Charleyne Ossono, la camerounaise qui fait débander les militaires béninois
10 avril 2009 - LEMATINAL
Tirant hier des coups de sommation en désordre pour immobiliser le véhicule conduit par une camerounaise qui maladroitement fonçait droit sur le portail réservé uniquement au président de la République, la garde républicaine a provoqué la panique générale au Palais de la Marina et ses alentours. Cotonou saisit de frayeur pensait au pire. C’est la deuxième situation du genre dans l’entourage du chef de l’Etat Yayi Boni. La récidiviste s’appelle Charleyne Ossono.
Ce jeudi 9 avril, aux environs de 17 heures, des coups de feu ont éclaté à la présidence de la République. Coup d’Etat ? Braquage ? Ou bien s’agit-il d’une mauvaise manipulation d’une arme par un soldat ? On pensait à tout. Sauf à un fait banal. On a tôt fait d’assimiler la situation à un braquage, étant donné qu’il s’est déjà produit une fois dans le périmètre de sécurité de la présidence. D’autres misaient sur un coup d’Etat, 24 heures après que le chef de l’Etat ait échappé à un crash aérien. Mais rien de tout cela. La garde républicaine a fait des tirs de sommation pour immobiliser dame Ossono Charleyne qui, à bord de son véhicule, fonçait droit sur le portail, dont l’entrée est uniquement réservée au Président de la République et située en face de la l’ancienne primature, dont les bureaux abritent actuellement le ministère en charge des relations avec les institutions. Le premier tir de sommation d’un soldat a mis tout le palais en alerte. Du coup, la confusion s’installe. A l’intérieur comme aux alentours de la Marina, le dispositif de sécurité pour contrer une éventuelle attaque se met en place. Le cabinet militaire de la présidence déploie ses éléments dans les coins stratégiques du palais. Le personnel civil est strictement interdit de mouvements dans la cour. Tout le monde est resté enfermé dans les bureaux. Pendant que ces soldats s’agitaient sans un plan de coordination, les responsables de la sécurité de la présidence informent le chef de l’Etat qui était à son domicile de la situation.
Apparemment tout allait bien au domicile du président de la République. Par contre, le palais vivait des heures chaudes, pour un rien du tout. Car, après le premier coup de sommation, la dame au volant fait demi- tour et parvient à sortir du dispositif de sécurité. Elle se dirige à vive allure vers l’entrée du palais qui s’ouvre sur le Centre culturel français de Cotonou. Elle tente également de forcer le rideau de sécurité. Mais les soldats, dressés depuis que l’alerte a été donnée l’encerclent en tirant dans tous les sens. Ce qui a davantage provoqué la confusion et occasionnant même une bousculade sur la voie quittant le carrefour de l’ancienne maison de la radio pour la place du souvenir, aussitôt militarisée et les usagers priés de faire demi tour dans la précipitation. Tout autour du palais, des soldats armés jusqu’aux dents montraient du muscle après avoir tiré dans le vide. Ils en ont l’habitude. Hier ils ont encore fait preuve d’amateurisme. De véritables débutants, qui ont gaspillé des balles, troublé l’ordre et provoqué le stress chez les malades du centre hospitalier et universitaire Hubert K Maga. Ils ont fait du cinéma avant que leur bête noire, une femme ne soit maîtrisée. Elle n’avait pourtant pas l’intention d’aller attenter à la vie du chef de l’Etat.
Dame Charleyne Ossono s’est retrouvée par mégarde dans une zone interdite de la présidence de la République parce qu’elle était pourchassée après avoir percuté un véhicule au carrefour de la caisse d’épargne de Cadjèhoun. Selon, les témoins, elle roulait à vive à allure dans le sens interdit. Ce qui a été à l’origine de l’accident au cour duquel, un usager a été blessé. Fuyant alors les représailles de la population, elle n’a pas cru devoir s’arrêter. Dans sa fuite, elle aurait raté de justesse et à plusieurs endroits de ramasser tout sur son passage. Arrivée au niveau de la présidence en provenance de la place du souvenir, elle bifurque à droite et s’engage dans la zone interdite avant d’aller se mettre nez à nez avec le portail réservé au chef de l’Etat. L’un des militaires en fraction à cet endroit de Palais a aussitôt ouvert le feu, montrant ainsi le chemin aux autres. Ils arrosent les pneus du véhicule de type 4*4, donnant ainsi l’alerte à tout le palais.
Jamais un sans deux dit-on. Cette camerounaise n’est pas à son premier coup. Le 31 janvier 2007, à bord d’un véhicule et accompagnée d’une petite fille, elle avait forcé le barrage à l’entrée de la rue dans laquelle se trouve la résidence du chef de l’Etat. Malgré la réaction de la garde républicaine par des tirs de sommation, elle a longé toute la rue, brûlant la politesse à un 2ème barrage avant de poursuivre sa course qui a pris fin à côté d’un restaurant chic de la Haie-Vive. C’est à ce niveau que le véhicule, dont les pneus ont été criblés de balles s’est immobilisé. Elle-même avait frôlé la mort et son enfant s’en est sorti avec quelques blessures. Scénario identique hier. Cette fois-ci ce n’est plus au domicile du président de la République. La récidiviste a choisi d’aller provoquer Yayi Boni dans son palais de la Marina. Une fois encore la garde républicaine a tiré des coups de sommation pour l’immobiliser.
Qui est Charleyne Ossono
Parlant d’abord de son état psychiatrique, il n’y a aucune anomalie à signaler. Seulement, après son coup d’hier, certaines sources ont confié qu’elle aurait agi sur l’effet d’un produit, qu’on assimile à la drogue. Ce qui l’aurait mis hors d’elle-même. S’agissant, de sa situation professionnelle, elle est médecin dentiste au même titre que son mari, de nationalité française. Depuis hier, elle est gardée à la brigade de recherche du groupement de la gendarmerie, compagnie de Cotonou. Une enquête est ouverte à son sujet. Elle sera présentée au Procureur de la République à partir de la semaine prochaine. Dame Charleyne Ossono pourrait écoper d’un mandat de dépôt, étant donné que ça fait la 2ème fois qu’elle se retrouve dans le collimateur du chef de l’Etat.
FN