
L’Etat béninois tend vers ou est presque vers une situation de cessation de paiement. En effet, depuis plusieurs semaines, des prestataires de services de l’Etat ne sont pas payés. Seules les factures de l’année dernière sont prises en compte. Mais là également, les fonds sont débloqués au cas par cas. Pour l’instant, la raison évoquée pour justifier cet état de choses est la crise financière internationale dont les conséquences ont affecté le Bénin à travers la baisse des recettes portuaires et douanières. Mais à y voir de près, ce ne sont que de faux arguments. Depuis avril 2006, la gestion de la République du Bénin est caractérisée par le gaspillage des ressources financières de l’Etat, des dépenses faramineuses et de graves malversations financières. Conséquences : plusieurs chantiers sont bloqués et les salaires des travailleurs hypothéqués. Les cadres de la Banque de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) se sont également réunis le jeudi dernier à Cotonou pour tirer la sonnette d’alarme. Leurs conclusions en ce qui concerne la situation économique et financière du Bénin sont sans ambages. Le Bénin traverse une crise grave qui a court terme risque de l’entraîner dans le gouffre. Il faut parer au plus pressé.
Le cauchemar de 1989
Plus de six mois après le vote du budget général de l’Etat exercice 2009 estimé à plus de 1200 milliards de francs Cfa, des sources proches du ministère de l’Economie et des finances, indiquent que les recettes de l’Etat ne se sont pas améliorées. Bien au contraire. Le peu d’argent qui entre est mal géré. On parle de dépenses dispendieuses non prévues, des frais exorbitants des voyages intempestifs du chef de l’Etat Boni Yayi et des détournements de fonds par certains barons du régime du Changement. Le trésor public ayant senti le danger venir en raison de ce gaspillage des ressources de l’Etat, a fait ce qu’aucun responsable financier à ce poste depuis les indépendances n’a jamais fait : tous les vendredis soirs, on présente au chef de l’Etat, le point des recettes de la semaine pour qu’il sache comment faire ses dépenses. Malgré toutes ses mesures, la saignée continue allègrement. Les princes au pouvoir continuent de vivre aisément au moment ou le panier de la ménagère est totalement vide. Des villas par-ci, des dons par-là. Il n’y a plus de doutes, le Bénin est de plain pied dans une situation économique analogue à celle de 1989.
La fin d’un mythe
La situation économique du Bénin amène à se poser des questions sur les qualités de gestionnaires émérites de nos gouvernants. Selon certains experts en finances, le Bénin du Changement ne respecte plus les bases élémentaires en matière de finances publiques. On dépense sans savoir de combien on dispose ou de combien rentre dans les caisses. Aujourd’hui, notre pays est dans la ligne de mire des bailleurs de fonds. Les recommandations de la dernière mission de la Banque mondiale à Cotonou sont édifiantes. Le Bénin est suivi de près dans son indiscipline budgétaire et si cette situation perdure les partenaires au développement risquent de lui couper les robinets. C’en aurait fini ainsi pour les projets de développement en cours. Pourtant, avec l’avènement du régime du Changement, tout le monde vantait les mérites du président de la République Boni Yayi et ses collaborateurs. On les prenait pour des super banquiers, de super financiers, maîtrisant tous les rouages de l’économie et des finances. On disait qu’avec eux, il n’y aura plus de corruption, plus de gaspillage et que le Bénin est sur la bonne route. Où sont donc passées toutes ces qualités des dirigeants actuels du pays ? Où sont passées ces bondieuses ? Aujourd’hui, le masque est tombé. Le mythe de gestionnaires émérites venus de la Bceao ne tient plus.
Judicaël ZOHOUN