'éleva jusqu'aux princes, leur offrant un abri vaste et sûr. Les princes s'y réfugièrent et s'y installèrent avec leurs bagages. Ils étaient tous princes couronnés et voulaient tous commander; ils résolurent de se séparer. Avant de se séparer pour suivre leur destinée, les sept princes décidèrent de se partager la somme des trésors et des provisions que le Tout-Puissant leur avaient donnés. Les six aînés prirent les cauris, les perles, les étoffes et tout ce qu'ils jugèrent précieux ou bons à manger. Ils laissèrent au plus jeune le paquet d'étoffes noire et les vingt et une barres de fer. Les six princes partirent à la découverte dans les branches du palmier.
Lorsque Oraniyan fut seul, il eut le désir de voir ce qui se trouvait dans le paquet enveloppé d'étoffe noire. Il l'ouvrit et vit un tas de matière noire qu'il ne connaissait pas. Il secoua l'étoffe. La matière noire tomba à l'eau, ne s'y perdit point. Elle fit un tas, devint un monticule qui émergeait. La poule s'envola pour aller s'y poser. Dès qu'elle y fut, elle se mit à gratter des pattes et du bec cette matière noire qui s'éparpilla au loin sous son effort. La monticule s'élargit et prit la place de l'eau. Et voilà comment naquit la terre, suivant la volonté du Tout-Puissant. »
Au commencement précise la légende, Olodumaré était seul et la tristesse régnait dans l'univers. Pour instiller la vie et donner naissance à la terre, il résolut de se fragmenter lui-même en deux parties (représentée par deux moitié de calebasse). Olorun a compris que la dualité était encore plus nuisible que la totalité unique puisque le désordre était plus détestable que l'ennui. Depuis lors, les hommes doivent articuler entre elles les divinités pour retrouver l'unité originelle du Dieu suprême.
C'est cette unité originelle qui a rassemblé les dirigeants du G4 au Club de la Presse à Paris le samedi 04 avril 2009.
La démocratisation, écrivait G, Hermet en 1983, est une course d'obstacles où les dirigeants habiles parviennent non seulement à négocier tel ou tel virage politique , mais à orienter cette dynamique sur une trajectoire de long terme. (2)
Benoît ILLASSA
(1) P. Fàtùmbi Verger, Dieux d'Afrique, Paris, éditions Revue Noire, 1995 (1ère édition, 1954). La légende se poursuit en expliquant comment Oraniyan, descendu sur terre, parvint à soumettre ses frères, les autres princes et à établir ainsi sa suprématie jusqu'à devenir le souverain de tout le pays yoruba.
(2) G.Hermet, Aux frontières de la démocratie, Paris PUF, 1983, p.207.