Paul Simier - Journal de Montréal
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Le travail est exécuté à l'aide d'outils rudimentaires. | ![]() |
Jour après jour, ils répètent les mêmes gestes. Les plus jeunes, des adolescents, évident les troncs d'iroko déjà sectionnés. Les anciens se réservent les tâches les plus délicates. Ils taillent, polissent, sculptent, teignent et ajustent les tam-tams.
Adjara représente dans le sud du Bénin le haut lieu de fabrication des instruments de percussion. Tamtams, djembés, tambours d'aisselle, grands tambours de cérémonie vaudou, selon sa taille, chaque pièce de bois prend une forme différente et réserve un sort particulier à l'instrument.
Dans le quartier Aholouko, à Adjara, un village situé non loin de la frontière du Nigeria, à une dizaine de kilomètres au nord-est de Porto- Novo, capitale politique du Bénin, partout résonne le bruit sourd des outils frappant le bois.
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«Tous ceux qui sont aujourd'hui sculpteurs dans le quartier ont commencé avec moi», raconte-t-il.
À partir du bois brut d'iroko tronçonné arrivant du Nigeria voisin et de la peau de caprin ou d'antilope, tout est exécuté sur place, y compris les colliers et fixations métalliques que nécessitent certains types de percussion.
Le cousin du roiAvant de nous faire faire le tour du quartier, Albert prend bien soin d'aller s'habiller, revêtant le boubou taillé dans le tissu "officiel" qui fut choisi pour l'intronisation de l'actuel roi coutumier d'Adjara, avec lequel il est apparenté, précise-t-il.
Les ateliers du quartier sont de simples terrains vagues aux abords des habitations ou encore des espaces situés à l'ombre des murs d'enceinte des propriétés familiales.
Certains hommes travaillent seuls, d'autres, dotés d'une importante progéniture, répartissent les tâches entre chacun des membres du clan familial. Les outils de sculpteurs qui leur servent de ciseaux, d'herminettes et de gouges sont très rudimentaires et n'ont pas changé depuis des générations.
Comme l'atelier d'Albert et des siens est situé à même l'allée de terre rouge de latérite qui relie les habitations, les voisins s'arrêtent et, assis sur un banc ou une pièce d'iroko, s'engagent dans de longs palabres avec les artisans.
Amateurs et professionnelsCet après-midi-là, une jeune marchande installée à Cotonou avait fait le déplacement pour venir rencontrer ses fournisseurs.
Une partie de la production des instruments de percussion produits par le clan d'Albert Wavoheké est écoulée dans les quelques boutiques et au marché d'Adjara; l'autre trouve preneurs dans les boutiques de souvenirs de la métropole du Bénin, incontournable lieu de passage pour les touristes en quête de souvenirs symboliques.
Repères
- Adjara est située à 7 km au nord-est de Porto-Novo, capitale du Bénin. On s'y rend en zem (de zémidjan = emmène-moi vite, en langue fon), moto-taxi, pour environ 500 CFA (environ 1$).
- 30 km d'autoroute séparent Cotonou, la métropole, de Porto- Novo, la capitale. En taxi collectif, le voyage aller coûte environ 1$.
- À Porto-Novo: hôtel Bellevue, avec vue imprenable sur le lac Nokoué. Aucun changement n'y a été effectué depuis son ouverture il y a une trentaine d'années. Chambre double climatisée à 15500 CFA (environ 30$).
- Un restaurant agréable et une bonne table à Porto-Novo: Le Nokoué.
- Pour planifier un séjour au Bénin et en particulier chez les sculpteurs d'Adjara: Éric Djoua, guide touristique: ericas@hotmail.fr, 011 (229) 97-08-74-69 ou 90-08-14-85.
- Se rendre à Cotonou (Bénin): Royal Air Maroc, au départ de Montréal via Casablanca.
