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Bénin pauvre, émergents riches…

 

08 septembre 2009 - Par Arimi CHOUBADE

 


Les paradoxes sous le Changement. Il leur a fallu, aux émergents, moins de 3 ans pour mettre le trésor public dans un tel état que payer le moindre kopeck à un prestataire parait un exploit. Une sorte de cessation de paiement par rapport à la dette intérieure, mis à part les salaires qui connaissent néanmoins quelques jours de décalage. Il parait que c’est la crise économique. Lors de son passage télévisé le 1er août 2009, le docteur-président s’est longuement essayé à étaler le dos à cette fameuse conjoncture afin d’y poser tous les errements de son gouvernement. N’eut été cette subite malédiction, les Béninois ploieraient sous l’abondance et la félicité. Finalement le miracle n’a pas eu lieu et le Bénin promis à l’émergence économique au bout de 5 ans revient à la dure réalité, celle du pays pauvre avant Yayi au pouvoir et qui visiblement ne s’en sortira pas plus mieux en fin de mandat.

 

Ça c’est le Bénin. Qu’en est-il des émergents ? Leur patron continue de parader en hélico comme pour éviter de se souiller en circulant au travers de campagnes de désolation de misère. Le trésor que l’on dit anémié a su trouver le souffle nécessaire afin de supporter le décaissement de plusieurs milliards sur un avion présidentiel usager. La Cen-Sad, une cinquantaine de milliards, les machines agricoles, les trains usagers, la couverture télévisuelle, les tournées présidentielles et ministérielles. Le but de l’exercice n’est pas de faire l’inventaire des dépenses de prestiges et de propagande. Sans cela le régime aura perdu son âme puisque dépourvu de programme, de boussole avec une vision intransmissible au reste de la troupe parce que essentiellement chevillée au corps de son seul inspirateur c’est-à-dire le chef de l’Etat.

 

Mais le paradoxe lui-même n’a rien à voir avec la disparité entre les difficultés du trésor public et la facilité de dépense à la gloire du prince. C’est plutôt les émergents qui crèvent tous les écrans du pays à travers une prodigalité exceptionnelle. Personne n’a encore réussi à percer le mystère autour de la fortune des barons du régime et de leurs courtisans les plus zélés. Eux seuls sont en mesure d’égrener les réunions publiques dignes des campagnes électorales, week-end après week-end. Ces grandes messes au cours desquelles des libéralités sont distribuées à tour de bras. Des fonctionnaires qui ne sont ni héritier de grosses fortunes ni gagnant de « télé-million » dépensent dans des meetings de remerciement ou des marches de soutien avec une assurance et une arrogante décapantes.

 

Mais le mystère n’est pas si étanche que cela. Un peu de perspicacité et apparaît un système de captation de ressources publiques qui déroule son efficacité depuis avril 2006. Il consiste à installer à tous les postes de recettes des politiques acquis au Changement encore appelés « patriotes ». Leur champ de prédilection est la douane où ils apparaissent pour la première fois sur la scène publique. Tous les postes « juteux » pour eux ; des sortes de percepteurs non de la République mais du Changement. Pour leur donner bonne conscience, le pouvoir a sorti le joker des exonérations par lequel tous les opérateurs « émergents » peuvent faire passer toutes sortes de marchandises sans frais ou à peu de frais. Le dispositif ne se limite pas seulement aux entrées. A voir les ballets quotidiens des Directeurs des ressources financières et du matériel (Drfm) des ministères et des institutions sous contrôle dans les couloirs de la Marina, on comprend que les sorties de fonds n’échappent pas à la toile. Par un système de prospérité partagée, chaque émergent parvient ainsi à s’offrir les moyens de soutenir la campagne permanente.

 

Le rempilage a besoin d’argent et s’en procure là où il se trouve…

 



Tag(s) : #EDITORIAL
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