En 2006 lorsque 75 % des Béninois portaient au pouvoir le Dr Boni Yayi, c’est parce qu’ils aspiraient à un changement. Mais aujourd’hui, force est de constater que cet espoir a été déçu. Après le Chef de l’Etat qui l’a même reconnu, M. Amos Elègbè, Conseiller technique aux affaires politiques du président de la République, passe aux aveux. C’était hier, sur le plateau de l’Ortb, en compagnie de l’ancien syndicaliste Guillaume Attigbé venu lui aussi régler des comptes au lieu de faire preuve d’objectivité.
Abordant le sujet relatif aux mesures prises par ce dernier pour juguler la crise, le Professeur Amos Elègbè a reconnu qu’il y a eu des Béninois qui ont profité de l’exonération pour s’enrichir. Qui sont ces Béninois ? Il n’a pas eu le courage de dire qu’ils sont dans l’entourage du Chef de l’Etat et sont connus du grand public. C’était eux qui avaient le monopole de l’importation et de la distribution du riz par exemple. Le dossier Cen-Sad, la menace sur les libertés syndicales, l’émiettement de la classe politique et bien d’autres sujets ont été abordés au cours de cette émission.
Mais malheureusement, sur ces différentes questions, l’esprit critique qu’on attendait du Professeur d’université n’était pas au rendez-vous. Et concernant la gouvernance syndicale, plutôt que d’avoir de la hauteur, Amos Elègbè a soutenu l’ancien syndicaliste Guillaume Attigbé venu sur le plateau régler des comptes avec ses anciens amis. Dire aujourd’hui que le gouvernement doit s’ingérer dans la gestion des syndicats parce qu’il les finance est une aberration. Certainement que le Professeur Amos Elègbè reviendra un jour sur ses déclarations dangereuses pour la construction d’un Etat de droit. Ce qui est très important à retenir dans cette émission, c’est ce qui a été dit par Amos Elègbè au sujet du changement. Pour lui, le mal est profond et ce n’est pas en trois ans qu’on va changer l’économie. Il n’y a pas meilleure manière de reconnaître que le changement a échoué et ce n’est la peine de s’en prendre à Roger Gbègnonvi comme il l’a fait.
Triste constat
Ceux qui ont suivi hier l’émission animée par notre confrère Maxime Ahotondji sur les grands thèmes de l’entretien du Chef de l’Etat avec la presse en marge de la fête de l’indépendance sont tout simplement restés sur leur soif. Aucun des deux invités qui étaient sur le plateau n’a voulu reconnaître le mal rampant du changement. Et il est loisible de se demander ce à quoi ont servi les 36 ans que l’ex-ministre Amos Elègbè a passés dans l’administration. Abordant le sujet relatif à la hausse des prix de l’eau et de l’électricité, M. Amos Elègbè a plutôt retourné le tort aux cadres de la Soneb et de la Sbee alors qu’il est clairement établi comme lui-même l’a d’ailleurs dit que le gouvernement n’a aucune politique en matière énergétique et qu’il s’insère plutôt dans une politique commune de l’espace Cedeao. Qui nomme les cadres de la Sbee et de la Soneb ? Où était Amos Elègbè lorsque, en trois ans, la Sbee a connu plus de trois Directeurs ? Quelle politique énergétique et de rentabilité de la Sbee peut-on conduire dans ces conditions ? Voilà autant d’interrogations qui montrent que le mal est profond. Au sujet de la crise économique internationale qui n’a pas manqué d’affecter le Bénin, il faut avouer que le ministre Amos Elègbè qui voulait défendre coûte que coûte son fauteuil auprès de Boni Yayi a péché. Pour lui, la mécanisation pour laquelle le gouvernement a opté pour augmenter la production agricole et réduire la pauvreté est une bonne chose. Et pourtant, la réalité sur le terrain est là. Les machines acquises sans études préalables sont pour la plupart en panne. Les terres qu’elles doivent cultiver n’existent pratiquement pas. Si Amos Elègbè le dit au Chef de l’Etat, ce dernier ne va pas lui couper la tête. Mais hélas ! Il a choisi, malgré ses 36 ans d’expérience dans l’administration de faire comme les autres : applaudir le Chef même s’il se trompe.
Amos Elègbè joue aujourd’hui en grand défenseur du changement. Mais Hélas ! Au moment où il fallait tirer le marron du feu, Amos Elègbè n’était pas là. Il a choisi de faire d’autres aventures. Comme il a été récupéré par pitié par Boni Yayi, sa seule manière d’être reconnaissant, c’est de parler. D’où lui vient son inspiration ? La question mérite d’être posée car au moment où il a servi Soglo, il ne parlait pas. Sous Kérékou, il était à peine visible. Mais aujourd’hui, c’est lui le grand défenseur du changement. On le comprend. Mais de grâce, il faut qu’il parle comme un homme de science, surtout pour la postérité.
Affissou Anonrin