
Le président tchadien Idriss Deby Itno a accusé vendredi soir les membres de l'association d'avoir perpétré"un enlèvement pur et simple" des 103 enfants "récupérés" la veille par la police dans l'est du Tchad, alors qu'ils allaient embarquer dans un avion à destination de la France. Selon lui, les enfants "enlevés" ne sont pas orphelins, contrairement à ce qu'affirme l'association française, mais "ont leur père et leur mère". Ils allaient être emmenés en France "contre le gré de leurs parents", a insisté le président Deby qui a affirmé que les responsables de l'association arrêtés seront "sévèrement sanctionnés".
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"OPÉRATION MENÉE DE MANIÈRE CLANDESTINE"
Mais l'opération a également été vivement critiquée par l'Unicef et la secrétaire d'Etat française aux droits de l'homme, Rama Yade, qui ont jugé "illégale et irresponsable" cette tentative d'"enlèvement". Et selon le président d'Unicef-France, Jacques Hintzy, les premiers entretiens avec les enfants "laissent supposer qu'il y a peu d'orphelins" parmi eux.
Dès vendredi matin, dans le journal Le Parisien, Mme Yade expliquait que "le 22 juillet, toutes les ONG travaillant au Darfour qu' [elle] avait réunies, étaient unanimes pour condamner cette opération". Le ministère des affaires étrangères a annoncé qu'une enquête pénale était en cours à Paris. Cette procédure a été ouverte "dans le contexte d'une dénonciation laissant penser qu'une association allait se livrer à une activité d'intermédiaire dans le domaine de l'adoption sans autorisation", a-t-on indiqué de source judiciaire à Paris.
Vendredi soir sur France 2, la secrétaire d'Etat a par ailleurs assuré que les autorités françaises avaient "tout fait pour interdire, pour empêcher cette opération". "Après, ils l'ont menée de manière clandestine, sans avoir prévenu personne, sans l'aval des autorités", a-t-elle ajouté.
SOUPÇONNÉ "D'ENTREMISE À L'ADOPTION"
Selon l'AFP, le président de L'Arche de Zoé Eric Breteau a été entendu en août par la brigade de protection des mineurs dans ce cadre, soupçonné "d'entremise à l'adoption". Selon un autre membre de l'association, Christophe Letien, cité par l'AFP, il aurait été mis hors de cause. Ce dernier a tenté de plaider la cause de son organisation en assurant que l'opération projetée était une "action humanitaire d'urgence, et non un trafic d'enfants".
L'Arche de Zoé, a-t-il assuré, avait monté cette opération, baptisée "Children Rescue", afin de "sauver de la mort" des orphelins affectés par la guerre civile au Darfour et les faire "accueillir" par des familles. Il s'est vivement étonné du "revirement des autorités tchadiennes" qui, selon lui, avaient donné leur accord. Mais, le chef du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU au Soudan, Antoine Gérard, affirme que L'Arche de Zoé n'a "jamais été enregistrée" au Soudan.
Selon une source diplomatique à Paris citée par l'AFP, quelque 300 familles, principalement françaises, ont versé entre 2 800 et 6 000 euros pour recevoir un enfant du Darfour dans le cadre de cette opération.