28 juillet 2009 - Arimi CHOUBADE
Combien sont-ils ? Ces cadres expatriés rappelés au pays, souillés, humiliés, discrédités. Broyés tout simplement par la rapacité d’un régime engagé dans une propagande à mille à l’heure. Toute la richesse du pays dispersée au quatre vent ; le populisme ambiant n’épargne aucun couvent, aucun temple, aucune mosquée, aucune église, les rues, les stades, les lieux de réjouissances populaires. Partout où on peut réunir quelques individus, les princes font gicler les billets de banque. Surtout pas d’économie d’extravagance si ce n’est que pour la gloire et la grandeur du chef de l’Etat bien aimé. Des célébrations permanentes transformées en un gigantesque piège pour ministres, députés, conseillers à la présidence, chargés de mission, promus de l’administration publique, courtisans de tout acabit.
Une véritable hécatombe parmi les cadres qui ont longtemps fait le bonheur du Bénin à l’étranger. Entre la gloire de la République à l’extérieur et celle du docteur-président sur les lieux de meetings et de marches de soutiens à l’intérieur, le Changement a fait son choix. Les appelés étaient certainement à mille lieux d’imaginer la trajectoire que prendrait leur carrière une fois intégrée dans la dream-team de Yayi. En quittant ses amis de la sommité de la finance sous régionale à la Bceao, Soulé Mana Lawani rêvait certainement de devenir un Nicéphore Soglo à la chute de la révolution marxiste léniniste au Bénin ou un Allassane Ouatarra en Côte d’Ivoire. Des redresseurs d’économies nationales réputés et respectés au-delà des frontières de leur pays natal. Le voilà en posture de chef d’orchestre du plus grand scandale du régime du Changement moins de deux ans après son rappel au pays.
A défaut de revendiquer un exploit intellectuel déterminant durant son séjour au sein du système Yayi, Nicaise Fagnon passe pour celui qui, pour la première fois, a fait interpeller le chef de l’Etat par la représentation nationale. Un regrettable coup de gueule au détour d’une marche de soutien improvisée à Dassa-Zoumé inscrit désormais telle une grosse tâche noire sur le parcours de l’intéressé. François Noudégbessi « provisoirement suspendu » du gouvernement pour présomptions de corruption dans le dossier Cen-Sad. Deux autres mercenaires du développement comme on les avait présenté à leur retour au pays, le ministre Désiré Adadja, et le Dg/Opt, Patrick Bènon ne savent toujours pas s’ils sortiront sans séquelles de la nébuleuse, interminable et périlleuses privatisation de l’Office des postes et télécommunications. Collette Houéto, Dossou Kpèdetin, Richard Sènou, Kessilé Tchalla, Pascal Irénée Koukpaki…Ajouté à ce prestigieux lot, le maître à penser du Changement lui-même, le docteur Yayi Boni. Autant de rares cadres béninois retirés des circuits internationaux. Déjà qu’on se plaint dans certains milieux de la baisse de la représentativité internationale du Bénin.
L’inefficacité de la génération spontanée en politique est loin d’être une simple boutade. Ceux qui n’en sont pas encore convaincus peuvent faire un tour au Bénin et observer les gesticulations quotidiennes à la Marina. Les remèdes à la lutte contre la pauvreté, la corruption et le recul démocratique apparaissent pires que les maux eux-mêmes. Les solides expériences dans la haute finance internationale mises bout à bout n’ont abouti qu’à la ruine totale. Au lieu des écritures comptables, les gars se retrouvent en contact direct avec l’espèce sonnante et trébuchante. Ce qui devait arriver est arrivé. De loin, c’était plus facile de gloser sur le degré de corruptibilité de la classe politique traditionnelle en décrétant sa faillite. Au demeurant, le recours à l’homme neuf a été plus désastreux que les atermoiements de la « vieille » classe politique.
Un vaste cimetière pour l’intelligentsia de la diaspora, ce Changement !