Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

.
Courrier international - 22 févr. 2008
Article
MADAGASCAR - Les ambitions du maire d'Antananarivo
Sans expérience politique, l'entrepreneur Andry Rajoelina, surnommé TGV, a conquis à 33 ans la capitale malgache qui était jusque-là un bastion du régime. Sa réussite rappelle le parcours de l'intouchable président Marc Ravalomanana, dont il est désormais un rival affiché.
Courrier international : Novice en politique, vous avez battu le camp présidentiel dans son bastion. Qui êtes-vous, Andry Rajoelina ?

Andry Rajoelina :
A la base, je suis un chef d'entreprise. J'ai créé la société d'impression numérique et de panneaux publicitaires Injet, qui est numéro un dans son secteur. Début 2007, j'ai racheté une chaîne de télé et une station de radio qui s'appellent Viva. Ma radio, quand je l'ai acquise, était classée à la vingt-huitième place à "Tana" [Antananarivo]. Elle est désormais la plus écoutée. J'ai été aussi un organisateur d'événements et de spectacles, notamment de 1994 à 2000 avec les soirées Live, très appréciées des jeunes de Tana. En novembre 2007, j'ai présenté ma candidature à la mairie d'Antananarivo. J'ai été élu le 12 décembre avec 63 % des voix.

D'où vient votre surnom de "TGV", qui est aussi devenu le sigle de votre parti [Tanora Gasy Vonona – Jeunes Malgaches décidés] ?

Mon surnom est "Andry TGV", car j'ai pour habitude d'accélérer, de foncer. La rapidité est l'un de mes atouts. Dans mon parcours, c'est vrai que je n'ai pas connu d'échecs mais plutôt des obstacles, voire des difficultés. La clé de ma réussite, c'est de savoir oser.

Quel était l'objet de votre visite en France, qui a eu lieu du 6 au 13 février ?

L'objet de ma visite était de nouer des contacts avec la France et sa capitale. Je suis venu aussi pour rassurer nos partenaires – l'Association internationale des maires francophones (AIMF), la région Ile-de-France, la Mairie de Paris, l'Agence française de développement et Métropolis (association mondiale des grandes métropoles). Parmi les sujets dont il a été question, il y a la délocalisation du centre de traitement des déchets au nord-ouest de Tana, un projet de 20 millions d'euros. Il y a aussi la création d'une "banque des villes", destinée à financer les investissements urbains. Nous avons aussi mis en place ici en France le TGVE [Tanora Gasy Vonona Europe]. C'est une association qui regroupe surtout des jeunes diplômés prêts à aider le maire d'Antananarivo à relever ses défis, à servir de relais pour nos partenaires en Europe et aussi à nous conseiller.

Quels sont vos projets en 2008 ?

Nous nous concentrons surtout sur la création d'entreprises, l'instauration de cours municipaux gratuits ainsi que sur la sécurité, avec la création d'une force d'intervention spéciale composée de policiers armés.

Qu'entendez-vous par la modernisation de Tana ?

Il y a un projet d'informatisation de la mairie, qui facilitera notamment la délivrance des actes d'état civil. En matière de transport, on envisage d'installer petit à petit le tramway ; au niveau des infrastructures, d'installer sur 10 000 m2 à Analakely [artère centrale de la capitale] un centre commercial qui sera lui-même créateur d'emplois et qui devrait rapporter 60 millions d'ariary [22 100 euros] par mois et fera venir les investisseurs à Tana.

Comment comptez-vous faire, alors que les caisses municipales sont vides ?

C'est vrai que la situation financière est critique. Tana a une dette de 10 milliards d'ariary [3,68 millions d'euros]. Notre défi est d'augmenter de 40 % les recettes fiscales de la commune, notamment grâce à la perception de l'impôt foncier et des frais de délivrance de permis de construire etc. Actuellement, il y a beaucoup de fraudes et nous allons mettre un terme à cela. Nous voulons faire de Tana un modèle de bonne gouvernance. Dans le même esprit, les fokontany, les conseils de quartier, doivent reverser leurs revenus à la mairie. Pour cela, nous installons un représentant du maire dans chaque fokontany.

Etes vous concerné par le fameux MAP (Madagascar Action Plan) du président Ravalomanana, qui est devenu la feuille de route du développement pour le pays ?

La communauté urbaine d'Antananarivo n'est pas déconnectée du MAP, par exemple avec notre engagement pour la bonne gouvernance qui figure dans ce document. Mais la commune réalise ses engagements d'une autre façon. Par exemple à travers la publication des comptes de la ville ou encore avec le projet d'informatisation des services de la mairie. La CUA adhère au MAP, mais agit à sa façon.

Etes-vous prêt à encaisser les coups envoyés par le régime Ravalomanana ?

Je suis prêt à travailler avec tout le monde, et les embûches ne nous empêcheront pas d'avancer.

Quel est votre positionnement sur l'échiquier politique ?

Je suis un centriste. Je ne fais partie ni de la mouvance présidentielle, ni de l'opposition. Sur le plan idéologique, je suis capitaliste.
Propos recueillis par Philippe Randrianarimanana
 © Courrier international 2008 | ISSN de la publication électronique : 1768-3076    
Tag(s) : #Politique Béninoise
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :