DERNIERES ELECTIONS LEGISLATIVES EN PAYS TCHABE (BENIN)

DERNIERES ELECTIONS LEGISLATIVES EN PAYS TCHABE (BENIN)

Ainsi donc, le vin est tiré. Et, malheureusement, il faut le boire!

Selon toute vraisemblance (en attendant la proclamation des résultats officiels par la Cour Constitutionnelle), le pays Tchabè ne disposera que d’UN SEUL DEPUTE au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo. Comme il y a cinq ans. Comme il y a dix ans. Certes, la Commune lauréate de l’heureux élu change, comme à chaque fois, mais le nombre reste intangible.

Si on voudrait être cynique, on dirait: tout ça pour ça ! Les descentes du locataire du Palais de la Marina n’auraient donc servi à rien. Si, à quelque chose: à mettre sur un pied d’égalité la minorité Mahi de OUESSE et la communauté TCHABE. Mieux, la Communauté Tchabè aura servi de marche-pied aux Mahis de chez nous de s’inviter, pour la toute première fois, au Palais des Gouverneurs. Humiliation suprême, les Tchabè furent positionnés derrière nos hôtes Mahis. Ce qui entérine, une fois encore, ce que nous considérions hier comme un outrage suprême aux populations de Kilibo: La nomination de Ouéssê comme Sous-Préfecture, au nez et à la barbe de Kilibo.

Alors qu’on nous promettait, ad augusta per angusta, on peut raisonnablement dire, aujourd’hui, que les descentes successives du Président Yayi Boni dans la région n’auront servi à rien. De toutes façons, un des nôtres auraient siégé à l’Assemblée Nationale.

Lorsqu’on revisite l’histoire politique de notre région, depuis le Renouveau Démocratique, on constate que cinq personnalités ont occupé des postes ministériels, sauf erreur ou omission de notre part:

- Rigobert LADIKPO (RB);

- Félix ADIMI (PSD);

- Amos ELEGBE (sans étiquette);

- John O. IGUE (Cap SURU);

- Rogatien BIAOU (MADEP).

La majorité de ces personnalités fût donc Ministre de part leur appartenance à des partis politiques minoritaires, voire très minoritaires chez nous. Le seul parti local, assez représentatif, n’a produit qu’un seul Ministre. Encore que, celui-ci, une fois nommé, a tout fait pour ne pas s’identifier au parti qui l’a désigné pour occuper le poste si convoité.

Les dernières élections législatives nous montrent que les deux premières place sont occupées par des personnes qui appartiennent à des partis non majoritaires en pays Tchabè. Le Premier sur la liste, Monsieur DEGLA Assouan Comlan, n’appartient à aucun parti majoritaire de chez nous. Le second de la liste, Monsieur Zacharie Chabi Félicien, appartient à un parti politique du nord.

En effet, il ne faut pas perdre de vue, que les candidats FCBE sont avant tout des personnes issues de partis politiques existants.

Alors que nous pouvions, légitimement, espérer deux Députés au Palais des Gouverneurs, nous n’en avons finalement qu’un seul. Un seul Député représentera la Région Tchabè. Ce qui est absurde.

Depuis le Renouveau Démocratique, les Hommes politiques de notre région se sont tournés, soit vers les grands partis du nord, soit vers les grands partis politiques du sud (comme on l’a vu pour les Ministres).

Aujourd’hui, tout Tchabè se doit de se poser la question cruciale qui vaille. Au niveau identitaire, sommes-nous plus proches des partis du nord ou des partis du sud?

Répondre à cette question suppose de résoudre un préalable. La question de la création d’un parti majoritaire chez nous. Eparpillés que nous sommes, tous les partis majoritaires se jouent des individus pour y venir faire leur marché. En effet, si nous étions unis, nous aurions un poids pour mieux négocier nos ralliements politiques. Les dernières élections législatives n’échappent pas à la règle. Avoir accepté de suivre le Primus inter pares, dans les conditions que l’on sait, ne garantit aucune stabilité politique durable dans la région.

Kilibo a déjà eu un Député. Savè a déjà eu un Député. Toui vient d’en avoir un. Dans cinq ans, Ikêmon, ou un autre, voudra que ce soit son tour. Trahit sua quelque voluptas !Tout cela, sans aucune base sérieuse de négociation de projets pour une dynamique régionale.

Pour gagner les batailles de demain, il faut commencer à les préparer dès aujourd’hui. Croire que, parce qu’un des nôtres est au palais de la Marina, notre région a désormais un alma parens serait une très grave erreur. C’est pourquoi, il est urgent de travailler, dès maintenant, à la création d’un grand parti régional qui aura pour vocation d’être le creuset de toutes les filles et de tous les fils Tchabè. Il est toujours bon de connaître ses forces avant d’aller affronter un loup. Mais, quoi qu’il en soit, le fil conducteur doit être l’intérêt supérieur de la région.

Vos réactions sont attendues.

Bien fraternellement,

Benoît ILLASSA