Le Mali vient de faire un bond qualitatif dans la recherche de solutions durables à ses difficultés énergétiques et, pourquoi pas, à celles de toute la sous région ouest-africaine . La recette : la promotion du biocarburant à partir de la plante de pourghère. La transformation de ce produit en énergie et son utilisation à la place du gasoil font grand bruit à Bamako et dans les capitales ouest africaines au point que la question a commencé par aiguiser l’appétit des investisseurs potentiels. Le pourghère, un arbuste assez répandu dans le sud du Mali est essentiellement utilisé comme haie vive de protection ou de délimitation des parcelles. Il résiste bien à la sècheresse et ne nécessite aucun entretien particulier. Le pourghère peut commencer à produire en moins d’un an et atteindre sa pleine productivité en 3 ou 4 ans selon la nature du sol et le climat. La plante vieillit entre 30 et 40 ans. La superficie actuellement plantée en pourghère reste encore très faible, la promotion étant encore dans une phase expérimentale. Les haies vives s’étendent sur environ 17 000 km. La production de graine est estimée à environ 2 kg par mètre linéaire, soit un potentiel annuel de près de 700 tonnes par an. Les possibilités d’accroissement de la production nationale sont énormes, car toutes les parcelles impropres aux autres cultures peuvent être plantées en pourghère. De la graine de pourghère, on extrait une huile qui représente environ 30% du poids de la graine. Cette huile peut être utilisée comme carburant dans certains moteurs aux fins de motorisation. Il y a quelques deux années, les autorités maliennes ont lancé un programme de promotion de l’huile de pourghère comme combustible de substitution au gasoil dans le cadre d’un développement durable sans dégradation de l’environnement. Actuellement, les fruits semblent tenir la promesse des fleurs. Des générateurs à huile de pourghère permettent déjà l’alimentation en électricité de certains villages maliens et quelques moteurs de véhicules tournent déjà sous l’effet de ce combustible. A coté du biocarburant, le pourghère entre également dans la fabrication du savon. Les résidus de graines pressées servent aussi d’engrais pour fertiliser les sols.
Aller vers l’industrialisation
L’ambition des autorités maliennes est donc d’entamer la phase industrielle de la production de pourghère, qui reste jusqu’à présent à un stade artisanal, avec l’appui des partenaires privés. De ce fait, beaucoup d’investisseurs se bousculent déjà au portillon pour accroître la production de cette plante afin de la porter de 50 000 à 700 000 tonnes. Dans ce contexte de flambée du cours du pétrole sur le marché international où le débat au niveau mondial se focalise sur les énergies alternatives, l’expérience malienne devrait inspirer le gouvernement béninois. De retour du Brésil, le Chef de l’Etat malien avait annoncé son ambition de faire la promotion du biocarburant avec l’appui des opérateurs économiques brésiliens. Pour la matière première, le pourghère constitue une occasion à ne pas rater d’autant que la plante, semblet- il, serait adapté à tous les types de climat. Dans le cadre d’une coopération régionale, le Bénin devra donc s’inspirer de l’expérience malienne. A défaut d’innover, il faut tirer le meilleur de ce qui se fait dans les pays qui ont le même niveau de développement que nous mais qui arrive à trouver des solutions durables à des problèmes communs.