mardi 5 mai 2009, par DP Le Grand Journal
Alors qu’il a multiplié lors de sa dernière visite en France, les invites à l’endroit des investisseurs hexagonaux à s’intéresser à certains projets pour soutenir notre économie, le président Boni Yayi n’a pas pu les convaincre car depuis trois ans qu’il est aux affaires, il ne fait torpiller leurs intérêts.
Titus FOLLY
Le chef de l’Etat, Boni Yayi était récemment en France. A l’occasion d’une rencontre avec le Mouvement des entrepreneurs de France (Medef) le 22 avril dernier à Paris, il a invité les investisseurs français à venir soutenir l’économie béninoise en finançant certains grands projets. C’est pour la troisième fois qu’il fait un tel plaidoyer depuis qu’il a pris le pouvoir. Mais le dernier en date qui a eu lieu dans la capitale française avait été mal ressenti par certains patrons français qui ont désormais une dent pourrie contre le premier des Béninois qui sabote leurs intérêts.
De nos sources, il ressort qu’il y a deux catégories de patrons français qui fulminent contre Boni Yayi. Ils lui reprochent de ne rien faire pour assurer ou pour maintenir tout au moins leur monopole dans certains secteurs. Il s’agit d’abord du secteur de l’automobile et celui des routes ponts et chaussées.
Concernant le premier cas, on a appris des mêmes sources françaises, que depuis la prise des rênes du pouvoir par le chantre du changement, la société Peugeot a perdu sa position privilégiée d’antan au Bénin. Elle ne gagne plus les appels d’offre à la présidence, dans les ministères, les offices et sociétés d’Etat.
D’ailleurs, il faut dire que les appels d’offres sont rares car on a plus recours à du gré à gré. Et dans ce cas, c’est une société proche du régime qui rafle la mise. A telle enseigne que dans l’administration béninoise, les véhicules d’origine française qu’on retrouve au garage central du ministère des Finances et dans certains départements ministériels, datent de l’ère Mathieu Kérékou.
Alors que ce dernier est cité en exemple par les patrons français parce qu’il vouait une grande admiration pour les voitures produites en France, son successeur les voue aux gémonies par une francophobie déconcertante.
Ces sources vont jusqu’à tabler sur le fait que depuis trois ans qu’il est au pouvoir, Boni Yayi n’est jamais arrivé à une manifestation officielle à bord d’une 406, 407 ou d’une 607. Même si c’est une question de goût, son goût trop prononcé pour les rutilantes allemandes et japonais ne favorise pas les affaires des marques françaises.
Au-delà du secteur de l’automobile, il y a le secteur des routes, ponts et chaussées. Ici également on a sevré la société Colas au profit d’une société qui n’était pas connu du grand public. Hormis les ouvrages d’art comme les toboggans et les échangeurs qui dépassent sa compétence et son expertise, la majorité des voies à bitumer sont sous les rotules de cette fameuse société.
Outre ces secteurs clés de la présence française au Bénin, les manœuvres du pouvoir de changement pour tourner en dérision certains magnats français comme le groupe Bolloré à s’installer à leur aise dans les secteurs de la manutention et du port agacent aussi des patrons.
Voilà comment le président béninois se comporte avec les intérêts de certains patrons français. Curieusement, il fait semblant d’ignorer les coups de boutoirs qu’il porte à l’industrie française et une fois en France, demande aux investisseurs de ce pays de venir financer des projets au Bénin comme l’aéroport de Tourou à Parakou.
A analyser de près, on est tenté de conclure que le gouvernement pense que les hommes d’affaires français ne sont que des philanthropes oubliant que depuis des lustres, Charles de Gaulle a incrusté au fronton du Medef : « La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts ».