PROPOSITIONS POUR AMELIORER LA BALANCE COMMERCIALE DU BENIN
CONSTATS
CONSTATS
Les tableaux ci-dessous montrent à quel point la situation est grave et s'aggrave d'année en année. Nous couvrons à peine le tiers de nos importations par nos exportations. Chaque année, on nous demande d'exporter plus pour avoir des devises (du coton pour 80% de nos exportations) alors que dans le même temps nous achetons de plus en plus de la nourriture de base à peine transformée que nous pouvons produire sur place. Depuis plusieurs années, toute notre production cotonnière ne suffit pas pour couvrir nos importations de nourriture. Ce manque de qui en 2004 était de 5 milliards est passé à 52 milliards en 2005. Mais les orientations du gouvernement en place depuis avril 2006 ne semblent pas aller dans cette direction. Il préconise plutôt de vendre plus de coton, de s'endetter encore plus pour faire des stations balnéaires. Avec les résultats annoncés pour le coton, cet écart va croître en 2007.
Les dépenses énergétiques grimpent en flèche mais le constat est alarmant. Sur le terrain la qualité des services laisse à désirer. Et pourtant, l'on ne peut parler de développement sans ressources énergétiques fiables. Notre coton a à peine suffit à couvrir nos besoin en énergie en cette même année de 2004. Il n'est pas étonnant que nous soyons dépendant des dons et surtout des dettes qui ne cessent de croître malgré toutes les mesures prises. Cette recette qui consiste à vendre des produits bruts pour faire face à nos échéances financières a montré ses limites : nous nous appauvrissons d'avantage et notre balance commerciale devient de plus en plus déficitaire.
Il est temps de renverser cette tendance : IL FAUT MAINTENANT SATISFAIRE NOS BESOINS VITAUX PAR NOTRE PROPRE PRODUCTION.
PROPOSITIONS
Pour les produits alimentaires
Je rappelle que concernant la balance de 2003 la part de ce déficit causé par les échanges avec la France s'élève à 134 milliards de CFA dont plus de la moitié en produits agroalimentaires comme la viande de poulet que nous pouvons produire au Bénin. Il y a 4 ans, le Bénin avait augmenté le prix de revient des plâtres importés. Au final, cela a dopé la production de ce matériau sur le marché local. Pourquoi ne pas le faire pour le riz, les articles de friperies et les viandes congelées? Il n'y a pas à chercher loin car ce système de l'encouragement des importations profite soit directement à nos dirigeants soit indirectement par le biais de leurs amis très proches. Il faut prendre les mesures qu'il faut quand elles profitent au peuple et non attendre qu'elles profitent à un ami avant de les prendre.
Nous avons du coton, pourquoi ne pas favoriser l'établissement de structures pouvant transformer ce coton en habits et donner de vrais moyens aux industries déjà présentes pour qu'elles augmentent leur production au lieu de l'exporter et de le racheter sous forme de tissus ou d'articles de friperies plus tard ? Une mesure concernant les industries textiles a été annoncée il y a quelques semaines. De plus le 8 novembre dernier, l'importation par voie terrestre des huiles alimentaires a été décidée pour soulager les industries locales qui n'arrivaient pas à supporter la concurrence sous régionale.
Un poulet importé d'Europe déjà déplumé coûte en moyenne 800 FCA à Cotonou contre 1500 en moyenne pour un poulet local vivant. Il est impossible dans ces conditions de voir une quelconque industrie en la matière naître et prendre de l'envol.
Le Bénin produit actuellement à peine 40% de sa consommation de riz. Cette production est vendue principalement dans les zones de production et arrive difficilement sur le marché des grandes agglomérations. Dans le même temps le japon nous envoi du riz sous forme de don et ce riz est vendu principalement dans les zones de productions locales à un prix moitié moins cher que le riz local, autant dire qu'on tue le poussin dans l'œuf. Le riz importé est taxé de 5% au Bénin contre 100% au Nigéria. Le plus grave c'est que ce riz que nous importons provient de pays qui protègent leur production locale et subventionnent ce qu'ils exportent pour tuer la production locale des autres pays.
Face à cette situation de dépendance de l'extérieur, je propose, en plus des mesures de diversification pour améliorer les ressources d'exportation:
-Une forte taxation du riz importé pour que son prix d'entrée soit largement supérieur au riz local le plus cher
-Une forte taxation de la viande congelée importée
-Une forte taxation de la viande congelée importée
· La création par le Gouvernement de conditions favorables aux producteurs locaux de volaille et de riz
*L'intensification du soutien de l'Etat aux industries textiles en vue d'améliorer la qualité et de la diversification de leurs produits
Pour l'énergie
Il est judicieux de mettre en œuvre une politique d'indépendance au moins sur le plan de l'électricité. Investir dans ce domaine sera forcément rentable à long terme car le tarif ne dépendra pas des cours mondiaux comme c'est le cas actuellement pour nos produits d'exportation. Au-delà de cette rentabilité, il s'agit d'un secteur stratégique qui doit rester propriété de l'Etat. Malheureusement les promesses des précédents dirigeants, leurs actes et les promesses des nouveaux dirigeants envers le FMI vont dans le sens inverse.
Je propose que l'Etat investisse beaucoup dans ce secteur pour assurer notre indépendance et qu'il garde le contrôle absolu des sociétés d'eau et d'électricité.
REDUCTION DE LA PAUVRETE
Tous nos dirigeants parlent de réduire la pauvreté. Avant on parlait d'éradiquer la pauvreté ; les objectifs ont été revus à la baisse mais ce n'est qu'un détail. Comment parler de réduction de la pauvreté et de développement quand la satisfaction des besoins fondamentaux n'est pas assurée. Les factures d'eau et d'électricité ne cessent de grimper et l'Etat veux pourtant céder ce secteur à des privés. C'est à croire que tout ce qui se passe dans le monde avec la libéralisation du secteur énergétique (et pas seulement) leur est inconnu.
Il ne sert à rien de s'endetter pour une quelconque restructuration économique qui va créer de la croissance qui à son tour sera créateur d'emplois et de conditions de vie meilleures ; ce qui va réduire la pauvreté. Que c'est long. Depuis 20 ans qu'on parle de restructuration économique, de croissance pour réduire la pauvreté, la pauvreté n'a cessé de gagner du terrain. A quoi ça sert de prendre des milliards de dettes auprès de la banque mondiale pour faire la réforme de la filière coton alors qu'avec l'arrivée des fibres synthétiques sur le marché à moindres coûts, les tarifs internationaux de cette matière vont baisser et que nous n'aurons pas assez d'argent pour rembourser ces dettes ? Il faut savoir s'arrêter quand on ne sait où l'on va.
Les propositions ci-dessus énumérées et moins coûteuses que ce qui se fait actuellement généreront en un temps record plus d'emplois, plus de sécurité alimentaire et plus de satisfaction des besoins fondamentaux à moindre coût avant de vouloir parler de développement.
Géronim O.