 Les Béninois de l’extérieur et nous Date: 25 July 2007 à 08:59:08 Sujet: Actualités « Diaspora béninoise ». « Béninois de l’extérieur ». Comme qui dirait, c’est du pareil au même. Le Bénin n’est pas qu’au Bénin et nos frères, nos sœurs avec lesquels nous partageons la même citoyenneté nationale, mais par-dessus tout le même amour du pays et pour le pays ont essaimé le vaste monde, marquant leur présence au quatre coins de la planète. On peut ne pas savoir très exactement où l’on va, poussé ou précipité que l’on est sur les routes plurielles du monde. Mais si l’on devait oublier les sentiers qui mènent chez soi, à sa maison, à son terroir, à sa terre, on serait un aliéné intégral, étymologiquement, celui qui est devenu étranger à lui-même, c’est-à-dire quelqu’un qui est atteint de trouble mental, pour tout dire, un fou. La diaspora béninoise, forte de trois millions d’âmes, n’est pas à envoyer dans un hôpital psychiatrique. Mais la diaspora béninoise est à renforcer et à accompagner au mieux dans son sentiment d’appartenance à une communauté nationale fière de ses fils et de ses filles devenus, sans accréditation il est vrai, ses meilleurs ambassadeurs auprès de tous les peuples de la terre. Parce que les Béninois de l’extérieur, à la différence de la plupart de leurs frères et sœurs des autres pays africains, sont à situer et à classer, en tant qu’émigrés, dans le haut de gamme. Ils sont, en effet, dans leur immense majorité, des gens hautement qualifiés, des cadres de haut niveau appartenant à toutes les branches socioprofessionnelles, de l’ingénieur au professeur, du médecin à l’architecte. Avant que, en France par exemple, l’immigration à la Sarkozy ne les choisisse, ces Béninois et ces Béninoises de l’extérieur ont choisi eux-mêmes leur patrie d’élection, inventant parfois une manière bien béninoise d’être citoyen du monde. Ce socle sentimental sur lequel la diaspora béninoise a prioritairement établi sa relation avec la mère patrie mérite d’être entretenu et d’être consolidé. Le cœur, dans les relations humaines, n’est jamais une donnée banale. Joseph Joubert le dit à sa façon (citation) : « La raison peut nous avertir de ce qu’il faut éviter, le cœur seul nous dit ce qu’il faut faire » (fin de citation). Et Dieu sait que nos frères et nos sœurs de l’extérieur rêvent de faire beaucoup pour leur pays. Ils rêvent d’abord d’un Bénin un peu à l’image des pays où ils ont choisi de poser leurs bagages de pèlerins sur les routes du monde. Ne dit-on pas que la maison, c’est là où nos pieds nous conduisent ? Il y a donc chez tous Béninois de l’extérieur une quête têtue du Bénin, un besoin inextinguible de la mère patrie, comme s’ils ne s’en étaient éloignés que pour mieux s’en rapprocher. Il faut rendre les Béninois de l’extérieur présents à leurs pays et tout devrait tenir pour eux en cette seule et unique proposition. Mais quoi faisant ? Des mots nous viennent, immédiatement, à l’esprit : organisation, représentation, participation, action de développement. L’un et l’autre mot s’additionnent et se complètent pour arrimer définitivement les Béninois de l’extérieur à leur pays, dans la complémentarité, la solidarité et la complicité des mains surgies de toutes parts autour de la jarre trouée. L’organisation appelle des structures opérationnelles pour gérer aussi bien les rêves, les visions, les aspirations, les ambitions des Béninois de l’extérieur, partout où ils se trouvent sur la surface de la terre. Nous aurons besoin de les recenser, de les approcher, de les accompagner. Peu importe que les structures pour ce faire prennent la dénomination d’un Haut Conseil des Béninois de l’extérieur ou portent les attributions d’un département ministériel. L’essentiel est de voir ces structures remplir au mieux leur mission, en enregistrant des résultats palpables et tangibles. La participation appelle tous les Béninois de l’extérieur, où qu’ils se trouvent dans le monde, à exercer leur devoir civique en désignant, à travers tous les scrutins, sans en excepter un seul, les représentants de l’Etat et de la nation. Ce qui corrigerait la formule actuelle. La plupart de nos frères et sœurs de l’extérieur ne s’y retrouvent pas tout à fait. Soit qu’ils ne sont pas consultés, comptant pour quantités négligeables. Soit qu’ils ne sont pas sollicités pour tous les scrutins, comptant pour des citoyens de seconde zone. La représentation appelle la présence effective de Béninois de l’extérieur dans les différentes institutions de l’Etat, du gouvernement à l’Assemblée nationale, du Conseil économique et sociale à la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication. Une telle représentation, par sa hauteur et sa qualité, renforcera le sentiment d’appartenance de la diaspora béninoise, qui, face aux affaires du pays, ne se sentira pas seulement concernée, mais impliquée. L’action de développement appelle des facilités, sans toutefois fausser le jeu de la libre entreprise, pour soutenir et promouvoir toute initiative de développement des Béninois de l’extérieur. Soit que, depuis leur pays d’accueil, ils veulent investir au Bénin. Soit que, au terme de leur séjour à l’étranger, ils veulent se refaire et se réaliser au Bénin. Le Bénin est partout présent dans le monde à travers les Béninois de l’extérieur. La distance ne saurait être un obstacle à l’unité des cœurs et des esprits. Les Béninois d’ici et d’ailleurs ont en partage le même pays, donc un immense patrimoine commun. Nous sommes d’une même famille, nous rappelle un proverbe malgache : fouillez la terre, c’est la même souche ; ramassez le tout, c’est la même corbeille. Jérôme Carlos La Chronique du jour du 25 juillet 2007 Jérôme Carlos La Chronique du jour du 25 juillet 2007 |