Rédigé le 10 août 2009 - Arimi CHOUBADE
Jamais maladie d’Etat n’a suscité telle unanimité. Plus personne ne se trompe désormais sur le mal de la gouvernance sous le Changement. Yayi lui-même ne dit pas autre chose que de constater que son affaire prend l’eau de toute part en plein mandat. La grossièreté de la marre infecte de la Cen-Sad a fait de tous les Béninois des experts en mauvaise gestion. Les aveux présidentiels aux consoeurs Annick Balley et Olga Kokodé au sujet de l’absence de maîtrise sur les grands dossiers. Une surprise ? Une confirmation plutôt de ce que tous les Béninois savaient déjà en observant quotidiennement les ballades de l’hélico présidentiel. En lieu et place d’un locataire constitutionnel corps présent, la Marina se contente d’un esprit qui illuminerait ses fonctionnaires prétendument imbus de la fameuse vision du chef à propos de l’émergence.
Le chef de l’Etat, version Changement, est absent de son bureau, du contact des grands dossiers et ne participe que sporadiquement au conseil des ministres. Je ne reprendrai pas le mot qui fâche depuis le passage de Houngbédji sur Canal 3. Normal que le président de la République ne soit pas « au courant » ou « informé » des extras de ses ministres. On ne peut s’attendre d’un voleur de milliards qu’il se dénonce à son chef à moins d’entériner la thèse de la complicité défendue par l’autre. Mais le scandale de la Cen-Sad et de bien d’autres connus ou encore inconnus fait apparaître tout le tort causé au pays par la désertion du palais présidentiel par son locataire. Il est déjà arrivé qu’un demandeur d’audience désespéré décide d’aller voler une entrevue à la va-vite avec le docteur-président au détour d’une pérégrination présidentielle après un parcourt à risque de centaines de kilomètre sur des routes défoncées. Il fut un temps où des diplomates européens se sont faits recevoir au domicile présidentiel à Parakou, 435 km de Cotonou. Ce fut l’époque de la célébration de l’hyper activité du guide éclairé emportant son pays de misère vers la croissance à deux chiffres, à bord de son hélicoptère.
Il y a certainement plus que les demandes d’audience en attente, les arbitrages politico administratifs en souffrance, les dysfonctionnements au sein du gouvernement et la cacophonie à la Marina. Personne ne s’est encore amusé à dresser un bilan des dégâts causés par les tensions répétées exercées sur le dispositif sécuritaire autour du chef de l’Etat lors de ces ballades retentissantes. Les fusillades consécutives à des jalonnements militaires improvisés et précipités ont coûté la vie à plusieurs Béninois avec des dommages collatéraux à évaluer. La sécurité du cortège présidentiel n’a pas de prix. Tant pis si des compatriotes doivent en mourir. Le député Wallis Zoumarou n’arrête pas de râler en vain contre chaque parade d’hélico présidentiel qui fait avaler des tonnes de poussière à ses frères de Djougou et environs.
Gbadamassi, avant de virer de bord, gueulait lui aussi contre les coûts de ces parades intempestives, et pour cause. Un déplacement du chef de l’Etat à bord d’hélicoptère mobilise plusieurs cortèges à la fois. Le premier s’occupe du déplacement depuis le domicile ou la présidence jusqu’à la station de l’appareil à l’aéroport de Cotonou. Mais avant, un autre cortège « blanc » s’ébranle vers la destination finale afin de récupérer le président de la République une fois son hélico au sol. On connaît la musique : frais de mission, carburant, équipes de reporters, bavures etc…. Sur le dos d’un contribuable pressuré et saigné à blanc. Pendant ces pérégrinations du capitaine, le gouvernail est sans maître. Comment s’étonner après qu’il ne soit pas « au courant » ou « informé » des égarements de l’équipage ?
Le palais est fait pour être occupé et non pour être hanté.