Pouvoir personnel
«Dans notre pays, la situation actuelle n’est donc pas une fatalité mais le résultat de l’action des animateurs de la vie publique que nous sommes», a avoué Bruno Amoussou dans son discours d’ouverture au 2e congrès ordinaire du Parti social démocrate (Psd), un discours qui mérite d’être mieux connu. Et il en déduit plus loin : «En 2011, nous solliciterons le peuple pour qu’il confie le pouvoir, non à un homme solitaire, mais à une équipe. Nous nous engagerons sur un Programme porté par un groupe qui garantit la pérennité et non une vision dont l’application dépend de l’humeur de son unique géniteur». Ses remarques expliquent certaines des causes politiques des difficultés de l’actuel pouvoir tout en indiquant les solutions envisagées par le Psd. Chez les politiciens de tous bords, le problème du pouvoir personnel au détriment de la force des principes est l’une de ces causes.
Par exemple, pour améliorer sa gestion, le pouvoir actuel peut-il ne pas remettre en cause sa conception du pouvoir conquis et géré par un homme, sans vraiment savoir s’entourer d’une équipe coordonnée et sans se doter d’une vision au sein de laquelle les idées et les principes sont plus forts que les «humeurs»? Or, le régime cherche la réélection sans cette profonde remise en cause.
De son côté, Bruno Amoussou dénonce avec justesse ce problème majeur, et veut le résoudre à partir des partis politiques. Or, est-il possible pour un parti comme le Psd de renouveler entièrement ses plus hautes instances dirigeantes sur la base d’une compétition des idées ? Le congrès ne nous permet pas de répondre par l’affirmative. Sans avoir fait leurs preuves au niveau de leurs partis respectifs, comment les G et F peuvent-ils le faire au niveau national ?
Vu le fléau du pouvoir personnel, qui s’engagent effectivement «sur un Programme porté par un groupe qui garantit la pérennité et non une vision dont l’application dépend de l’humeur de son unique géniteur» ? Le pouvoir personnel est le pire ennemi de notre avenir collectif, et curieusement aussi, des ambitions individuelles.
Abbé André S. Quenum
Source: La Croix du Bénin - 14/08/2009