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Indépendants, retour à vos méninges !

 

 

31 juillet 2009 - Arimi CHOUBADE

 

 

Ce ne sera pas sous le Changement – la fin des égarements, l’envol économique, le recul des réflexes ethnocentristes de bamboulas, la construction d’une nation. On ne peut quand même pas reprocher au banquier-président d’avoir fait rêvé le peuple. Croissance à deux chiffres, émergence économique, zéro tolérance pour la corruption, révolution agricole, révolution industrielle. En fait, le vrai décollage sous forme d’orientation nouvelle. On était en 2006, 46 ans après l’indépendance ; un long chemin pavé de tâtonnement, d’éphémères éclaircis, de tempête voire de terreur. Enfin quelqu’un qui ose dire que le temps de la prospérité est arrivé et qu’elle sera partagée entre tous les fils du pays. Une fable de campagne qui a malheureusement tourné court.

 

Après plus de trois ans de ce Changement, les Béninois se surprennent encore à la case départ, obligés de tout repenser, même la victoire que l’on croyait définitivement acquise contre la fatalité à l’issue de la conférence nationale des forces vives de février 1990. En très peu de temps les émergents (minorité kleptomane) ont fait admirer leur dextérité à faire remonter en surface les vestiges des Républiques bananières y compris ceux présumés révolus : la mégalomanie, la folie des grandeurs, le culte du chef, les détournements de deniers publics, la prédation des libertés publiques. Une invite plus que claire aux Béninois à se remettre à penser à comment préparer le rendez-vous de l’universel sans pointer au rang des plus médiocres de la planète.

 

En un quart de siècle, les ex-Dahoméens en sont encore à se demander par quel bout parvenir à se rendre maître de leur propre destin. On ne va pas rappeler ce que tout le monde sait déjà sur l’état des attributs de la souveraineté à savoir la diplomatie, la monnaie, la défense du territoire et autres. En dehors du droit de piller les ressources de la communauté, le Bénin égrène les années sans pouvoir se projeter vers son avenir en comptant sur son propre capital humain. Même la réflexion vient d’ailleurs. Ministres, députés, élus locaux ne finissent pas d’apprendre des petits coopérants étrangers comment lutter contre la pauvreté, préserver les petits enfants contre la poliomyélite, respecter les règles de la bonne gouvernance. Des cours de développement imposés, apparemment mal assimilés lorsqu’on se réfère aux génuflexions du gouvernement Yayi, auprès aux partenaires au développement, dans la quête d’oboles afin de continuer à assurer jusqu’au fonctionnement de l’Etat et le paiement des salaires.

 

L’expérience désastreuse du Changement renvoie les acteurs politiques béninois à des années-lumière en arrière. Une responsabilité qui ne se limite pas seulement à une bataille pour l’alternance. Il ne suffit pas que Yayi cède son fauteuil de la Marina pour faire pleuvoir sur le Bénin une félicité. L’après Yayi risque d’être plus compliqué que le yayisme lui-même vu les dégâts. On ne peut même pas parler de programme alternatif parce que le Changement ne présente aucun aspect d’un programme véritable. Juste un ensemble de comportements d’un club de gens portés sur une compétition à l’enrichissement à base de marchés gré à gré, de surfacturations, d’ordonnances présidentielles fantaisistes, d’interdiction de manifestations publiques. Le classique des régimes conçus en dehors des systèmes politiques traditionnels. Certains parleraient de la génération spontanée, une génération sans repère vis-à-vis des réalités internes.

 Conséquence : on recommence tout à zéro.

Henri Lopès avait prévenu : « On ne saute pas impunément certaines étapes de la vie »…

 


 

Tag(s) : #EDITORIAL
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